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Big Bear Movies présente
Le monde dans un verre d'eau

C'est un large sourire qui éclaire les traits usés de son grand-père lorsque Janice [Hilary Barton] apparaît sur le pas de la porte. Le vieil homme serre la jeune femme dans ses bras avec une force que l'on ne lui soupçonnerai pas, et accompagne son étreinte d'un baiser baveux et bruyant au coin de la joue. il est vrai qu'elle ne rend visite que trop rarement à ses grand-parents.  

C'est vrai, Janice s'en veut un peu, Joslav [Joël Anderson], son grand-père, est bien seul à présent pour s'occuper de sa femme Irina [Margaret Wildbitch] atteinte d'Alzheimer, un comble pour Janice qui est infirmière.  

«Comme tu es belle, tu paraît totalement épanouie!» lance le vieil homme, les yeux pleins d'admiration pour sa petite-fille.  

Janice sourit, c'est vrai, tout se passe bien pour elle, et c'est même là la raison de sa visite. Elle va bientôt pouvoir réaliser son rêve. Elle part dans quelques jours en Afrique, au nord du Nigéria plus exactement, dans un petit village reculé pour y accomplir une mission humanitaire, mettre en place une petite infirmerie ainsi qu'une école pour venir en aide à la population locale.  

Quelle ironie, elle qui s'est si peu occupée de propre famille alors qu'elle en a besoin, part à l'autre bout du monde soigner des gens qu'elle ne connait pas!  

Mais la vie est ainsi faite.  

Et son grand-père accueille la nouvelle avec un large sourire, on devine dans son regard une grande fierté, même s'il sait que trois ans, c'est long, et qu'il n'aura peut-être pas l'occasion de la revoir.  

«Je peux voir grand-mère?» questionne la jeune femme  

«Oui bien sûr, elle regarde la télé dans le salon, je vous rejoins!»  

Janice parcourt le sombre couloir qui mène au salon, et se retrouve face à une vieille femme engoncée dans son fauteuil, les yeux dans le vide, comme faisant semblant de regarder la télévision.  

«Grand-mère, c'est moi Janice!»  

Pas de réponse de la vieille femme qui continue a observer hypnotiquement le poste de télé.  

Janice s'approche doucement, sa grand-mère est sûrement un peu sourde, et pose la main sur son épaule.  

«Grand-mère, c'est moi Janice!»  

Irina se retourne, dévisage quelques instants sa petite-fille et se lève d'un bond de son fauteuil et vient se jeter dans ses bras.  

«Oh Sonia, tu es revenue, comme je suis contente, comme tu as grandi!!»  

Sonia? Apparement tout se mélange dans la tête de la vieille femme, Janice ne connait pas de Sonia.  

Sa grand-mère est sans doute en proie à une crise d'Alzheimer.  

Et tout en continuant à la serrer dans ses bras, la vieille femme continue:  

«Tu as réussi à passer? Ils t'ont laissé revenir? ...j'ai eu si peur..»  

La jeune femme ne comprend pas un mot de ce que lui dit son aïeule, et reste sans voix. En tant qu'infirmière, elle est habituée à ce genre de comportement, mais venant d'un membre de sa famille...  

Son grand-père apparaît au coin de la porte, et là, la vieille femme pousse d'un geste brusque Janice derrière elle et lance à son mari d'un air suppliant:  

«Non, pitié Commandant, c'est ma fille Sonia, laissez là! faites-moi ce que vous voulez, mais ne touchez pas à ma fille!»  

«Mais Irina, ce n'est que moi, Joslav ton mari!»  

Et là, la vieille femme paraît être prise d'un accés de rage « Menteur, je sais très bien qui vous êtes, et je ne vous laisserai pas faire!» et elle saisit un pot de fleur posé à proximité et le jette violemment vers son mari.  

Le vieil homme parvient à éviter le jet, et le pot vient s'écraser sur une petite commode qui renverse quelques vieux bibelots posés là.  

La vieille femme saisit alors un petit tabouret, et le tend vers son mari, pieds en avant, comme pour se défendre.  

 

«Elle dort à présent, tout va bien.»  

Janice, commence à comprendre, s'il en était besoin, combien la vie de son grand-père doit être difficile.  

Mais un point l'intrigue plus que la maladie par elle-même. Qu'a voulu dire sa grand-mère avec cette Sonia? Elle sait que pendant la guerre, ses grand-parents ont été prisonniers dans un camp de concentration, c'est d'ailleurs là qu'ils se sont rencontrés, mais c'est à peu près tout. Ses grand-parents n'ont jamais voulu expliquer ce qui s'était produit durant cette période, sujet tabou.  

Mais après ce qui vient de se passer, Janice à besoin de savoir, et c'est peut-être la dernière chance d'avoir des explications sur cette sombre période et sur ce qu'ont vécu ses grand-parents...  

 

Camp de Ploskow -1941  

Ca doit faire le 200eme masque à gaz que je vois défiler devant mes yeux depuis le début de la matinée sur la chaine de fabrication, et la 200eme lanière de cuir que j'enfile.  

