Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Chpom Entertainment présente
L'Histoire de Kioko

Réalisé par Gary Moon et Juliette Strawberry  

Écrit Gary Moon  

 

 

---  

 

 

 

Les chaussures de Monsieur Nanbu (voix de Leonardo Scherzo) claquaient sur le sol dur et résonnaient d’un bout à l’autre du couloir. Il avait toujours fine allure dans son costard taillé sur mesure. Il soupira en s’approchant de la porte.  

 

Deux petits coups avec le doigt, puis Monsieur Nanbu pénétra dans la grande pièce silencieuse. Un grand piano à queue noir et brillant attirait le regard. Il brillait tellement qu’on aurait dit du marbre. Au fond de la salle, près des immenses fenêtres, Kioko (voix d’Alisa Ballard) était assise sur son tabouret d’étude. Elle tenait son violoncelle contre elle et son regard était irrémédiablement cloué vers l’extérieur. Monsieur Nanbu resta quelques minutes de l’autre côté, silencieux également. Que devait-il faire ? Devait-il continuer et donc la forcer presque à travailler son instrument ?  

 

Lentement, il marcha à reculons jusqu’au seuil de la porte et sortit sans faire de bruit. Il était temps de manger et il appellerait Kioko pour son repas.  

 

 

 

Les notes se faisaient rares. Parfois, elle laissait glisser son archer sur une des cordes : un son timide et désaccordé en résultait. C’était comme si elle jouait sur ses propres boyaux. Autrefois, son père l'accompagnait au piano et elle jouait volontiers pour sa mère. C'est différent maintenant. Une larme coula sur sa joue puis s’arrêta en bas du visage. Elle tomba. Lorsqu’elle percuta l’instrument en bois, la larme le fit résonner. Ce léger son sortit Kioko de sa rêverie. Elle regarda son violoncelle, essuya sa larme.  

 

Elle retourna l’instrument pour le mettre en travers sur ses genoux et elle se mit à tapoter dessus avec ses doigts comme on tapote sur un bongo. Rapidement, elle se mit à taper avec plus de force, de vigueur, toujours en rythme. Elle dansait et sa respiration s’emballait. Elle souriait, son cœur battait la chamade. Ses doigts se mirent à taper tout seuls, elle eut bientôt l’impression de ne plus rien maîtriser.  

 

Son regard se posa sur l’imposant piano noir au milieu de la pièce. Laissant peu à peu les rythmes joyeux s’en aller, ses doigts se mirent à jouer du piano sur le violoncelle. Elle jouait si fort que soudainement, le violoncelle se brisa, laissant passer les doigts de la jeune adolescente à travers son corps en bois. Elle continua de jouer sur l’instrument mort puis se leva soudainement et traversa la salle silencieusement. Le froid du sol gelait ses pieds nus.  

 

Toujours discrètement, elle sortit dans le long couloir. Vers la gauche, elle se mit à courir aussi vite qu’elle le pût.  

 

 

 

Plus tard, Monsieur Nanbu vint chercher la jeune fille, il fut stupéfait de trouver l’instrument dans un tel état. Immédiatement, il monta dans une des chambres de la mère de Kioko pour l’alerter. La mère (voix d’Ines Ballard) assura que sa fille devait évidemment se trouver dans sa chambre.  

Monsieur Nanbu s’inclina légèrement et partit vers la chambre de Kioko en sachant pertinemment qu’il ne l’y trouverait pas. Quand il arriva dans la petite pièce, le lit était effectivement vide, et Kioko n’eut pu se cacher nulle part autre que dans son lit. Il la connaissait bien. Mais il leva le regard et, par la petite fenêtre, il put apercevoir Kioko de dos qui marchait lentement vers la forêt verte. Il crut bon un instant de lui courir après mais il se ravisa finalement. Cela devait arriver un jour ou l’autre.  

 

« - Quoi ? Mais c’est impossible ! s’étonna la mère. J’espère qu’elle n’a pas eu le temps de se rendre dehors ! Il faut l’en empêcher ! Avez-vous fermé les portes ?  

- Les portes sont toujours fermées » rassura Monsieur Nanbu en hochant la tête.  

