Dennis [Chris Kubota] appuie une troisième fois sur la sonnette de l'appartement de son ami Trend [Jason Salmon] . Trend est là, c'est sûr, mais voilà plus de trois semaines qu'il ne donne pas de nouvelles, qu'il ne répond plus au téléphone et tout l'entourage du jeune homme commence vraiment à s'inquiéter.  

Deux ou trois coups frappés d'un poing lourd sur la porte «Trend, répond! je sais qu't'es là!!», Pas de réponse.  

Dennis regarde à droite puis à gauche, sort un carte de crédit de son porte-feuille, la fait glisser sur le chant de la porte, et tel un cambrioleur professionnel, parvient à ouvrir la serrure.  

Il pousse la porte, tout est calme dans l'appartement de Trend. Les rideaux ont été tirés, plongeant les pièces dans une pénombre inquiétante.  

«Trend!» Dennis avance lentement, sentant l'inquiétude monter en lui, et s'il était arrivé malheur à son ami?  

Un oeil dans le salon, tout est sombre, personne. Quelques bouteilles de bière vides trainent sur le guéridon, rien de bien anormal. Personne non plus dans la petite cuisine.  

Dennis se dirige vers la chambre « Trend!». Et là, tel un sifflement, parvenant à peine à distinguer la voix de son ami, Dennis devine un « Casse-toi, je n'ai pas besoin de toi!» venant du fond du couloir.  

Le jeune homme se précipite dans la chambre, et là, il n'en croit pas ses yeux.  

Assis sur le lit, le dos contre le mur, Trend est là, avec pour seule tenue un vieux boxer, son ordinateur portable négligemment posé à ses côtés.  

Tout cela pourrait ne pas être trop grave, mais ce qui choque Dennis, c'est qu'il parvient à peine à reconnaître son ami. Trend, qui jusqu'alors avait un vrai physique de sportif, semble avoir perdu une vingtaine de kilos. Des côtes saillantes apparaissent sur son torse qui a pratiquement diminué de moitié.  

Mais pire encore que ses muscles saillants et son visage émacié, c'est sa peau qui revêt un teint grisâtre irréel, on la croirait faite de poussière.  

Et les veines saillantes de Trend produisent un effet surprenant, Dennis en a l'estomac noué, elles semblent parcourues par intermittence de rayons lumineux bleutés, comme si un orage intérieur illuminait le corps du jeune homme de ses éclairs.  

«Trend qu'est-ce qui t'arrive bordel, tu es malade?»  

Trend, avec des yeux qui n'ont rien a voir avec ceux que Dennis a toujours connu, dévisage son ami d'un regard où se mêlent agressivité et folie. Et soudain, il lui lance:  

«Tu n'as jamais senti ton pouls battre tellement fort qu'il en sort de ton poignet??»  

Dennis ne comprend pas ce que veux dire son ami par cette phrase.  

«N'es-tu jamais resté des heures, le front contre une vitre, à attendre le seul moment où tu es en vie?» La voix de Trend semble sortir d'outre-tombe, ce n'est plus le même homme. Il continue:  

«Evidemment, pauvre idiot, car tu n'as jamais aimé!!» C'est littéralement un cri qui s'échappe de la bouche de Trend, un filet de bave que l'on dirait rougit par du sang au coin des lèvres.  

Dennis prend sa respiration, il doit faire quelquechose pour son ami:  

«Ecoute, Trend, tu n'as pas l'air d'aller très bien, je vais t'emmener à l'hopital» lance t-il d'une voix la plus douce possible.  

Mais pour toute réponse, Trend porte une main sur le côté de son visage, se prend l'oreille entre deux doigts, et d'un geste brusque l'arrache violement.  

Bizarrement, il n'y a pas de sang, juste un léger nuage de poussière. Et dans un cri frisant l'hystérie:  

«Et serais-tu capable de donner une partie de toi-même pour celle que tu aimes?» et il présente son oreille arrachée face à lui, bien devant les yeux de Dennis, puis il éclate d'un large rire plus proche de la folie que de la joie.  

