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Studios Nanoyo présente
Somnium draconis

Du sang...  

Il y en avait partout. Mes mains, mon corps, mon visage jusque dans ma bouche. J'avais le goût métallique du sang qui avait baigné dans la bouche trop longtemps. Un goût âpre qui me fit tousser pour recracher ce que j'avais avalé. Les yeux écarquillés à m'en faire mal, j'observais le charnier qui m'entourait dans l'incompréhension la plus totale. Je ne sais pas s'il s'agit du trop plein de sang que j'ai avalé ou de la vision de ce massacre, quelle qu'en soit la raison je ne pu réprimer un vomissement. Autour de moi gisaient des corps inanimés, des membres arrachés, des ventres étripés et des visages défigurés... C'est comme si la vie de ces hommes et femmes leur avaient été littéralement arrachée.  

Je me sentais seul, et je l'étais. Parmi ces monceaux de chair, j'ai pu dicerner des indices qui ne trompaient pas et qui me permettaient de savoir que mon frère, mon père et mon meilleur ami étaient morts sur ce champ de bataille. Et c'est en me retournant que je comprenais pourquoi nous nous étions battus : je pouvais voir à l'horizon les flammes ravager un village, notre village. Ma mère et ma femme devaient sans doute être mortes aussi dans ce carnage. Mes jambes se mirent à courir toutes seul, au delà même de ce que disait ma raison. Il était impossible que qui que ce soit ait survécu !  

 

"Impossible, non... Puisque j'ai survécu, c'est vrai." pensais-je alors.  

 

Visiblement, j'avais aussi été blessé, mais j'avais survécu. Sûrement assomé, j'ai eu la chance d'être couvert par d'autres cadavres...  

Mes jambes m'amenèrent devant le brasier du village duquel les crépitement des flammes pourrait faire penser à de minuscules cris d'enfants saccadés. Comme beaucoup d'autres maisons du quartier résidentiel, la mienne était déjà en ruine et il ne restait que des moignons noircis en cendre. Et toujours cette incompréhension...  

 

C'est à ce moment précis que l'embrasement du village n'était plus rien face à l'embrasement de ma colère et de ma rage. Tout mon être se mit à bouillir et s'enfoncer dans une colère noire et intense. Je me suis mis à hurler si fort, un cri qui n'avait plus rien d'humain et s'emplifia jusqu'à imprimer sur ma chair et dans ma peau une douleur effroyable, comme si mon corps se transformait.  

Je n'eut pas le temps de le réaliser que mon corps n'était plus le même... Je n'étais plus un simple humain, j'étais en symbiose avec ma rage.  

 

Le réveil fut brutal.  

Instinctivement Matthias (Salomon Last) mit les mains au visage pour s'assurer qu'il était le même. Il était trempé de sueur mais sa peau n'avait plus l'aspect rugueux de son rêve. Sans répondre aux milles inquiétudes de Sally (Annie Hayes), sa femme, il se leva et fixa le miroir. Il retrouva ses yeux verts, son visage humain, des mains dont les griffes n'avaient pas subitement poussé... Quel fou il est d'avoir cru que ça pouvait être autre chose qu'un rêve...  

 

- Mais bon sang tu vas m’expliquer à la fin ce qu’il t’arrive ?! s’exaspéra d’inquiétude sa femme, au bord des larmes.  

Il la prit avec tendresse dans ses bras pour la rassurer et lui expliqua qu’il avait simplement fait un horrible rêve… Rien de très important. L’affaire fut très vite oubliée et après un câlin, elle parvint à se rendormir tandis que Matthias fixait le plafond blanc de la chambre spacieuse de leur 220m². Sur le blanc semblait se détacher encore les images qu’il avait aperçues durant son rêve. Tellement réel… L’espace d’un instant il sourit même au vu de la situation paradoxale dans laquelle il se trouvait.  

 

En effet, Matthias était un important responsable markéting de la literie la plus réputée de France. Il parvenait à vendre à merveille un sommeil qu’il ne pouvait pas atteindre lui-même. Toutes les deux nuits, il était confronté à des rêves extrêmement réalistes qui le sortent de son sommeil. Heureusement, jusqu’alors il ne s’agissait que de rêves calmes, mais cette nuit il avait été confronté à un véritable bain de sang au cœur même de ses neurones. Il n’en pouvait plus et considérait qu’une thérapie serait sûrement le meilleur remède à ce type de problèmes.  

C’est en tout cas la conclusion qu’il eut lorsqu’il retrouva dans ses poches une carte de visite d’un docteur en psychologie. Il ne se souvenait même plus comment cette carte était arrivée jusque là, mais c’était l’occasion d’en avoir le cœur net.  

 

 

Dans la chambre 307 de l’Hopital Saint-Jean de Montigny, c’était l’heure des visites matinales et comme toujours la mère de Clément (Nicholas Julyan) était suffisamment ponctuelle pour être là dès qu’elle le pouvait. Aujourd’hui, elle était accompagnée de la grand-mère qui s’inquiétait également pour la pauvre petite tête de cet adolescent torturé… En effet, le jeune homme vivait dans cet hôpital depuis maintenant 2 mois pour cause d’une activité neuronale nocturne anormale. Et en général, lorsqu’un médecin vous dit ça, c’est qu’il n’en sait rien mais que c’est dangereux pour la santé du malade. C’est vrai qu’au bout de la 7eme crise d’épilepsie et les 10aines de convulsions spontanées dans son sommeil, Clément commençait à en être convaincu…  

Mais il était aussi convaincu d’autre chose qui le forçait actuellement à jouer une double vie. Face à sa famille, ses proches et ses médecins… Il se devait de jouer l’incompréhension et la tristesse. Il était le plus à plaindre, voilà ce qu’il devait leur faire croire qu’il pensait.  