Même si les conditions de vie sont difficiles ici, on peut considérer que je suis chanceux, le camp de Ploskow, n'est pas un des plus dur, et surtout, on y travaille. On y fabrique les masques à gaz servant à l'armée Allemande. Ici, nous ne sommes pas simplement des prisonniers attendant le sentence, à attendre de savoir si demain nous serons encore en vie. Ou peut-être que si, c'est ce que nous sommes, mais le travail nous permet de ne pas trop y penser.  

Ploskow est un petit camp de travail, non loin de la frontière Polonaise et beaucoup plus «discret» que les grands camps d'extermination que sont Dachau ou Auschwitz  

Emil, mon collègue, tout en continuant à travailler, se penche vers moi et me glisse à l'oreille «Un nouveau commandant arrive aujourd'hui, apparement, ils ont considéré que Freidlish était trop «humain».»  

Un mouvement de panique m'envahit, je pense tout de suite à Irina.  

Irena [Lisa Giacchino], enceinte de notre enfant. Nous nous sommes rencontrés ici sur le camp, et il y a fort à parier que ce qui a pu être «toléré» par le commandant Friedlish, ne le sera pas par le nouveau.  

Et je n'ai pas le temps de trop m'égarer dans mes pensées, la sonnerie se met soudain à retentir, et les gardes nous attrapent violemment par le bras et nous sortent de la chaine de fabrication, "Rassemblement dans la cour immédiat!"  

Nous nous retrouvons tous alignés sur le sol poussiereux de la cour intérieure du camp. Nous ne sommes pas très nombreux, moins d'une centaine, je dirais, et du coin de l'oeil, je peux apercevoir Irina et son doux regard.  

Ca va, elle n'est pas dans le premier rang, il serait dangereux qu'elle mettre trop en évidence son ventre rebondi.  

Je ne sais pas pourquoi, Irina est sûre que c'est une petite fille qu'elle attend, elle à même tenu à déjà lui donner un nom, Sonia. C'est ça les femmes, elles se font des idées. On improvisera si c'est un garçon..  

Quelques minutes défilent dans le froid hivernal, lorsqu'une Kfz 21 Kommandeurwagen apparaît à l'entrée du camp.  

Et c'est là que je le vois pour la première fois, fier et altier. Dés que son visage anguleux, son regard cruel passe la portière du véhicule, je sais que les choses vont devenir beaucoup plus compliquées que ce qu'elles n'étaient jusqu'à présent. Le SS-Surmbannführer Lothar Von Geierling.  

Pas de passation avec son prédécesseur, le Lieutenant-colonel Freidlish a disparu de la circulation. Et c'est d'un pas lent que le nouveau commandant passe devant chacun de nous. Je n'ose pas le regarder et reste les yeux fixes devant moi. Croiser son regard serait considéré comme un affront.  

Il passe devant nous les hommes, sans un mot, et se dirige vers le groupe des femmes.  

Il longe lentement la rangée de femmes qui se tiennent devant lui, lorsqu'il s'arrête soudain.  

Un frison me descend le long du dos, d'un geste du visage, il ordonne à un de ses sbires d'aller chercher quelqu'un dans les rangs. Je suis à deux doigts de m'écrouler.  

Mais le garde revient en tenant par le bras une femme, ce n'est pas Irina. Il la présente devant le commandant Von Geierling. Le SS baisse un peu les yeux, puis attrape le col de la jeune femme et déchire sa blouse. Par la violence du mouvement, la femme est jetée au sol. Le commandant l'observe un instant puis détourne son regard.  

Pas de doute, il cherche quelquechose.  

D'un lent mouvement du regard Von Geierling balaie à nouveau le groupe de femmes devant lui.  

Et soudain, on peut deviner une petite lueur dans ses yeux. Le garde s'enfonce une nouvelle fois dans les rangs, et cette fois, comme je le craignait, c'est bien avec Irina qu'il revient. La blouse de travail cache mal la rondeur de son ventre. «Entfernen mir diese Hündin, Virez-moi cette trainée!»  

Cette phrase restera à jamais gravée dans ma mémoire.  

 

 

«Ta grand-mère est revenue quelques jours plus tard, vivante, mais en trés mauvais état, et elle n'était plus enceinte. Même à moi, elle n'a jamais parlé de ce qui lui était arrivé.»  

Janice reste un moment sans voix, personne dans la famille n'a jamais parlé de cette histoire.  

Son grand-père se penche un peu en avant et défait d'un geste maladroit sa chaussure, puis enlève sa chausette. Il laisse apparaître un pied, auquel il ne reste plus qu'un doigt de pied sur deux.  

«Tu vois, ça aussi, c'est l'oeuvre du commandant Lothar Von Geierling, il voulait voir si avec deux doigts de moins, nous arrivions à nous servir de nos pieds pour attraper des choses, "comme vos frères les singes" il disait..»  

«Comment peux t-on arriver à un tel degré d'inhumanité?» lance Janice d'une voix presque étéinte.  