Dennis se précipite sur le téléphone, il doit appeler en urgence l'hôpital, mais alors qu'il compose le numéro des urgences, son regard se porte sur une petite carte de visite blanche, avec une simple inscription gravée en relief "www.Digital-Baby.com". Tout en patientant à l'écouteur, il saisit la carte, la porte à ses yeux, la retourne, lit les quelques mots qui sont griffonés derrière et la glisse dans la poche arrière de son jean.  

«Votre ami est encore en vie, mais on ne sait pas par quel miracle. Les docteurs n'ont aucune idée de quel mal il est atteint...».  

L'inspecteur Nadia Salomon [Joanna Davis] dévisage Dennis durant de longues secondes, semblant attendre qu'il réponde quelquechose puis continue «...et ni même si la maladie qui le touche est "naturelle"».  

Il est vrai que pour que les docteurs aient prévenu la police, il leur a semblé que quelque-chose était bizarre dans le "cas Trend Mullighan".  

Pour l'instant, Dennis ne répond rien, trop de pensées se bousculent dans sa tête. Il quitte l'hôpital, et prend la route qui le ramène chez lui.  

Il n'a jamais vu ça avant, ni même entendu parler de maladies dont les symptômes correspondent à son ami. Mais au delà du mal qui touche Trend, c'est son discours qui intrigue Dennis.  

Qu'a t-il voulu dire avec ses phrases sur l'amour? Amoureux lui? Dennis aurait été au courant et Trend est quelqu'un d'extraverti, butinant à droite et à gauche, Dennis ne l'imagine pas une minute tomber amoureux.  

Arrivé chez lui, il se sert un Whisky «bien mérité», et sort la petite carte de visite trouvée chez Trend. "www.Digital-Baby.com", jamais entendu parlé de ce site. Il allume son ordinateur et se connecte sur le fameux site.  

La page apparaît, d'un blanc lumineux "Digital-Baby/Services d'Escort Girls Digitales"  

Qu'est-ce que c'est que ça? Trend est suffisament bel homme pour ne pas avoir besoin de payer.  

La curiosité attisée, Dennis appuie sur «Entrée» et arrive sur le menu du site.  

«Passez la soirée avec la jeune femme de VOS rêves, choisissez la base du modèle que vous préférez «. Une quinzaine de modèles toutes à la fois plus belles et plus étranges les unes que les autres sont proposées en photo. Saphoa, Venus, Lilith...  

Dennis ne comprend pas trop la finalité de ce site, toutes ces filles sont irréelles, ce sont des photo-montages, comment peut-on passer la nuit avec elles? Ca doit être une grosse arnaque, étonnant que son ami se soit laissé berner comme ça, il y a quelque-chose qui ne colle pas.!  

Bon, vu la situation Dennis se décide à avancer, il clique sur l'icône d'une des filles «Aeria», puis sur la touche "dés que possible" indiquant à quel moment il souhaite faire appel au service. Une fenêtre apparaît, destiné à prendre le règlement par carte bleue.  

Il hésite, puis tape les numéros. Il s'apprête à enregistrer l'opération par «Enter», mais s'arrête, réfléchis un moment et va se servir un second whisky.  

Il en boit une gorgée, pose son doigt au dessus de la touche «Enter», prend une bouffée d'oxygène, et appuie.Drrrrrgggggg! Sa sonnette retentit.  

Euh, Quoi? qui est-ce qui vient le déranger à cette heure?  

Il va ouvrir, l'esprit encore préoccupé, mais n'en croit pas ses yeux. Une magnifique jeune femme en combinaison de cuir blanche, un maquillage à la fois outrancier et raffiné lui sourit. Mais il ne faut qu'un instant pour deviner que cette créature n'est pas réelle, c'est un hologramme.  

