1436 - Palais des Oba du Bénin  

"... et avec cette dague d'ivoire, je t'offre la force de combattre les démons afin de rejoindre le Royaume des Anciens Rois..." évoquait de manière solennelle la voix d'un jeune homme qui déposait le précieux objet entre les mains inertes du corps qui se trouvait devant lui. Ce corps appartenait à celui qu'on pouvait nommer hier encore "Oba", le Roi des Terres Utke qui s'étendent de la mer jusqu'à la fin de la grande forêt. Un royaume qu'il lègue instable et en proie à une profonde rébellion à ses fils.  

Ogun (Justin Forsey), le fils aîné, avait par tradition la tâche importante d'escorter et de prier après la mort de son père afin de l'accompagner dans son sommeil et son combat éternel. Il le remerciait ainsi d'avoir vécu, d'avoir combattu et de l'avoir aidé durant sa vie, mais il le remerciait aussi pour les précieux conseils qu'il offrirait à son fils après sa mort.  

Car il était effectivement le fils aîné et, de ce fait, l'héritier du trône. Celui qui serait normalement désigné comme nouvel Oba par l'Edion'isen, le conseil des Faiseurs de Rois. Un conseil archaïque qui était composé aux yeux d'Ogun par les mauvaises personnes. Tous imbus de leur personne, à la recherche du pouvoir et incroyablement corruptible. Cependant l'heure n'était pas aux conflits internes, l'heure était à la famille. Car des trois fils, il n'en restait plus que deux : Ogun et Uwaifiokun (Daryl Emerson). Leurs traits étaient forts de la personnalité de leur père, pourtant en ses moments éprouvants pour Ogun, Uwaifiokun semblait bien apaisé. La sagesse de son père, sûrement.  

Dans un dernier remerciement, Ogun annonca qu'il honorerait par son nom et son reigne ce qu'était son père...  

"Suffit ! Vous n'êtes pas encore Oba " trancha Pakna (Stanley Jezek) le conseille le plus influant de l'Edion'isen. C'était en effet à eux de trancher et cette intervention rappella avec dégoût la situation dans laquelle son père venait de mourrir. Une véritable rébellion qui se passe au coeur même du palais. Ces hommes corrompus et avides de pouvoirs veulent assurémment évincer Ogun du pouvoir. Cependant, il avait fait une promesse à l'instant à son père, et il n'ira pas à son encontre.  

"Je deviendrais le nouvel Oba et le peuple m'acclamera, je porterais le pays en érégie et je..." commença fièrement Ogun que fit de novueau taire le conseiller. Ce conseiller qui, a l'heure actuelle, était le seul à détenir les pouvoirs et pouvait les léguer à qui il l'entendait au risque de provoquer d'effroyables représailles.  

Le jeune prince était pourtant loin d'imaginer le complot qui se préparait, mais il avait conscience que le danger était présent et que la mort ne tarderait pas à frapper de nouveau. Il lui était impossible pour lui et son frère de rester au palais. La fuite semblait inévitable...  

Trois ans plus tard, aux abords de la capitale  

"Il faut que tu y ailles Uwai..." supplait Ogun à son frère cadet. Ce diminutif, il était le seul à l'utiliser et Uwaifiokun ne pouvait pas lui dire non. Les révoltes s'étaient intensifiées après leur fuite mais l'Edion'isen semblait avoir repris le contrôle dans la capitale. Cependant, les deux princes avaient beaucoup entendu parler d'eux et des espoirs que la population leur portait.  

"Ils veulent nous revoir, le peuple nous attend sur le trône Uwai, et j'ai besoin de tes talents de discrétion pour t'en assurer."  

Même si Uwaifiokun feignait la peur, le palais luxueux lui manquait et il rêvait de le revoir. Ogun n'avait pas besoin de le convaincre d'avantage, mais il aimait l'entendre le flatter. Après tout, il le méritait bien. C'est bien ce qu'avait révélé l'un des conseills de l'Edion'isen : s'il fallait un Oba, ce serait lui, Uwaifiokun !  

Il était temps de mettre au clair cette histoire et c'était une aubaine pour le prince qu'attendait l'Edion'isen. A peine arrivé devant le palais, il fut accueilli en Oba et fut traité comme tel, si bien que le soir même il le devint.  

"Plus de pouvoir, de luxe, le droit de vie ou de mort, voilà votre rôle Oba Uwaifiokun" susurrait le conseiller qui se languissait de voir son pantin revenir de lui-même à la maison.  

