Les pupilles se rétractèrent.  

L'iris bleu-vert de la fillette se voila finalement.  

Les yeux qui fixaient ce visage désormais inexpressif étaient encore noirci par l'exaltation qu'un tel acte lui procurait. L'homme (Dave Flannery) desserra finalement l'emprise qu'avaient ses mains sur le cou fragile de l'enfant. On pouvait encore voir les marques que ses doigts avaient laissés sous la pression. Elle s'appelait Elena Zakotnova et avait eu 9 ans il y a 3 semaines, elle gardera cet âge éternellement, étendue sur le plancher en bois d'une salle de classe de la ville de Chakhty, non loin de Rostov. L'homme qui était appuyé sur elle pour l'étouffer s'appuya d'une main au sol et tira de l'autre sur la poignée du couteau qui était encore fiché dans le cadavre inerte. La tiédeur du petit corps provoqua un léger sourire sur le visage du meurtrier.  

Dans cette salle de classe vide et désormais tâchée de sang, il était de nouveau confronté à lui même. La fillette n'était plus là, il était seul, et c'est lui qui l'avait tué... Mais malgré ça, il continuait de se convaincre.  

Ce n'est pas ta faute Andreï, tu es sûrement malade pensait-il en se dirigeant lentement vers la porte entrouverte. Sa main encore tâchée de sang se posa sur la poignée afin de la refermer dans un claquement... Il désirait terminer son "travail"...  

On pouvait distinguée sur la porte des lettres gravées et peintes en jaune :"Classe primaire de Monsieur l'instituteur Romanovitch"  

L'hiver à Rostov, l'un des plus rudes qu'il soit en URSS, ou plutôt, en ex-URSS... Nous sommes près de 15 ans après le meurtre survenu dans la petite ville de Chakhty, un meurtre anodin et très rapidement classé par les autorités de l'époque. Un meurtre qui n'était jusqu'alors pas relié à une autre série de meurtres qui se sont succédées en de si brefs délais... Elena Petrouschka (Ruth Galway) avait sous les yeux les articles de presse les plus récents. Alors que dans la presse nationale la une parle de la fin dramatique de l'ex-URSS, la presse régionale de Rostov parle quant à elle de ce tueur en série qui obsède la jeune inspectrice de police. Ils le nommaient le Monstre de Rostov et parlent de plus de 40 victimes. Les articles parlent de victime étouffées, étranglées et poignardées... Parfois même violées.  

Heureusement qu'ils ne connaissent pas encore la vérité... songea-t-elle. Car en vérité, la police spéciale était parvenu à identifier le mode opératoire du criminel... La simple divulgation de ce mode opératoire était strictement interdit car confidentiel. Il s'agissait là en effet de l'un des pires meurtriers de l'Histoire de la police Russe.  

Ce n'étaient pas une quarantaine de personnes qu'il avait tuée, mais exactement 51 personnes à ce jour. Fillette, jeune fille, femme adulte et jeune garçons étaient ces victimes dont il ne se contentait pas que d'ôter la vie. Il suivait toujours ce même mode opératoire qui consistait tout d'abord à torturer. Il avait besoin d'asseoir son autorité sur la victime afin de pouvoir la violer. Puis il la poignarder sans la tuer et l'achevait de ses mains par l'étranglement. Mais ce n'était pas tout. Après leur avoir pris la vie, il les mutilait à quelques endroits précis que seuls des psychologues parviennent à expliquer sans dégoût... Il découpait systématiquement les seins et organes sexuels dont il consommait la chair...  

Rien qu'à cette vision, Elena avait un haut le coeur. Un tel meurtrier devait être placé sous les barreaux et heureusement depuis quelques mois (et surtout grace à la fin de l'URSS) les scientifiques avaient réussi à déterminer avec exactitude le groupe sanguin du tueur ainsi que d'autres indices scientifiques permettant de l'arrêter s'il venait à se faire contrôler. Ce n'était pas pour rien que depuis ces découvertes scientifiques, les polices des douanes procédaient systématiquement aux contrôles... Pour Elena et ses collègues, à chaque jour l'étau se resserait autour du monstre car de plus en plus d'habitants de Rostov se faisaient contrôler...  

On t'aura bientôt, ordure... maugréa-t-elle en s'arrêtant face à un bar moderne, récemment ouvert dans la ville.  

Elle était arrivée à destination. C'était en tout cas le lieu de rendez-vous qui se trouvait indiqué sur la lettre qu'elle avait reçu. L'auteur du courrier lui disait avoir des renseignements concernant le monstre de Rostov. Ca ne coûtait rien d'aller à sa rencontre, d'autant qu'une vodka fera du bien par cet hiver...  

Lorsqu'elle entra dans le bar, un homme vint à sa rencontre, très chaleureux. Il se présenta comme étant son contact et l'invita à sa table pour discuter.  

"Avant de commencer, j'aimerais vous offrir à boire pour vous remercier d'être venue !" suggéra-t-il galamment.  

Elena ne se fit pas prier et trinqua avec lui juste avant de sombrer sur la banquette dans un profond sommeil...  

Schlink ! Schlink !  

C'est un bruit répétitif et métallique qui réveilla Elena. Sa vue troublée distingua la silhouette de l'homme du bar qui était cette fois de dos. Au fur et à mesure qu'elle émergeait, elle discernait d'où venait ce bruit : d'un couteau qu'il était en train d'aiguiser. Et visiblement, il avait remarqué qu'elle s'était réveillée...  

"Repartons à zéro, je ne me suis même pas présenté..." sembla-t-il plaisanter pour lui-même. "Je m'appelle Andreï Romanovitch Tchikatilo... Dans quelques jours je compte bien quitter cette ville pour me rendre en France auprès de mes 2 fils. Vous connaissez la France ? Il parait que c'est merveilleux.  

"Que... que me voulez-vous. Vous n'êtes pas là pour me donner des informations." articula péniblement Elena.  

"Mais détrompez-vous ! Je vais vous donner une information exclusive. Je sais quelle sera la prochaine et dernière victime du Monstre."  

Il marqua un temps d'attente. Elena était toujours dans le gaz et tentait de se relever mais ses jambes ne réagissaient pas. Puis Andreï se tourna vers elle, sa bouche s'articulant en un effroyable sourire.  

Ses pupilles noires d'exaltation fixaient Elena.  

"Au travail."