«Bonjour Dennis, je suis Aeria de "Digital-baby", je peux entrer?»  

Dennis ne sait comment réagir, il approche sa main de l'épaule de la jeune femme, et effectivement rien de solide n'arrête sa main.  

«Vous devriez peut-être prendre ça!» et Aeria montre un petit carton posé à ses pieds.  

Dennis, étonné, ramasse le carton et fait entrer la jeune femme. Il ouvre le paquet, à l'intérieur duquel il trouve une sorte de petit sticker rond, dont l'aspect lui rappelle une rustine de vélo.  

«Vous devriez placer ça derrière votre oreille,ça sera plus fun!» explique Aeria. Dennis s'exécute, positionne le petit émetteur. Aeria s'approche de lui, et lui caresse le visage. Et là, sensation étrange, il sent la texture et chaleur de la peau de la jeune femme! Comment-est-ce possible?  

«Nous allons passer à la configuration personnalisée à présent!» commente Aeria.  

Et une fois de plus, Dennis n'en croit pas ses yeux, Aeria lui explique preuve à l'appui, qu'elle peut prendre l'apparence souhaitée par le client.  

Plus jeune, elle prend l'apparence d'une adolescente, plus âgée, ses traits se muent en ceux d'une femme mûre, la taille et la physionomie est adaptable aux goûts de Dennis, elle s'affine, puis prend des forme plus généreuses, ajuste la taille de sa poitrine.  

Elle peut même se dédoubler, mais bien sûr contre un supplément.  

Même le caractère est ajustable, timide ou extravertie, Tigresse sensuelle ou Geisha attentionnée.  

Dennis fait son choix, un peu au hasard à vrai dire, tellement il est subjugué par cette jeune femme irréelle. De multiples pensées contradictoires se bousculent dans son esprit, il oscille en permanence entre désir et méfiance.  

Et lorsque la jeune femme l'installe sur le lit et monte à califourchon sur lui, il est comme sous l'effet d'une drogue.  

Aeria fait glisser la fermeture éclair de sa combinaison, et laisse apparaître un corps parfait, dont on ne sait s'il est fait de chair ou n'est qu'illusion.  

Comme pour mieux répondre à cette question, la jeune femme prend les mains de Dennis, et vient les plaquer contre sa poitrine. Et là, sensation autant étrange qu'agréable, Dennis ressent vraiment la texture et la douceur de la peau.  

Les deux amants commencent leur étreinte, Dennis sentant la tension monter en lui et accompagner les mouvements de hanche d'Aeria.  

Et au moment d'atteindre le paroxysme de leur union, Dennis remarque que les doigts de la main droite de Aeria ont pris une forme beaucoup plus effilée, jusqu'à devenir pointues comme l'aiguille d'une seringue.  

Un sentiment de panique envahit le jeune homme, il y a bien une arnaque derrière tout ça. Mais que faire, la jeune femme est positionnée sur lui, et il sent qu'elle peut avoir une force surhumaine.  

Mais soudain, un éclair traverse son esprit, il peut tenter quelquechose, il donne un grand mouvement de hanche et parvient à lancer son pied contre l'ordinateur resté allumé et connecté à "Digital-Baby", posé à proximité.  

L'appareil vole en éclat contre le mur, et comme un flash, Aeria disparaît comme elle était venue.  

Dennis arrache violemment l'émetteur qu'il s'était placé derrière l'oreille et s'assoit sur le lit, littéralement essoufflé.  

Il lui faut quelques minutes pour reprendre ses esprits et analyser ce qu'il s'est passé.  

Son ami Trend est visiblement tombé dans le panneau, et ce qu'il a cru être de "l'amour" était en fait une addiction générée artificiellement par les créateurs de "Digital-Baby".  

Mais les choses ne peuvent pas en rester là, Dennis attrape la carte de visite et relis les quelques mots inscrits au dos, il a une piste.