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Well Walling Production présente
Combats comme un Homme

 

Un scénario de Sonia Loïs, avec :  

- Isabel Hardy : Anne Bonny (née Cormac)  

- Alec Lederman : Jack Rackham  

- Lou Courtenay : Mary/Willy Read  

- Bernd Donaldson : William Cormac  

 

 

 

Irlande, 1697  

 

Mary regardait pensivement le petit être qui tétait son sein. Voila deux jours que sa fille était née et elle se posait toujours les mêmes questions. Etait-ce vraiment la fille de son amant ? Probablement, car son époux légitime ne l’avait pas touchée pendant des semaines à la date supposée de la conception.  

"- Tu es bien certaine qu’il est de moi ?"" insista Stewart, son mari.  

"- Bien sûr, de qui veux-tu qu’il soit ?"  

Si on découvrait qu’elle avait donné naissance à la bâtarde de son maître, le procureur Cormac, ils auraient des ennuis tous les deux. Elle, la pauvre servante qui couche avec le noble qui l’employait, et lui, respectable homme de loi qui préférait engrosser sa lingère au lieu de faire un héritier à son épouse.  

"- Une fille, en plus… Tu n’aurais pas pu me faire un garçon, non ? C’est déjà assez contraignant comme ça…"  

"- Tu n’auras qu’à l’élever comme un garçon, si c’est la seule chose qui t’importe !" répliqua Mary avec mauvaise humeur.  

Ce n’était pas bien grave si sa fille devenait un garçon manqué. Ce ne serait qu’un mensonge parmi tant d’autres. La servante caressa les quelques cheveux sur la tête du bébé. Si le monde avait été meilleur, elle et William Cormac auraient pu se réjouir ensemble de cette naissance. Ils auraient pu s’aimer sans avoir à se cacher. Oui, si le monde avait été meilleur, les gens pourraient se marier par amour et les humains seraient égaux en droits.  

 

Charleston (Caroline du Sud), 1712  

 

"- Tavernier ! Du rhum !"  

Anne leva son verre pour appuyer l’ordre de son compagnon.  

"- Et du bon !" cria-t-elle à l’adresse du chef d’établissement. "Pas le jus de pied que tu nous sers d’habitude !"  

Le maître d’armes de la jeune Anne Cormac observait son élève du fond de la taverne. Comment la fille d’un couple aussi respectable que William et Mary Cormac pouvait être aussi dévergondée ? Mal habillée, les cheveux mal coupés, elle ressemblait à un garçon. Ses vêtements informes cachaient presque son corps déjà bien formé pour celui d’une gamine de quinze ans. Un boucanier de mauvais genre avait d’ailleurs le nez plongé dans sa poitrine pendant qu’elle buvait son rhum avec une descente de marin.  

Richard Bradey, lui, détestait ce genre d’établissements, mais William Cormac s’inquiétait pour sa fille et c’était évidemment au maître d’armes qu’on avait confié la tâche ingrate de surveiller les fréquentations de l’adolescente. Et quand il voyait ce qu’Anne faisait, il avait de la peine pour les parents.  

William Cormac avait été exilé de chez lui pour avoir fait un enfant à sa servante. Lui et sa maîtresse avaient du se réfugier à Charleston pour avoir la chance d’élever ensemble l’enfant bâtarde qu’ils avaient eue et qui avait causé leur déchéance. Mais la petite Cormac se fichait visiblement de tout ce qu’avaient vécu ses parents pour elle et foutait sa vie en l’air à coups de rhum et d’hommes peu vertueux.  

Bradey se leva d’un bond quand le boucanier entreprit de remonter la tunique d’Anne en la basculant un peu sur le comptoir. Ce porc n’allait tout de même pas la prendre en plein milieu de ce taudis ! Et elle ! Pourquoi se laissait-elle faire ? Le maître d’armes attrapa l’homme par le col de sa chemise sale et le sépara de sa protégée. Des deux jeunes gens, Anne fut la plus révoltée par cette intervention.  

"- Vous ? Mais c’est pas possible, qu’est-ce que vous faites encore dans mes pattes ?"  

"– Demoiselle Cormac, votre père et moi-même apprécierions…"  

"– Foutez-moi donc la paix avec ce que veux mon père !"  

"– Mademoiselle…"  

"– Et vous, ayez le bon sens d’arrêter de vous mêler de ma vie !"  