Son grand-père la regarde un instant dans les yeux:  

«Il suffit d'un rien pour plonger le monde dans un verre d'eau.»  

 

Dans la cohue qui a envahit comme à son habitude l'aéroport «Murtala Mohammed», Janice aperçoit Ogbonnaya Kanu [Alan Caine] qui lui fait un signe.  

«Welcome to Nigeria Mlle Janice!» lance le Nigerian dans un grand sourire.  

L'aventure va enfin commencer! La jeune femme suit son guide à travers la foule hétéroclite qui grouille de toutes parts. Elle serre sa main contre son sac de voyage, la voilà pénétrant dans un monde totalement inconnu, avec un mélange d'inquiétude et d'excitation.  

Quelques mètres et ils rejoignent enfin le gros 4x4 qui va les conduire à l'hôtel.  

Elle va d'ailleurs devoir rester quelques jours de plus que prévu dans cet hôtel, des batailles entre ethnies Chrétiennes et Musulmanes les empêchant de rejoindre directement le petit village où Janice aidera à l'installation d'une infirmerie et d'une petite école.  

Sur le chemin qui les conduit vers Victoria Island, le quartier «Riche» de Lagos où siègent toutes les banques et les compagnies étrangères, la jeune femme voit défiler de son carreau des bidonvilles sur des kilomètres, bicoques de tôles rouillée et de vieux bois, même les immeubles pointant ça et là semblent ravagés par la crasse et la misère. A un carrefour, deux hommes se battent on se sait pourquoi, l'un des deux aidé par une femme qui s'acharne a donner des coups avec son sac à main.  

Passé un des trois longs ponts qui permettent de rejoindre Victoria Island, le 4x4 arrive enfin à l'Eko-Hôtel.  

«Je vous laisse vous installer et vous attend au bord de la piscine, un petit plongeon vous fera du bien après ce ce long voyage!»  

Janice acquiesce, en voilà une bonne idée, et la voilà redescendue quelques minutes plus tard prête à se rafraichir dans l'eau de la piscine.  

C'est un séjour qui commence plutôt bien songe t-elle en sirotant un petit cocktail étendue sur une chaise longue. Autant en profiter un peu, la suite du séjour risque de ne pas être autant de tout repos.  

Mais son regard est soudain attiré par l'arrivée d'un grand homme aux cheveux blancs [Aldo Patchigliani], tiré à quatre épingle, suivi de près par un énorme Nigérian que l'on pourrait croire être un garde du corps.  

«Cet homme là-bas c'est qui?» demande Janice  

«Oh, lui, c'est Lottie, ...Ernst Bernhard plus exactement, un Autrichien ou je ne sais trop quoi qui vit en permanence à l'hôtel, et ce, depuis sa construction il y a plus de quarante ans, C'est même le premier client a avoir emmenagé ici, il a un immense appartement au dernier étage de l'hôtel.» répond Kanu en continuant à boire son cocktail.  

«Son surnom Lottie, ça vient d'où?» demande la jeune femme, visiblement intriguée.  

«Ah ça, je ne sais pas, vous n'avez qu'à lui demander, le voilà qui approche..»  

D'un salut très respectueux, Ernst Bernhard, se présente à Janice et son guide.  

«Qu'est-ce qui peut pousser une personne si séduisante à s'enfermer dans un pays sauvage tel que le nôtre, charmante Mademoiselle ?»  

Visiblement le grand homme cherche à employer un ton le plus séducteur possible, mais Janice ne s'y trompe pas, c'est un regard de serpent qui se cache derrière ces yeux d'un bleu profond.  

Sans le quitter des yeux, la jeune femme explique la nature de la mission qui va être la sienne durant les trois prochaines années. Bernhard acquiesce forçant un peu son admiration. Puis vient au tour de Janice de questionner:  

«Et vous, Mr Bernhard, de quoi vivez-vous depuis tant d'années au beau milieu de l'Afrique?»  

«Oh, vous savez, je suis un vieil homme qui se contente de peu, je fais de temps à autres quelques affaires avec le gouvernement ou avec les différentes parties actives dans le pays..»  

«En gros vous vendez des armes..» lance Janice feignant le ton de la plaisanterie.  

«Ah vous me plaisez ma chère, vous êtes directe pour une si jeune personne!» Un sourire cruel apparaît sur le visage du vieil homme. «Mais voyez-vous, le Nigéria est un très beau pays pour quelqu'un comme moi, et parfois, pourvu qu'on l'aide un peu, il suffit d'un rien pour plonger le monde dans un verre d'eau!»  

Janice reste de longues secondes sans dire un mot.  

Décidément, les quelques jours supplémentaires dans cet hôtel ne vont pas être de trop.  

Scénario : (3 commentaires)
une série A dramatique de Lindsay Kristian

Joel Anderson

Hilary Barton

Aldo Patchigliani

Margaret Wildbitch
Avec la participation exceptionnelle de Alan Caine, Lisa Giacchino
Musique par Scott Fiedel
Sorti le 26 septembre 2020 (Semaine 821)
Entrées : 18 983 435
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