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Big Bear Movies présente
Quelques jours dans la vie de Lisiane Frisamour

Ce film a été tourné Caméra à l'épaule.  

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Le ronronnement du métro sur les rails donne un peu de répit à Lisiane Frisamour [Adrienne Haywood]. Elle pose la tête contre la vitre et regarde les murs gris tachés de crasse défiler devant ses yeux. Elle serre son fils Amada [Nicolas Flannery] tout contre elle. Cela fait tellement longtemps qu'elle n'a pas eu un vrai moment de calme. Elle est fatiguée de se cacher, d'être sans cesse aux aguets, surveillant en permanence l'ombre d'un uniforme, ou l'ombre d'un de ceux qui la cherchent.  

Etait-elle plus heureuse il y a encore quelques semaines, vivant des maigres revenus que lui rapportaient ses consultations de «voyante»? Avec un mari Eddie [Réginald Alexander], éternel chômeur, qui passait son temps devant la télé, ou à trainer avec ses copains.  

Mais maintenant, condamnée à se terrer en permanence, dormant dans des halls d'immeubles laissés ouverts par inadvertance, blottie contre son fils de 6 ans, elle ne sait plus ce qui est le mieux.  

Le métro s'arrête, c'est la dernière station, et elle ne peut le reprendre dans l'autre sens, c'est le dernier voyage, il est presque 2h du matin. Elle descend du wagon, pas d'autre voyageur, tout est calme, d'un silence assourdissant. Elle regarde autour d'elle, comme elle le fait toujours, et tire son fils par la manche, il est temps de remonter à la surface. Ses pas et les petites chaussures de son fils résonnent sur le sol de la station de métro, on entend que cela.  

Mais soudain, Lisiane s'arrête au fond de la station, 4 ombres se tiennent en silence.  

 

Les cartes ne mentent jamais. Lisiane à beau battre une nouvelle fois le jeu et les redistribuer, leur verdict est sans appel, elle disent toujours la même chose, son mari la trompe.  

Elle ne se tire jamais les cartes pour elle-même habituellement, mais elle est en proie au doute depuis quelques semaines. Elle veut juste vérifier son intuition. Et les cartes confirment ses craintes, Eddie a bien une maîtresse, et les cartes ne mentent jamais.  

 

Elle ne peut reculer, elle serre plus fort la main de son fils alors que les 4 ombres s'approchent lentement. Ce sont 4 hommes, assez jeunes, mais visiblement agressifs, les 4 paires d'yeux l'observent fixement, tel un renard fixe sa proie.  

«Donne-nous ton pognon maman, et on te laissera partir avec ton chiard!» lance un des jeunes.  

D'une voix tremblante, elle tente d'expliquer qu'elle n'a rien sur elle, qu'ils doivent la laisser partir. En guise de réponse, un des jeunes lui décroche un lourd coup de Rangers dans le ventre. Lisiane s'écroule, en pleurs. Des larmes autant de désespérance que de douleur, et de voir son fils qui se plaque contre elle, lui aussi en pleurs.  

«Tu vas nous le sortir ton fric?» répète le jeune.  

«Arrêtez! Je la connais!»  

C'est une voix féminine qui a retentit.  

Et de derrière un pillier apparaît une jeune fille d'une vingtaine d'années, des piercings aux lèvres, sur le nez, aux sourcils.  

Toujours allongée au sol et malgré sa douleur, Lisiane la reconnaît, c'est Anna [Heather Barker], une jeune marginale à qui elle a tiré les cartes plusieurs fois par le passé. La jeune femme a visiblement de l'autorité sur les agresseurs, elle attrape doucement Lisiane par le bras, et l'entraine à travers les couloirs du métro, jusqu'à une petite porte cachant un débarras où Anna a élu domicile.  

 

De toute façon, le mal est fait. Il est 2h du matin, et son mari est là, étendu dans le lit. Les yeux fermés, on le croirait apaisé. Si ce n'est la longue marque rouge qui lui traverse la gorge. Le sang à commencé à couler le long du lit jusqu'à la moquette élimée de leur petite chambre.  

Il n'a eu que ce qu'il méritait. Les cartes ne mentent jamais.  

Lisiane entre doucement dans la petite chambre où dort son fils avec quelques cousins, récupère deux ou trois affaires qu'elle met dans un grand sac, prend l'enfant dans ses bras sans le réveiller, et descend les escaliers aussi rapidement et silencieusement qu'elle le peut.  

 

Le petit squat d'Anna est vraiment rudimentaire. Dans la journée, les murs tremblent aux passage du métro. Pas de fenêtre, quelques cartons en guise de matelas, mais assez de couvertures pour ne pas avoir froid. Et Lisiane parvient enfin à dormir, de longues heures. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle se sent en sécurité dans ce petit débarras. Elle ne connait pas vraiment Anna, mais elle a confiance en la jeune femme. Et puis dans la situation qui est la sienne depuis des jours, qu'a t-elle a perdre à rester là. Même Amada son fils à l'air un peu plus calme et paraît moins égaré.  

A son réveil, Anna lui offre un peu à manger, et la conversation s'engage entre les deux femmes, Lisiane raconte comment elle en est arrivée là.  

 

Eddie à des amis, c'est certain. Et des frêres, 7 en tout.  

Et ce qui devait arriver arrive. Alors qu'elle parcoure d'un pas alerte une petite rue Parisienne, comme toujours la tête baissée pour ne pas attirer les regards, elle sent comme une étrange sensation derrière elle. Comme un véhicule roulant au ralenti. D'un geste rapide elle se retourne, et son visage se décompose, c'est Henri, un des frêres d'Eddie. Reconnaissant la jeune femme, il arrête la voiture en plein milieu de la chaussée, et en descend précipitamment. Mais Lisiane à anticipé, et elle entraine avec maladresse son pauvre fils dans les petites ruelles Parisiennes. Aprés quelques minutes de course, elle parvient enfin à semer Henri dans le dédale de rues qu'elle connait bien.  

Cela ne fait pas de doute qu'en plus de la police, tous les frêres d'Eddie sont à sa recherche.  

 

Lisiane vient de finir son récit, et Anna la dévisage bizarrement. La jeune marginale la regarde fixement, sans pouvoir dire un mot.  

« Tu vas me dénoncer, Anna? lui demande timidement Lisiane.  

«Oh non, c'est pas ça. C'est juste que je suis venu pas mal de fois me faire tirer les cartes chez toi, car j'aimais bien ta compagnie et que je te trouvais sympa.»  

«Oui?»  

« Mais pas une fois ce que m'ont prédit les cartes ne s'est réalisé».  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique de Nadia Grusin

Nicolas Flannery

Adrienne Haywood

Reginald Alexander

Heather Barker
Musique par Albin Bowie
Sorti le 27 décembre 2019 (Semaine 782)
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