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Implosion amoureuse

De grandes cernes sous des yeux rougis par les vaisseaux sanguins imbibés par une fatigue anormale et inconnue. Une bouche dont les commissures des lèvres n'étaient plus remontées depuis plusieurs mois maintenant. Marc Patissier (Horacio Corner) n'était pas rassuré par la mine grise qu'il tirait, sa peau en prenait les teintes au fil du temps et ce malgré lui. Tout n'était devenu que simple réflexe conditionné dans sa vie modeste. Il était 6h15 du matin, l'heure de mettre la pâte de dentifrice sur sa brosse à dent et commencer à frotter ces dents sans grande conviction. Après ça il prendrait un bol de céréale, une banane et un jus de fruit.  

 

C'était le plus important, le jus de fruit, car celui-ci s'accompagnait des différents comprimés qu'il devait ingérer. Ces petites pillules étaient là pour lui sauver la vie et lui permettre de vivre normalement dans cette société. Il connaissait parfaitement les maux qui le touchaient et l'amenaient à avoir d'étranges pensées de rebellion, mais aussi parfois des angoisses, des soubresauts nerveux. Il en venait même parfois à simplement vouloir s'énerver pour hurler, pour avoir le prétexte d'exprimer ce qu'il ressentait au fond de lui. Ce profond désespoir de ne plus vivre mais de n'être qu'un corps en mouvement guidé par des réflexes. Or, pour y parvenir, il lui faudrait prendre une décision grave.  

 

Comme chaque matin, il portait les trois comprimés dans sa main et les fixait du regard, tenant son verre de jus d'ananas dans l'autre main. Il connaissait l'effet positif de chaque comprimés, mais aussi leur effet négatif. Le principal était son comprimé anti-épilleptique. C'était celui qu'il ne devait surtout pas oublier de prendre à moins d'être certain de plonger dans une crise épilleptique à tout moment. Cet inhibiteur permettait d'atténuer les communications neuronales des zones à risque épilleptique. Le souci, c'est que ça transformait également le comportement de Marc en une forme de zombie. Son cerveau trop actif avait décidé de se montrer également efficacement combattif, ce qui provoqua une grande majorité des effets secondaires redoutés avec ce médicament. Malheureusement pour Marc, l'activité électrique entre ses neurones était bien trop intense pour songer à tester un autre médicament ou se risquer à l'arrêt du traitement. Il lui était vital de le continuer. Du moins, c'est ce que ses médecins avaient dits et dans l'état semi-végétatif de Marc, celui-ci s'est contenté d'acquiéscer tout comme il a acquiéscé quand on lui a demandé combien faisaient deux plus deux.  

 

Cela avait commencé par la dépersonnalisation, rien de trop grave dirons certains médecins car effectivement cela n'affecte pas l'environnement social de l'individu, mais juste l'individu. Le problème est qu'à cela s'était ajouté une forme de schizophrénie auto-destructrice. Et là, évidemment, c'était un problème.  

Comme pour tout problème, le corps médical proposa une solution à Marc. Un traitement contre la schizophrénie, ce qui ne rendait certainement pas Marc plus lucide mais encore mieux conditionné dans un schéma de corps en mouvement au détriment d'un esprit inerte.  

 

A partir de ce moment là, il ne remarquait plus ses autres symptômes et s'était confronté à une véritable simplification de son mode de vie par une structuration stricte de celui-ci. Ce n'en était pas obsessionnel mais nécessaire au bon fonctionnement de ses journées. Et au moins comme ça, il n'avait pas besoin d'essayer de penser ou réfléchir. Il ne lui était pas nécessaire d'effectuer le moindre écart à son code de conduite non plus, tout était parfaitement prévu de sorte qu'il n'ait pas de décision à prendre.  

 

Sans nul doute, son problème de dépersonnalisation s'était suffisamment amplifié pour être lui-même inhibé par le médicament contre la schizophrénie. Marc n'avait donc plus réellement de personnalité et ne cherchait plus à l'affirmer. Il n'avait aucun désir de reconnaissance et encore moins envie de connaître les raisons pour lesquelles il existait. Ce qui l'importait était de pouvoir partir après son petit déjeuner pour le travail, faire les tâches administratives qu'on l'invitait à exécuter pour finalement terminer sa journée chez lui au calme devant la télévision. Il la regarderait jusque 22 heures puis irait se coucher.  

