Un scénario de Poo Korani, avec :  

- Jimmy Moreno : Silver Hoggans  

- Laurie Butterfield : Kimmy Land  

- Nicholas Courage : "Barbarian Trident de Poséidon"  

- Alice Brandon : Oakene Hengton  

La tempête faisait rage et secouait les flancs du navire. Les marins à bord trimaient pour faire face à cette montagne d’eau qu’était devenue la mer.  

A bord, un petit garçon se blottissait contre son père. Silver Hoggans était le fils du chirurgien du bâtiment, plus savant fou que docteur. Soudain, on tambourina à la porte et un homme en tricorne noir ordonna au professeur Hoggans de le suivre. Ce dernier obtempéra, laissant seul le petit Silver. L’enfant se cacha sous ses couvertures, priant de toutes ses forces pour que la tempête s’arrête en l’épargnant.  

Une explosion retentit, mais Silver ni prit pas garde, la confondant avec le tonnerre de dehors. Ce n’est qu’à la deuxième détonation qu’il comprit que leur navire était attaqué et ripostait. Frissonnant, le garçon s’approcha de l’unique fenêtre et observa l’extérieur. Les flots étaient agités, mais il n’y avait rien à l’horizon, tout du moins, de ce que Silver pouvait voir. Une nouvelle explosion secoua le bâtiment et à l’étage supérieur, des marins crièrent. Leurs ennemis lançaient l’abordage put en déduire l’enfant. Une lame traversa le plancher et le petit hurla, se dépêchant de plaquer une main sur sa bouche. La poignée de la cabine bougea. Quelqu’un cherchait à entrer. Silver courut jusqu’à la porte et tourna le verrou, espérant ne pas avoir enfermé son père dehors, mais il en aurait très vite le cœur net. Le garçon se recroquevilla en dessous du lit, tétanisé. Tout prêt, des coups de feu retentirent et la porte explosa dans un fracas assourdissant. Un pirate en haillon apparut dans l’entrebâillement, armé jusqu’aux dents. L’homme n’aurait pas beaucoup de résistance face à un gamin d’à peine huit ans. Tout à coup, un boulet de canon déchira la coque et défonça le crâne du méchant. Le bateau tanguait dangereusement et Silver tomba à la mer, à travers le trou béant creusé dans le bois.  

Le choc avec l’eau fut rude, et l’enfant se demi l’épaule. Il voulut crier, mais l’eau entra dans sa bouche, l’étouffant. Il coula un moment, sonné, avant de reprendre ses forces et de nager jusqu’à la surface. De là, il put admirer le carnage. Le navire anglais était en lambeaux, détruit de toute part et des corps flottaient un peu partout sur l’océan. Par contre, il n’y avait toujours aucunes traces du bâtiment ennemi. Étaient-ce des fantômes ?  

Epuisé, le garçon s’accrocha à un débris et avant de sombrer dans l’inconscience, il pu entrapercevoir ce qui ressemblait à un trois mâts sombre, une tête de mort flottant au sommet, au grès du vent. Silver et le navire disparurent alors dans la brume.  

20 ans plus tard  

« -Ce ne sont que des histoires pour effrayer les enfants ! » pouffa un homme en long manteau.  

A ses côtés, Silver Hoggans venait de raconter à sa table son histoire. Kimmy Land lui demanda ce qui lui était arrivé ensuite. D’un geste de la main, le corsaire éluda la question.  

La suite était moins palpitante : il avait été recueillit par la famille Dansterg, des marchands hollandais, qui l’avaient élevé jusqu’à ce qu’il décide de s’engager dans la marine anglaise. Jarold Brunniand rota bruyamment, renversant un peu de sa pinte de bière sur ses genoux. L’homme saoul raconta une blague pour divertir ses compagnons de voyage, qui partirent dans un fou rire, interrompu par la milice de la ville.  

Un homme en costume bleu ciel armé d’une baillionnette à l’épaule entra dans la taverne et demanda à Hoggans de bien vouloir le suivre.  

« - Pour quel prétexte ? » exigea de savoir le corsaire.  

« - Le gouverneur veut vous voir », expliqua l’homme.  

Curieux, Hoggans se leva et sortit dans l’air frais de la nuit, sur les talons du milicien. Ils remontèrent la colline jusqu’à la demeure du gouverneur de Saint Kitts. Arrivé au sommet, devant l’immense portail en fer forgé de la villa, le milicien le salua. C’est donc seul que Hoggans entra dans le parc. Il rejoignit la porte d’entrée et sonna deux fois. Une femme en robe de chambre lui ouvrit et lui demanda de patienter quelques instants dans le hall. Le corsaire était intrigué. Pourquoi le gouverneur anglais souhaitait-il le voir à cette heure tardive ? Surtout que Hoggans était en permission pour deux semaines, après une longue et éprouvante mission pour la couronne.  

La domestique revint et le conduisit jusqu’au bureau du chef de Saint Kitts. Elle lui ouvrit la porte et referma une fois qu’il fut entré.  

L’air grave, Monsieur Hengton se tourna vers lui. Le corsaire sut immédiatement qu’il allait repartir en mer, zappant ses vacances à Martinique, où il avait rencontré une jolie française. Le gouverneur lui exposa la situation, sans s’embarrasser de bonnes manières, l’heure n’était plus aux préliminaires.  

En à peine trois mois, quatre attaques de pirates avaient été recensées sur les villes de La Barbade, Port Royal, La Grenade et Saint Martin, tout proche d’ici. Hengton était inquiet : la prochaine attaque serait sur Saint Kitts, il était prêt à en mettre sa main au feu. La mine contrite, Hoggans essaya quand même de dissuader son interlocuteur de l’envoyé en mission, prétextant qu’il était fatigué et avait besoins de repos, ainsi que ses hommes, après la mission à Charleston. Hengton coupa court à son discours, souhaitant le meilleur capitaine anglais pour défendre sa ville et ses intérêts. De plus, le gouverneur l’aguicha : il serait promu Commodor s’il y parvenait et aurait le droit à la main de sa fille, la belle Oakene Hengton. Hoggans eut un sourire gêner, mais Hengton se fâcha. Il avait très bien remarqué, notamment au bal célébré pour le retour du capitaine préféré de la marine anglaise, qu’Oakene et Silver se tournaient autour.  

« - Je vous le répète capitaine Hoggans, je veux le meilleur. »  

Le corsaire savait que le gouverneur ne lâcherait pas l’affaire et les enjeux étaient de taille : sauver Saint Kitts et défendre la couronne d’Angleterre, et en retour, épousée la femme de ses rêves et devenir Commodore. Le capitaine accepta donc, mais il regretta d’avoir cédé aussi facilement lorsqu’il comprit que ses ennemis n’étaient autre que les légendaires « Barbares de l’océan », des pirates sans vergognes, cruels et ardemment combatifs, qui n’étaient autre que ceux qui avait faillit tuer Silver Hoggans lorsqu’il était enfant.