Avertissement, Film interdit aux moins de 16 ans.  

«Trop cool, un cirque!, viens Pierre, on va voir!»  

Lili, 12 ans ( Lucy Wieczorek ) remet sa PSP dans la poche et tire son frêre Pierre, 10 ans par la manche.  

Ils passent au milieu des cages des lions, regardent avec intérêt les éléphants et les chameaux, font quelques grimaces à une girafe attachée à un poteau et se dirigent vers le chapiteau.  

Déjà devant l'entrée les gens font la queue.  

« Papa ne nous donnera jamais des sous pour aller voir le spectacle » dit Pierre en faisant la moue.  

« Attends, répond sa soeur, viens voir par là! «  

Sur le côté du chapiteau, un pan de la tente semble laisser un passage, les deux enfants s'y faufilent.  

« Ah génial, on va pouvoir mater le spectacle sans payer «  

Mais leur attention est attirée par un système de rideaux métalliques, comme dans les magasins, qui entoure la circonférence du chapiteau.  

« Ils doivent baisser ça le soir pour empêcher les voleurs de rentrer «  

« Ouai, bizarre, il n'y a pourtant rien à voler «  

Et les deux enfants vont se blottir dans un coin sombre d'où ils pourront admirer le spectacle en toute tranquillité.  

Les minutes passent, le chapiteau est à présent noir de monde.  

Les lumières s'éteignent, roulement de tambour.  

La musique démarre, air traditionnel des cirques. Quelques fausses note perlent çi ou là.  

« Pas très doués les musiciens chuchote Lili à Pierre»  

Un grand homme ( René Elliott ) en redingote défraichie et chapeau de forme apparaît, Mr Loyal:  

«Madame, monsieur, les enfants, Bienvenue dans le cirque Natas!!  

Applaudissements.  

« Je me présente, Herbert Natas, et je vais avoir l'honneur de vous présenter ce soir des numéros comme vous n'en n'avez jamais vu auparavant. Vous allez, je vous le promet, passer un moment que vous n'êtes pas prêts d'oublier!!»  

Tonnerre d'applaudissements. Pierre et Lili se regardent en souriant, ça augure d'une belle soirée.  

« Mais ne perdons pas plus de temps, place au spectacle! Avec le fabuleux, le fantastique fakir qui nous vient de contrées éloignées, j'ai nommé Mr Radji Fenlamor!  

Un homme, visiblement d'origine hindoue apparaît. Il n'est vêtu que d'une culotte de toile et d'un turban, et tient à la main une valisette. Il est d'une maigreur cadavérique.  

Il ouvre sa valise, qui se déplie sur un trépied.  

A l'intérieur de la valise, soigneusement rangés sur un présentoir recouvert de velours, ses accessoires.  

Mr Fenlamor prend un couteau et lentement, se le plante dans le bras, la lame traversant le muscle émacié.  

Un murmure parcours l'assistance. Certains parents mettent la main sur les yeux des enfants les plus jeunes.  

Le fakir continue comme cela, et se retrouve avec une dizaine de couteau plantés un peu partout sur le corps.  

Mais ce qui choque le plus, c'est qu'habituellement, les fakirs ne saignent pas. Mais de minces filets de sang s'échappent au contraire des endroits où Mr Fenlamor s'est planté ses couteaux.  

Et l'Hindou continue son spectacle.  

Il prend à présent une lame de rasoir, et la place dans sa bouche. Un fakir «normal» aurait avalé l'objet tel quel. Mais Mr Fenlamor lui, mâche la lame métallique. Du sang commence à couler au coin de ses lèvres. Il prend à présent plusieurs lames de rasoir les unes après les autres et tente de les mâcher. Il y ajoute quelques clous.  

Sa bouche et à présent pleine de sang, qui dégouline sur son menton et le long de son maigre torse. C'est à peine si on peut reconnaître le visage qui a commencé le spectacle.  

Le fakir lève les bras et fait un salut, son numéro est terminé.  

Dans la salle, un homme se lève, prenant son fils par la main. Il lance au Fakir « Qu'est-ce que c'est que ce spectacle de tarés, vous allez entendre parler de moi « et il commence à vouloir partir. D'autres spectateurs semblent vouloir l'imiter.  

Un coup de feu retentit. Silence. L'assistance se fige.  