 

Calculé, structuré, ordonné, seul les personnes extérieures pouvaient contrer cela... Et dans ces personnes extérieures, il y avait notamment le corps médical, ou plutôt son nouveau médecin. Apparemment, celui-ci s'intéressait beaucoup au cas qu'était Marc et lui avait préscrit un nouveau médicament. Encore un... D'après le médecin, il s'agirait d'une forme d'anti-dépresseur qui lui permettrait de fluidifier les transmissions neuronales afin de régler le problème à la source. Tout d'abord, cela pourrait régler peu à peu les effets secondaires de l'épillepsie, et puis s'il s'avère que la théorie du Docteur Krevler (Rebecca Hess) était exacte – c'est ainsi que se nommait le médecin – ce seul médicament pourrait à terme réduire drastiquement les risques épilleptiques de Marc, remplacer le traitement initial... Il était même envisagé que Marc puisse un jour être lui-même de nouveau, et sans comprimé.  

 

Marc ne pensait rien de cette idée, cela faisait déjà plusieurs mois qu'il ne pensait plus vraiment. Mais d'après Jessica, c'était une bonne idée.  

 

Jessica (Stephanie Baxter), c'était la voisine de pallier de Marc. Au fil des mois elle avait appris à le connaître si bien qu'elle en était venue à éprouver des sentiments pour lui. Quelle mauvaise idée elle eut là, mais en réalité elle n'est pas tombée amoureuse du jeune homme inerte qu'elle revoyait chaque matin pour aller travailler. Non, c'est son passé dont elle s'était éprise, un passé découvert dans des caisses et des cartons cachés aux divers recoins du petit appartement de Marc. Elle aurait préféré ne pas découvrir ce qui se cachait sous le faciès inexpressif de Marc. Des souvenirs de sa perdonnalité enfouis dans ces cartons. Des lettres, des mots d'amour, des poèmes, des textes, des essais, des romans inachevés. Tant de beauté refoulée par une médication qu'elle jugeait bien trop excéssive.  

Alors à sa manière elle tentait tant bien que mal de l'aider à s'en sortir, lui préparant de temps en temps quelques petits plats. Elle était là lorsqu'il tombait sur un imprévu dans la vie. Mais elle désirait tant devenir cet imprévu qui couvrirait Marc d'un amour insatiable.  

 

Elle savait que ce ne serait pas encore pour tout de suite mais elle gardait l'espoir de voir un jour la lueur de l'artiste tinter dans le regard du jeune homme, de ce bel et intriguant voisin de pallier.  

 

Dans le train, elle lui parlait de ses histoires, de ses rêves et de ses passions. Elle disait aimer l'écriture et la poésie. Marc se souvenait que lui aussi appréciait tout ça avant. Maintenant, ce n'était que superflu et propos sans saveurs. Il aurait très bien pu la tolérer d'avantage à parler de la sorte, mais s'ils avaient le même trajet, ils n'en avaient pas le même emploi.  

Il prit alors la route vers ses bureaux, sur le court chemin, il pensa à la discussion qu'il venait d'avoir. Et jusqu'à s'asseoir à son bureau quelque chose l'intriguait, il y avait une anormalité dans son code de conduite. Que lui arrivait-il ?  

Cette réalité apparut au même instant que le logo windows apparaissait sur l'écran de son ordinateur.  

Il avait pensé, il avait douté, il s'est même inquiété. Voilà qui annoncait une journée différente, sûrement effrayante.  

 

 

 

Une semaine plus tard  

 

Jessica était épuisée, une journée forte en émotion et en pression venant des supérieurs et en plus Marc n’est pas sorti de chez lui au matin ; sûrement malade. Elle avait sans cesse été rabaissée et en entrant dans le train, tout ce qu'elle espérait fut de pouvoir disparaitre dans un profond sommeil. Il ne lui fallait que ses écouteurs pour s'isoler et une banquette. Cependant, malgré ce maigre besoin, quelque chose parvenait à l'ennuyer, une texture sous ses fesses qui lui déplaisait.  

Elle se souleva et tira sur le bout de papier jaune laissé là, c'était un post-it. Sur le point de le chiffonner pour le jeter par réflexe, elle tomba sur les quelques mots écrits dessus.  

« Vous êtes beaux et je vous aime. »  

Des premiers mots directs, intenses et qui l'empéchèrent de jeter le post-it. Après tout, c'était agréable d'imaginer que ça lui soit destiné. Des mots comme ça à l'envolée, c'était amusant et poétique. Un peu de couleur et de surprise.  