Cette trahison fut un véritable choc pour Ogun. Le petit frère qu'il avait élevé venait de lui prendre perfidement son trône. L'Edion'isen et son conseiller principal avaient tout planifié afin de prendre le contrôle d'une manière que le peuple légitimerait.  

"... et comment le légitimer si ce n'est en annoncant la mort du prince Ogun, ma mort !" harranguait-il sur la place de commerce non loin du palais "Brandissez vos lances et vos sagaies et lavons cet affront avant que les Anciens Rois ne soient en colère !"  

Une chose était sûr, il avait la science des mots. Mais malheureusement si une poignée d'hommes le suivirent vers le palais, la garde royale était fidèle à l'Oba... légitime ou pas.  

Une fois encore, pour tenir la promesse qu'il avait faite envers son père, il lui fallait fuir... Il était désormais traqué par son propre frère qui trouva un excellent moyen de légitimer cette traque. Il s'agissait de la "Purge du Sang", un décret qui ordonnait aux troupes de piller les villages du royaume, de saccager les fermes et torturer les villageois afin que seuls les dignes survivent, seuls ceux dont le Sang aura été béni par les anciens rois.  

Durant sa fuite, Ogun fera une rencontre surprenante. Azuwa (Mathurin Cynthia), divinatrice et chamane du village dans lequel il venait de se cacher. Elle était aveugle et pourtant lorsqu'il la croisa, elle se mit à genoux et le salua tel que le rang d'Oba l'exigeait, car elle "savait" qui il était.  

"Vous êtes celui que le peuple acclamera, idolera, celui qui a été élu. Celui qui a été trompé... Les guerriers anciens et les dieux de nos terres sont enragés devant cette injustice. Mais il te faudra passer par trois rencontres pour retrouver ton trône." déclarait-elle lors de cette rencontre.  

Une femme enceinte, un chasseur de gibier et l'arbre divin de la capitale. Il connaissait pourtant la capitale mais il n'avait jamais entendu parler d'un arbre divin.  

Même si cette rencontre fut éphémère, ces paroles le hantèrent...  

De villages en villages, de fuites en fuites...  

Chassé par les forces armées de l'Oba, il se réfugia de village en village où il finit par rencontrer une femme enceinte (Eileen Chattaway) qui s'effondra en larme à ses pieds, priant les dieux de l'épargner et de faire revenir le prince Ogun, celui-là même qui se trouvait face à elle qui ne semblait pas l'avoir reconnu. Il vint à son secours et même à celui du peuple de cette femme qu'on appellait les Ubini. Ils semblaient être les seuls à espérer le retour du prince que tout le monde disait mort.  

Cette femme enceinte rappella les prédictions qu'il tenta pourtant d'effacer. Et c'est une nouvelle rencontre qui les lui réveilla quelques jours plus tard. Un chasseur Ubini (Robert Chaplure) vint à sa rencontre et lui cracha au visage. "Par ta faute et ton absence, les dieux et les ancêtres se vengent sur notre peuple, que pouvons-nous faire ? Que peux-tu faire ?!"  

Ce que ce chasseur venait de faire, il aurait pu le voir comme une insulte. Pourtant il en comprit le cri d'un homme blessé, appeuré et qui ne demandait qu'à voir son véritable Oba prendre ses responsabilités. Les prédictions d'Azuwa étaient justes. Mais il ne saisissait toujours pas la dernière prédiction. Il avait pourtant appris chez les Ubini que l'arbre divin était un dieu, le dieu des dieux, le dieu de la renaissance. Il était temps de prendre ses responsabilités et se rendre à la capitale afin de rencontrer ce dieu et faire renaitre la gloire du royaume.  

Les gens qu'il venait de rencontrer étaient prêts à l'aider, alors comme tout dirigeant il fit des promesses. Des promesses d'expansion, de croissance, de meilleures vies, de puissance. Le peuple, abreuvé par ces mots accepta de l'aider et se prépara à une bataille farouche en direction de la capitale. Cependant, Ogun n'était pas satisfait et leur fit alors une demande.  

"Je ne suis pas le Prince ogun, je suis votre Oba, quel nom souhaitez-vous donner à votre Oba ?"  

La foule se tut et les gens se regardèrent sans comprendre la question. Et c'est une voix qu'Ogun reconnu qui se mit en avant.  

"Je t'appellerais Ewuare ! Du nom de l'arbre divin, l'arbre de vie et de renaissance" cria le chasseur qui lui avait quelques jours plus tôt craché au visage. Un nom qui fut bientôt scandé par la foule assemblée. Un nouvel Oba naquit, Oba Ewuare.