Las de l’insolence de son élève, Bradey dégaina la rapière qu’il portait toujours à la ceinture et la pointa sur la poitrine d’Anne, qui, en bonne adolescente leva les yeux au ciel en soupirant. Certains des clients s’écartaient, mais d’autres, bien éméchés, riaient grassement en encourageant le spectacle. L’esprit attaqué par l’alcool, Anne Cormac sourit et se mit nonchalamment en face de son maître d’armes.  

"- Suivez-moi et rentrons chez votre père."  

"– Vous voulez vous donner en spectacle, Maître ?"  

"– Entendez raison et suivez-moi, vous avez bu et…"  

Avec des mouvements souples mais maladroits, Anne s’adossa au comptoir, appuya ses coudes dessus et se hissa avec la grâce d’une acrobate. Une fois debout sur son perchoir, elle dégaina sa rapière à son tour et partit dans un éclat de rire qui en disait long sur son ébriété. Bien décidé à se faire respecter, Richard Bradey sauta sur le comptoir et se mit en garde.  

Anne attaqua la première. Le rhum l’avait rendue inconsciente, ses attaques n’avaient donc aucune logique et elle prenait des risques inconsidérés à chaque fois qu’elle tentait de frapper. Tout cela la rendait étonnamment dangereuse. De plus, elle avait toujours été bagarreuse et particulièrement douée au combat. Au départ, Bradey eut peur de la blesser et resta doux. La chance permit à Anne de toucher juste et ainsi faire sauter le premier bouton de la chemise de son maître.  

Des acclamations ravies s’élevèrent de la taverne et firent glousser la fille Cormac comme une ivrogne. Galvanisée par ses camarades de beuverie, Anne redoubla d’énergie et s’amusa à faire étalage de ses meilleures techniques, sans se priver d’ajouter des fioritures qui rendaient ses coups plus impressionnants qu’ils ne l’étaient réellement. Ne sachant pas sur quel pied danser et mal à l’aise sur le comptoir irrégulier collant d’alcool de mauvaise qualité, Richard Bradey se faisait dominer, bouillonnant de rage de subir une telle humiliation devant tous ces pochtrons.  

Plus la colère l’aveuglait, plus Anne jubilait. Alors qu’il devenait maladroit, son élève devenait écrasante de supériorité. Le deuxième bouton de la chemise de Bradey sauta et le troisième suivit bientôt. Il voulut se venger mais sa précipitation ne fit que donner un avantage supplémentaire à l’adolescente. Une poignée de minutes plus tard, Anne Cormac avait fait disparaître tous les boutons de la chemise du maître d’armes, et en un dernier coup, elle le délesta de sa chemise. Les clients applaudirent bruyamment la performance. Anne s’inclina telle une artiste et termina le combat en assénant un coup de pied peu féminin dans la poitrine de Bradey pour le faire tomber du comptoir.  

Humilié, déshabillé et le cul trempant dans une flaque suspecte, Richard Bradey lâcha son épée et cracha à terre.  

"- Votre père sera informé de votre conduite ! Vous pouvez être sûre que…"  

"– Allez au diable, vous et mon père ! Et par la même, dites-lui que je n’épouserai pas Edward Stone !"  

"– Quoi ?! Vous rendez-vous seulement compte qu’il est le seul brave homme à avoir accepté d’épouser une fille qui pose autant de problèmes ? Si vous décidez de l’éconduire, aucun homme respectable ne voudra plus de vous !"  

"– Je me fiche des hommes respectables. J’épouserai un marin. Plutôt mourir que de passer ma vie avec un commerçant comme Stone, je désire une vie d’aventure !"  

"– Un marin ! Anne, vous n’y pensez pas, tous les marins de la ville s’adonnent à la piraterie, et…"  

"– Et bien je serai pirate moi aussi !" s’écria Anne en sautant du comptoir. "Tavernier, du rhum, encore du rhum ! L’élève a battu le maître, c’est la fête !"  

 

Richard Bradey quitta la taverne ventre à terre. Il devait prévenir William Cormac que sa fille devenait une vraie garce inconsciente. Une fille née d’un homme de si bonne situation et élevée dans l’amour envers et contre tout n’avait pas à gâcher sa vie ainsi. Pirate ? Absurde ! Comment pouvait-elle désirer une vie aussi infâme ? Comment une femme pouvait-elle seulement espérer survivre dans un tel monde d’homme ? Absurde, se répétait Bradey en se hâtant vers l’immense propriété des Cormac. Complètement absurde.  

Scénario : (2 commentaires)
une série B historique (Action) de Sergiot

Alec Lederman

Isabel Hardy

Bernd Donaldson

Lou Courtenay
Musique par Tracy Tasz
Sorti le 19 décembre 2020 (Semaine 833)
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