 

« Vous êtes beaux et je vous aime.  

Oui, vous qui lirez ces mots, votre sourire est un soleil rougeoyant dans un ciel azuré. Reprenez votre vie en main avant que vous n'en subissiez les desseins. Et si la journée vous pèse, laissez votre esprit s'évader hors du temps et hors du monde ! »  

 

Jessica avait l'impression de connaître cette écriture. Et comme le texte lui avait plu, elle se contenta de le recoller sur la tablette pour qu'il puisse être lu par quelqu'un d'autre. Et tout en le faisant, elle réalisa que d'autres post-its avaient été collés ça et là dans le wagon.  

 

Apparemment, d'autres personnes l'avaient remarqué et s'étaient levés pour les lire. Elle alla les rejoindre, des inconnus réunis autour de quelques mots, ça avait quelque chose de beau. D'ailleurs, ils en allaient tous de leurs petits commentaires, commençant à en discuter et amenant de plus en plus de voyageurs à s'intéresser à ces petits papiers jaunes. Bientôt c'est par groupe que les voyageurs circulaient dans les wagons pour suivre différents chemins, c'est comme s'il s'agissait d'un cheminement de mots placés à bien des endroits.  

- Excusez-moi, pourriez-vous lire ce message pour moi ? Avec mes vieux yeux vous savez...  

- Bien sûr, avec plaisir !  

Jessica ne savait pas qui était à l'initiative de tout ça, c'était sûrement une action solidaire, en tout cas celle-ci fonctionnait bien. Contrairement à leurs habitudes, les voyageurs en venaient à discuter entre eux, à faire acte de vie sociale. Ils ne s'isolaient plus dans les différents gadgets technologiques dont ils s'équipaient comme une armure moderne face au combat contemporain.  

 

Quand à elle, quelque chose la perturbait. Plus elle les lisait et plus cette écriture lui rappellait une autre. On aurait dit les poèmes de Marc, les petits mots qu'il avait écrit autrefois. Cette idée l'amusait mais de toute évidence il était impossible qu'il soit sorti de chez lui avec ses problèmes médicaux.  

 

L'agitation continuait à battre son plein tandis que le train avancait, même le contrôleur de train y avait pris part en apportant un post-it que l'inconnu avait réussi à placer dans son compartiment privé. Intinct gréguerre ou sentiment collectif, ca n'en restait pas moins merveilleux aux yeux de Jessica tout comme à ceux d'autres voyageurs. Mais elle ne pourrait pas y participer longtemps, son arrêt était annoncé et elle retrouverait les briques rouges de sa ville chérie.  

Quelques voyageurs, en descendant en même temps qu'elle, continuait à parler de tout ça et exécutaient mêmes certains conseils.  

- C'est fou toutes ces couleurs, on les voit tous les jours et pourtant on ne les remarque plus. Indiquait un homme en pointant le soleil cochant qui offrait une multitude de couleurs.  

Jessica en souriait, elle les connaissait bien ces couleurs puisqu'elle n'avait jamais oublié de les observer. Cela dit, elle attirait son attention sur d'autres détails. Sans le savoir réellement, ses yeux épiaient tous les recoins pour localiser de potentiels post-its. Elle le remarqua à un moment et se ressaisit, se disant que ca ne devait pas en devenir une lubie. Il était temps de rentrer et voir comment Marc se portait...  

- Regardez, il y en a là aussi ! S'exclama alors un des voyageurs de son train.  

Elle se figea aussitôt. S'il y avait un post-it ici, c'est qu'il y avait de fortes chances de trouver cet inconnu dans cet ville... Et Jessica ne croyait pas tant que ça aux coïncidences.  

Elle pressa alors le pas en direction de chez elle, en passant à côté de quelques arrêts de bus elle découvrit d'autres post-it. Non, ce n'était pas possible, c'était sûrement une action généralisée dans toutes les villes. Une action solidaire stupéfiante en tout cas. On en parlerait aux informations, ça pourrait plaire à Marc.  

 

Inconsciemment, elle se disait que si la proportion de post-it augmentait en approchant de chez elle, c'est que proportionnellement Marc soit sûrement cet inconnu... Mais elle se trompait. Plus elle avancait et moins elle en voyait. En s'éloignant du centre ville, il n'y avait déjà plus aucun post-it dans les rues. Elle s'était donc fait des idées...  