C'est Herbert Natas qui à retiré un révolver de sous sa large veste.  

« Monsieur, lance t-il à l'homme voulant s'en aller, vous avez payé pour un spectacle, il serait fort désobligeant, et même impoli pourrais-je ajouter, de partir avant la fin."  

L'homme paraît en furie « vous êtes des cinglés, pas question que je reste une minute de plus dans ce...» Et il s'écroule, un trou en plein milieu du front. Mr Natas vient de lui loger une balle dans la tête.  

Le présentateur continue « Mesdames messieurs, pour le bien et le confort de tous, je vous demande de vous rasseoir. Et le spectacle continue!!!  

Dans l'assistance, pas une voix ne semble s'élever. Les gens semblent comme pétrifiés de peur.  

Pierre, se tourne vers Lili « Ca craint, on devrait y aller «  

«Non, non, attend un peu, on va voir ce qui va se passer «  

Mr Natas reprend « A présent, place au roi de la jungle, à l'empereur de la savane, Notre Lion Terrifik!  

Les roadies ont installé une cage au milieu de la piste.  

Un homme entre, vêtu en costume de dompteur, un fouet à la main.  

Fouet qu'il fait claquer au sol. Un lion énorme apparaît. Terrifik, il porte bien son nom.  

La suite du spectacle est assez traditionnelle.  

L'ambiance dans les gradins semble se détendre.  

Le dompteur fait faire quelques numéros au lion, le faisant monter sur une planche en équilibre, le faisant se dresser sur ses pattes arrières.  

Puis vient le clou du spectacle.  

Le dompteur s'approche de la tête de l'animal, lui écarte la large gueule, et vient plonger sa tête dans la gueule béante.  

Du bord de la scène on entend Mr Natas « A toi, Terrifik!» Et le lion referme ses canines acérées sur le cou du dompteur. Le corps sans tête de l'homme s'écroule au pied du félin, dans une mare de sang. Visiblement, le lion a avalé la tête de son dompteur.  

Mr Natas surgit: « Et on applaudit bien fort Terrifik, le roi des animaux.»  

Pas un bruit.  

L'orchestre vient casser le silence avec un air criard et dissonant.  

Les spectateurs semblent figés devant le spectacle qu'ils viennent de voir.  

S'ensuit un numéro de lanceur de couteaux « Mister Schizo». L'artiste demande la participation d'un volontaire dans la salle. Ne trouvant évidement personne, deux roadies se chargent d'en désigner un qui est fixé sur un grand cercle en bois tournant sur un axe.  

Mr Natas fait tourner la roue «La roue de l'infortune» lance t-il avec un sourire.  

Le lanceur projette son arme contre la roue, couteau qui vient se loger entre les deux yeux du spectateur.  

« Et on applaudit Mister Schizo, l'homme qui ne rate jamais sa cible «  

L'orchestre reprend de plus belle, mais sa musique est de plus en plus dissonante, à la limite de l'atonal.  

La piste est à présent complètement débarrassée, et à la surprise ( ou l'inquiétude ) générale, les roadies viennent déposer tous les 50 cms de longs couteaux acérés sur le petit rebord entourant la scène.  

Puis il viennent disposer des chaises en cercle au milieu de la scène, chaises tournées vers les spectateurs.  

Tous les membres de la troupe du cirque viennent s'asseoir sur les chaises.  

« Et maintenant, place au clou du spectacle, si je puis dire. Voyez-vous mesdames et messieurs, voilà plus de vingt ans que le cirque Natas s'emploie à distraire le public un peu partout dans notre pays. Si bien que récement, nous avons pensé qu'il serait bon que parfois, ce soit le public qui vienne nous distraire. Vous trouverez face à vous des armes, et bien, à vous de nous offrir un spectacle en vous en servant contre votre voisin. Il n'est pas sans dire que votre participation est obligatoire."  

Lili chuchotte à Pierre « Là, il est vraiment temps qu'on se barre «, et ils se glissent à l'endroit où la tente avait un jour. A peine sont-ils sortis, que les rideaux de fer entourant le chapiteau, se baissent lourdement. Ces rideaux servaient à empêcher les gens de sortir, pas d'entrer.  

Des cris commencent à se faire entendre un peu partout sous la grande tente.  

« Vite tirons-nous, Pierre «  

Ils ne savent pas encore que le spectacle continue en ville.