 

Il était indispensable qu’il parvienne à manipuler la réalité afin de pouvoir mener à bien les missions qu’il avait découvert dans cette autre vie. Il connait l’origine de son activité anormale, il sait d’autant plus pourquoi il lui arrive de faire des convulsions, de l’épilepsie… C’est que tout ça remonte à bien avant son hospitalisation. Il se souvient de cette psychologue (Stephanie Gonçalves) qui l’avait contacté et de cette séance révélatrice. Ce jour-là, il avait eu l’illumination.  

C’était un an auparavant que son cerveau parvint à s’éveiller à un monde dont il ne percevait jusqu’alors pas l’immensité… Le monde du rêve. Cette psychologue l’avait accompagné dans cet univers qui était inconnu au jeune homme. Elle lui expliquait que le monde réel était relié à ce rêve commun mais que seuls quelques éveillés étaient capables d’en modeler consciemment ce qu’il s’y produisait. Mais plus encore, elle précisa bien à Clément que tout ce qui se produisait dans le monde du rêve aurait une répercussion réelle. Si une âme prend conscience de la réalité de ce rêve et qu’elle y meurt, il y a de très forte chance que son cerveau l’interprète comme tel ou dans les meilleurs cas ne provoque qu’un simple choc nerveux, autrement dit, un choc épileptique.  

 

L’air qui les entourait était saturé des odeurs du brasier à proximité. Clément observait lentement le corps écailleurs de la psychologue. Le docteur Phenris n’était pas comme Clément qui, lui, avait encore gardé son enveloppe humaine dans le rêve. Elle lui dit que celle-ci se désagrégera lorsqu’il choisira le bon camp afin de combattre les forces sanguinaires et enragées de la Horde.  

« La Horde est un ensemble de monstres qui étaient à l’origine humains… » me confia-t-elle tandis que nous chevauchions vers l’horizon embrasé. « Des loups-garous, des vampires, des cyclopes, des titans, … Ils sont l’expression du subconscient même de ces hommes et de la violence qu’ils ont refoulée. Par définition, aucun d’entre eux ne peux être éveillé, mais chacun d’entre eux est un danger pour la société réelle. »  

Clément n’avait jamais été réputé pour être bête. Il avait même tendance à cacher sa vivacité d’esprit et percevait déjà où elle voulait en venir.  

« Et vous alors, vous n’êtes pourtant plus humaine ? » interrogea-t-il.  

« Non, je fais partie des opposants à la Horde… Ceux qui font tous leur possible pour protéger le monde durant le sommeil. Nous représentons le contrôle, la force, la puissance… Etrangement représenté par ce que tu vois : un dragon. C’est pour cette raison que nous nous sommes nommés les Somnium Draconis, qui se traduit grossièrement du latin par dragons du sommeil. »  

 

Elle continua durant ce rêve ces explications qui semblèrent prendre des mois entiers. Mais il apprit justement que la notion temporelle n’existait plus durant ces rêves, elle n’était plus reliée à la réalité. Le rêve ne prends pas fin et existe depuis toujours. Seuls les personnes ayant le contrôle sur ce rêve peuvent se réveiller à tout moment…  

Cette précision piqua au vif Clément. Il y aurait donc d’autres éveillés ?  

« En réalité, il y en a de très nombreux en état semi-éveillés. Ils peuvent s’éveiller naturellement en gardant une forme humaine. Mais c’est assez rare. Mais il existe aussi d’autres éveillés dans… l’autre camp. C’est en tout cas la conclusion que nous avons eu en remarquant que la Horde devint soudainement organisée »  

 

C’était donc pour ça qu’elle l’avait éveillé à cette vérité.  

C’était donc la raison pour laquelle il était choisi.  

C’était donc l’instant pour s’éveiller.  

 

Le docteur Phenris ne réalisa l’ampleur de son erreur que trop tard…  

Jusqu’à Matthias.  

 

 

C’est dans le bureau où l’erreur fut commise que l’espoir frappa à sa porte. Elle le reconnut immédiatement, Matthias Delutray, l’un des semi-éveillés dont elle était en charge. Mais elle fut extrêmement surprise de le voir toujours en vie et en excellente santé…  

Elle parvint rapidement à le convaincre d’engager une séance d’hypnose afin qu’elle puisse se plonger avec lui dans le rêve. Mais dès qu’elle commença, elle remarqua que quelque chose n’allait pas. Il n’entrait pas en sommeil comme les autres patients non éveillés. Il se plongea presque immédiatement dans le rêve, et il en était même conscient :  

 

«Bien, maintenant que nous y sommes, vous pouvez m’aider ? » s’excita-t-il en regardant ses propres mains. Il n’était toujours pas remis de cette vision de transformation qu’il trouvait à chaque fois dans son sommeil. Mais il n’avait toujours pas remarque que derrière lui, le docteur Phenris s’était également transformée.  

Elle n’en revenait pas. Face à elle se trouvait un éveillé naturel. C’est au moins le deuxième depuis que le rêve existe. Il y avait le premier à l’origine qui éveilla les autres… et maintenant lui. C’était certain, il était la réponse et le lien entre le monde réel et le monde du rêve. Peut-être pourra-t-il réparer l’erreur qu’elle avait commise en éveillant Clément.  

 

Clément, ou celui qui est devenu le seul Eveillé de la Horde en tuant tous les autres…  

Celui qui dirige les assauts répétés et qui a presque décimé les Somnium Draconis.  

Une chose est sûre, Matthias ne va pas revenir indemne de ce rêve.  

Scénario : (3 commentaires)
une série B fantastique de Howard Copeland

Salomon Last

Stephanie Gonçalves

Nicholas Julyan

Annie Hayes
Sorti le 05 septembre 2020 (Semaine 818)
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