Ses clés teintant dans ses mains, le regard un peu dans le vide, elle ouvrit machinalement la porte d'entrée et découvrit le corps de Marc dans le couloir. Son sang se glaça, l'inquiétude fut croissante, c'était sûrement une crise d'épillepsie !  

Genoux à terre, téléphone portable dans la main, son autre main placée sur le cou de Marc... Elle se retint d'appeller les urgences en réalisant que son pouls était calme. Mais plus encore, en le mettant sur le côté, elle réalisé qu'il se contentait de dormir. Il y avait pourtant quelque chose d'étrange. Il souriait.  

Elle ne l'avait jamais vu sourire, c'était un sourire éblouissant et apaisant.  

- Allons allons Marc, on se réveille... ! Disait elle en tapotant le visage de Marc qui se contenta de marmonner dans sa direction. Il ne l'empêcha cependant pas d'être aidé pour se relever et marcher en direction de son appartement.  

Elle lui prit des mains les clés de l'appartement qu'il avait gardé dans les mains, visiblement il est juste tombé de fatigue dans le couloir.  

 

Lentement, elle l'installa dans le canapé, il s'installa aussitôt et reprit son sommeil. Quelque chose tomba de sa poche et se posa aux pieds de Jessica. Lui dormait. Elle découvrait un post-it jaune. Puis un autre. Et des dizaines de post-its dans les poches de Marc.  

C'était lui, c'était l'inconnu qui avait réalisé ce chemin des mots. Les médicaments faisaient donc effet, c'était fulgurant ! Elle en tomba encore plus amoureuse, il était redevenu lui-même.  

- Tu sais Marc... commencait elle.  

Comme pour réponse, il se contentait de ronfler. Profondément ancré dans son sommeil.  

- Je t'aime Marc. Je suis amoureuse. Je serais prête à tout pour toi.  

Elle souriait, voyant qu'il continuait à dormir. Ca la rassurait de pouvoir ainsi se dévoiler sans qu'il l'entende.  

- Peut-être pourrait-on penser à vivre ensemble ? Tu me donneras ta réponse un jour... Hein... ?  

Et elle ponctua sa phrase d'un baiser sur son front avant de sortir de l'appartement. Marc rêva dans des teintes pourpres, dans des tons rouges flamboyant. Il rêva d'amour, de tendresse, de beauté, de sentiments. C'était le premier rêve en plusieurs mois. Il ne s'en souviendrait pas car d'autres rêves instables allaient l'oblitérer.  

 

 

 

Venise, deux semaines plus tard  

 

La chambre d'hôtel était dévastée, le mobilier avait été éventré, abimé, retourné ou couché. Tous ces mouvements prenaient le même points d'origine que de gigantesques gerbes de sang marquaient tel l'emplacement d'un trésor sur une carte de pirate dans les dessins animés.  

L'inspecteur Farizzo (Gigi Scott) prit en bouche un morceau de réglisse qu'il machonna. L'odeur forte de la réglisse avait l'avantage de masquer en grande partie l'impitoyable odeur de mort qui régnait dans la pièce. Le maccabre spectacle que l'inspecteur analysait allait être appellé dans les journaux comme étant « le massacre de la vierge aux milles boyaux ». Car en effet, si on ne comptait pas les quelques policiers sortis en trombe de la chambre après sa découverte pour aller vomir plus loin. Il est vrai que les experts avaient eu beaucoup de mal à identifier la victime du fait de sa désagrégation.  

 

Les gerbes de sang jaillissaient toutes de ce même point concentrique, à première vu cela ressemblait à une sorte d'explosion. Mais c'était un nouveau type alors car il n'y avait pas la moindre trace de l'objet, ni de résidus de poudres. Et plus stupéfiant encore, il semblerait que les dégats n'aient été provoqués que par le souffle de cette explosion.  

Ils connaissaient la victime, Jessica de son prénom, et son principal suspect, Marc, grâce aux registres de l'hotel, il s'agissait visiblement de deux touristes. Une sinistre affaire qui pourrait bien n'avoir aucun débouché.  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique (sentimental) de Hugh Hanson

Horacio Corner

Stephanie Baxter

Gigi Scott

Rebecca Hess
Musique par Benjamin Sagnier
Sorti le 09 mai 2026 (Semaine 1114)
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