Soudainement, la mère se leva en direction de la salle de musique. Monsieur Nanbu savait qu’elle y trouverait l’instrument cassé. Il savait que cela la mettrait dans tous ses états et qu’elle l’incomberait de toute la faute. Il la suivit discrètement jusqu’au couloir. Ce couloir semblait extrêmement long pour une femme fébrile. Lui, toujours droit, se tourna vers les grandes fenêtres. Au fond de l’immense jardin, il aperçut Kioko qui était à la lisière de la forêt. Avant d’y pénétrer, elle se retourna vers le manoir.  

 

De dehors, il ressemblait à un vieux château plusieurs fois brulé, détruit, puis reconstruit. Ses formes étaient agressives, puissantes et hantées de courbures débordantes.  

 

La mère en était au milieu du couloir et ses pas trainaient sur le sol tels des larves. Monsieur Nanbu se tourna vers la magistrale porte d’entrée du manoir. Il saisit la poignée et regarda une dernière fois la vieille dame dans le couloir. D’un geste fort, il ouvrit la porte et se lança dehors. Kioko le regardait, au fond. Il courut tant bien que mal vers elle à travers les plantes et les pelouses tout en essayant de conserver un maximum de dignité. La jeune fille en sourit.  

 

Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il s’expliqua en s’inclinant :  

« - Je tenais à faire ce voyage avec vous.  

- Que trouve-t-on derrière cette forêt, Monsieur Nanbu ?  

- Je l’ignore. Mais le Japon n’est pas bien grand » plaisanta-t-il.  

 

La forêt était sombre et laissait apercevoir une faible lueur de l’autre coté.  

 

La porte du manoir claqua fortement au loin. Monsieur Nanbu et Kioko aperçurent la mère leur courir après en hurlant. Ils se précipitèrent dans la forêt. A toute vitesse, Kioko menait la course en augmentant toujours la vitesse de ses foulées. Derrière lui, Nanbu suivait tant bien que mal en vérifiant que la mère, qui le menaçait en jurant, ne se rapproche pas trop.  

Ils atteignirent la lumière. Kioko fut violemment éblouie si bien qu’elle en eut mal aux yeux.  

 

« - C’est le dernier voyage vers chez Eve » dit une petite voix. C’était celle du Chauffeur (voix de Richard Neil). Il la prit par la main et la fit s’asseoir dans son train. Un train aux allures vieillottes et tout de violet peint. Assis dans sa petite cabine, le Chauffeur se mit à pédaler et son train fit un bruit de locomotive.  

 

Kioko se retourna vers la forêt, elle vit Monsieur Nanbu en sortir apparemment épuisé mais toujours droit. Il faisait des signes au Chauffeur pour qu’on l’attende. Le train de ralentit pas, et Nanbu attrapa de justesse le dernier wagon. Il rejoignit Kioko et s’assit à coté d’elle. Tous deux regardèrent en arrière. Lorsque la mère sortit de la forêt, elle se transforma en une forme humaine gluante et épaisse puis s’étala au sol. La forme se rétracta à l’ombre de la forêt. Kioko et Nanbu se regardèrent, stupéfaits.  

 

Le Chauffeur eut un rire narquois. Il se mit à pédaler de plus belles. En face de Kioko était assise une femme aux yeux embués (voix de Camilla Klein). Elle semblait muette. Son cou probablement délicat était caché par une écharpe grise. Sa bouche était luisante et son nez si fin qu’il fallait le chercher du regard pour l’apercevoir. Elle tenait dans sa bouche un de ses cheveux noirs. Ses cheveux était vraiment très noirs et sa peau blanche. En fait, elle n’avait pas de couleur.  

 

D’une petite voix, elle demanda à Kioko et Nanbu :  

 

« - À quel arrêt descendez-vous ? »  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série A d'animation (Manga fantastique) de Gary Moon

Richard Neil

Alisa Ballard

Leonardo Scherzo

Camilla Klein
Avec la participation exceptionnelle de Juliette Strawberry, Ines Ballard
Musique par Joanna Kwiat
Sorti le 09 août 2019 (Semaine 762)
Entrées : 15 892 721
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=15463