Durée: 1h47  

R-Rated  

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L'île du diable. Bon Dieu qu'elle allait bien porter son nom ! Mais je ne le savais pas encore, ou du moins j'évitais d'y songer. Peu de choses amènent les gens à se rendre ici, même les écrivains anonymes n'y vont pas ! Alors moi... un des meilleurs, promis au plus brillant avenir, quelle malédiction avait bien pu m'y amener ?  

Bien, rien qui soit damnation. Juste un désastreux concours de circonstances qui, en substance, se constituait d'adultère, de violence, de vengeance et de larmes. L'écrivain de talent, la femme de bonne famille,le couple de la réussite incarné. Un enfant, une jeune fille, surenchère et puis merde. J'étais grillé. Viré des sphères qui m'avaient tendu les bras quelques mois plus tôt.  

J'avais alors pris la route, armé d'un stylo et de mon calepin. J’espérais pouvoir revenir, ailleurs, là où on ne m'attendrait pas. Pour tout effacer, et tout recommencer dans une autre sphère, dans un autre monde. Après tout, pourquoi ne pas changer de milieu ? De la haute adepte de romance et d'intellect, je passerais à la populace et lui servirait ses plus grands frisions, attiserais ses plus noirs désirs. Cette expérience m'aiderait à canaliser la haine et les ténèbres en ébullitions au plus profond de mon âme, à les transcrire en mots, en phrases, et les servir au monde. Alors le monde aurait son Livre des Ténèbres, sa face cachée, et il pourrait s'y plonger à tout moment pour refouler et se rendre compte que non ! Non,il n'est pas le seul ! D'autres ont souffert avant lui, et souffriront encore tant que l'univers tournera.  

C'est donc l'esprit assombri que je voyageais. De villages en villages, de bordels en bordels...Rien n'était assez beau, corrompu,diabolique ou que sais-je encore pour assouvir ma soif. Une soif éthylique qui conduisait à une soif perverse. Mais plus les semaines passaient, moins ma soif était satisfaite. Il fallait quelque chose de virulent,il fallait que mon âme rencontre l'enfer.  

C'était le moment de m'embarquer pour cette île maudite. Il n'y avait là qu'une unique ville, très modeste. Personne là-bas ne voyait le mal, et pour être honnête moi non plus. Alors pourquoi ce nom ?  

Plus loin sur la route, comme on dit, exilé de la ville et de la civilisation, il y avait un bâtiment aux allures sinistres. Comme un antique manoir abandonné. Sauf que des lumières et une agitation relative trahissaient la présence d'une vie derrière ces murs. C'était le Trou du Diable. Une maison close où s'assouvissaient les idées pulsionnelles les plus obscures. J'allais y installer mon campement. Pourquoi, je ne saurais le dire. Peut-être que cet endroit m'inspirait. Il y régnait quelque chose de malsain. Une belle définition de mon nouveau moi.  

Les notes commençaient à se faire nombreuses, les bonnes idées ne manquaient pas. Je sentais la vie revenir à moi. Mais un joyeux allait se présenter, comme pour me pousser dans le dos, histoire d'être sûr de ma réussite. Un cadeau du ciel, ou des profondeurs peut-être...  

Un meurtre.  

Puis un autre.  

L’obscénité et l'alcool avaient changé de forme. On parlait désormais de plaisir, et de sang. Tous les soirs je prenais mon pied, j'analysais les meurtres, j'écrivais, et le lendemain un nouveau bain de sang s'offrait à moi. Une enquête. Une inspiration.  

Bon il y avait toujours un air malsains, c'était certain. D'autant que les victimes étaient mes « amies ». Ces filles du diable...  

Allez, qui pouvait bien faire cela ? Un gars de la ville offensé par la réputation que le Trou donnait à son île bien aimée ? Allons donc....  

Qui avait besoin de ça, vraiment besoin ? Qui que vous connaissez pouvait être assez malsain pour ça ? Vous savez bien...  

Ce roman me révélerait son mon vrai jour.