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Big Bear Movies présente
Libellule

Emilie [Adria Froese] dévisage pendant de longues minutes l’inspecteur Briand [Sebastian Tilford] assis en face d’elle. Le fonctionnaire de police a les traits anguleux, une allure arachnéenne dans un costume qu’il a du mal à remplir, mais malgré cela, il inspire une certaine sympathie à la jeune fille. Mais elle lui a dit tout ce qu’elle savait, elle n’a aucune idée d’où se trouve Marie [Ada Kalmar] depuis deux jours.  

Marie, sa meilleure amie depuis leur plus tendre enfance. Emilie à encore en mémoire les merveilleuses après-midi qu'elles passaient à s’amuser toutes les deux pendant les vacances d’été, lorsqu’encore enfants, elles allaient au bord du grand étang. Si on pouvait appeler ça un étang. Une grande étendue d’eau marécageuse où elles aimaient se réfugier, cachées dans les roseaux.  

Elles avaient alors de longues conversations, et souvent Marie étendait ses bras graciles et se mettait à courir le long de la berge « Je suis une libellule, la reine des libellules. Et toi, tu n’es qu’une vulgaire puce d’eau! s’exclamait elle en riant.»  

Et cela se finissait irrémédiablement dans l’eau boueuse, peu importe ce que diraient leurs mères respectives en les voyant rentrer complètement trempées.  

 

Mais depuis deux jours, Marie n’a pas donné signe de vie, ni ses parents, ni le lycée ne savent où elle est. Et Emilie, malgré le lien d’amitié qui les lie, n’en n’a pas la moindre idée non plus.  

L’inspecteur Briand se lève, il repassera dans quelques jours si la situation n’a pas évolué, et Emilie lui promet de l’appeler s’il lui revient un détail permettant de retrouver son amie.  

 

Le jour tombe doucement, Emilie se décide à rendre visite aux parents de Marie, il faut qu’elle fasse quelque-chose. Mais une fois arrivée, la grande maison est désespérément vide, les deux adultes sont peut-être au commissariat ou chez des amis qui pourront les soutenir.  

La jeune fille se décide, elle contourne la maison et, après s’être appuyée sur une poubelle, parvient à escalader le mur de brique en se maintenant à la gouttière, jusqu’à la chambre de Marie. Elle a fait ça de nombreuses fois pour rejoindre son amie. La fenêtre s’ouvre sans problème, et Emilie enjambe le parapet et pénètre dans la chambre. Tout est calme et sombre.  

Un regard circulaire dans la pénombre, la chambre est propre et bien rangée, presque trop. Son attention se porte sur le petit tableau représentant une libellule peinte maladroitement par on ne sait qui.  

 

Voila ce qu’ Emilie cherche. Elle soulève le tableau, et retire de derrière un petit cahier, journal intime comme en gardent en secret de nombreuses adolescentes. Les premières pages n’ont que peu d’intérêt, Emilie les a déjà lues. Elle passe directement aux dernières notes, au milieu du cahier.  

Ces pages du milieu n’ont d’ailleurs pas le même aspect que les autres, elles sont comme plus chiffonnées, l’écriture est irrégulière et hésitante, et l’on pourrait croire qu’il y a comme des gouttes d’eau qui sont tombées sur les pages, au point d’en rendre baveuse l’encre de certaines lignes.  

Emilie commence à lire.  

Elle découvre comment son amie est rentrée un peu plus tard que d’habitude il y a deux jours. Comment, au détour d’une petite rue, quelqu’un a surgit et l’a soudain plaquée contre le mur froid et rugueux.  

Des mains robustes se sont refermées sur mes poignets.  

L’écriture est hachée et maladroite, une grande tension transparait des mots qui s’enchaînent, parfois sans cohérence apparente.  

Je crois qu’ ils étaient trois, mais je ne pouvais pas les regarder, on appuyait mon visage sur le côté . Je sais qui sont ces porcs.  

Emilie aussi pense qu’elle les connait. Elle imagine une larme s’échappant de l’œil de son amie, qui ne peut crier, mais laisse échapper un sanglot sourd.  

Je sentais un souffle haletant contre ma joue, un haleine lourde, répugnante comme celle d’un cafard. Et soudain l’un d’eux a déchiré ma jupe d’un geste violent. Et puis, un liquide boueux m’a envahit, auquel s’est mêlé quelques gouttes de sang.  

Les agresseurs partis, j’ai rejoint péniblement ma maison.  

La fin est à peine lisible, Emilie a du mal à déchiffrer les derniers mots qui se mélangent entre eux, comme une poignée de cailloux jetés dans l'eau.  

En arrivant, j’ai passé plus d’une heure sous la douche, frottant avec insistance chaque millimètre de ma peau.  

Fin de mon journal. Il est temps…  

 

Emilie lâche alors le journal, le regard dans le vide.  

«il est temps«? qu’a voulu dire par là son amie?  

Une pensée fugitive lui traverse l’esprit .  

Elle enjambe a nouveau la fenêtre, et une fois en bas, elle se met à courir. Vers le grand étang.  

 

La nuit règne sur l'étendue d'eau marécageuse. Seule la lune semble vouloir éclairer un peu la surface de l'eau.  

Emilie fait le tour de l'étang, trébuchant sur des branches d'arbres tombées là, se griffant les chevilles au contact des ronces. Mais la découverte ne se fait pas attendre, à un endroit qu'elle connait bien, elle aperçoit Marie accroupie entre les roseaux.  

Emilie s'approche. Son amie à les cheveux sales, un peu de rimel à coulé sur ses joues, l'eau boueuse de l'étang à laissé des traces sombres le long de ses jambes et de ses bras.  

Elle paraît frigorifiée, une couverture la recouvre, mais elle paraît nue en dessous.  

Emilie s'approche doucement.  

«Marie.. susurre t-elle pour ne pas heurter son amie.  

Marie lève lentement les yeux. Un frisson parcourt Emilie, son regard à l'air vide, comme si toute pensée l'avait quitté.  

«Laisse-moi, je suis avec mes sœurs parvient-elle à articuler.  

Emilie fait à nouveau un pas en avant, puis s'accroupit lentement face à son amie  

«Laisse-moi, je suis avec mes sœurs, recommence t-elle, comme un leitmotiv. Avec mes sœurs les libellules, c'est ici ma place.  

Emilie ne sait que dire, elle est comme hypnotisée par la pâleur mélangée à la boue, par le regard vide de la jeune fille. Et soudain, elle aperçoit au coin de l'épaule de Marie comme une trainée de sang séché. Elle approche doucement sa main et tire un peu l'épaule de son amie.  

C'est avec effroi qu'elle aperçoit deux larges bouts de tissu que son amie s'est cousue maladroitement dans le dos, à même la peau.  

Des ailes de libellule.  

« Viens Marie, il est temps de rentrer, dit-elle doucement.  

 

 

L'agresseur: Brendan Badelt

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique de Nadia Grusin

Sebastian Tilford

Ada Kalmar

Brendan Badelt

Adria Froese
Sorti le 04 octobre 2019 (Semaine 770)
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