Un scénario d'Evan Rycley et d'Evangélina Walling II, avec :  

- Ivan Franke : Thurdas  

- Daniele Taufen : Haut-Chef des Lieux/Gamerick Waves  

- Lucy Wieczorek : Sarba  

- Lydia Jurmann : Guinerya  

- Ivan Harrison : Capitaine Bordi  

- Sebastian Kaida : Professeur Abraas Stolen  

Thurdas courait à en perdre haleine. Il traversait les pleines d'Haumalgiar pour rejoindre sa mère malade. Il avait le médicament destiné à la sauver. Il le tenait fermement, le serrant contre son torse d'enfant, près de son cœur. Il espérait qu'il ne soit pas trop tard, que sa mère serait toujours en vie à son retour et que grâce au remède, elle vivrait encore longtemps. Le vent glacé de la nuit s'engouffrait sous ses vêtements, mais Thurdas n'y prêtait pas attention, trop focalisé sur son objectif à atteindre.  

Il arriva chez lui, une petite cabane au bord de la rivière Cahain, alors que l'aube pointait son nez à l'horizon. Il se précipita au chevet de sa mère, qui respirait avec peine, mais au moins, elle était en vie. Thurdas lui administra le remède comme le lui avait expliquer le médecin, puis attendit durant des heures que sa mère se rétablisse. Il finit par s'endormir, tenant la main de celle qu'il aimait tant.  

Il rêva de bleu. Les trois lunes de la Triarch lui blessaient les yeux tellement elles étaient lumineuses. A ses pieds, quelque chose brillait. Il se pencha et ramassa l'objet. Une amulette tenait dans sa paume. Elle brillait de bleue. Au centre, quelque chose s'agitait, comme de l'eau vivante emprisonnée dans du verre. Intrigué, le garçon secoua le pendentif. Un vent violent se souleva et Thurdas resserra sa fine veste autour de son corps amaigri. Glissant l'objet merveilleux dans sa poche, le garçon reprit conscience.  

La main de sa mère était froide. Thurdas, légèrement déséquilibré, se leva pour aller chercher une couverture, qu'il glissa sur le corps endormi de sa mère. Il se pencha sur elle, essayant de la réchauffer par sa chaleur corporelle. Le garçon embrassa la joue glacée de sa mère. Elle était sans vie. Une larme roula le long de sa joue d'enfant. Il était désormais seul.  

Thurdas ouvrit les yeux brusquement. On venait de frapper à la porte. Il se pencha fébrilement à la fenêtre. Des gardes. Que faisaient-ils si loin de la ville ? Le garçon décida de ne pas se montrer. La porte explosa alors qu'il se blottissait dans un coin, prêt du lit où sa mère reposait.  

Un colosse apparut dans l'embrasure de la porte. L'homme le souleva de terre et le glissa sur le dos de son cheval, sous les supplications désespérées de Thurdas, qui refusait de quitter sa mère. Mais le garçon s'épuisait en vain à se débattre contre le géant. Des jours qu'il n'avait pas manger, et avec tous les efforts qu'il avait fourni ses derniers jours, il n'en pouvait plus. Le galop de la monture qui le portait fini par le bercer.  

Une giclée d'eau le réveilla. Un garde souriait de l'autre côté des barreaux et lui tendit une gamelle de nourriture. Thurdas ne rechigna pas et dévora son assiette. Le chariot où il se trouvait bougea et le garçon tangua, avant de s'asseoir. Il fut conduit au château, pour rencontrer le Haut-Chef des Lieux.  

L'intérieur était somptueux. Des dorures partout. Thurdas se demandait pourquoi, si le Haut-Chef était si riche, ne partageait-il pas ses richesses avec les pauvres qui mourraient de faim. Le garçon, escorté par un groupement de garde, s'enfonça dans le château, jusqu'à arrivé dans une grande bibliothèque surmontée d'étages de livres. Un homme trônait au centre de la pièce et fit signe aux gardes de quitter les lieux pour le laisser seul avec l'enfant.  

L'inconnu, surement le Haut-Chef des Lieux, lui demanda si on l'avait bien traité. Thurdas répondit par un haussement d'épaule.  

L'homme parut gêner et se massa la nuque. Il tendit un livre à son invité et lui demanda s'il savait lire. Le garçon n'osa répondre. L'homme supposa donc que non. Néanmoins, il attrapa un autre livre, plus épais et plus ancien qu'il posa sur la table devant l'enfant. Sur la couverture, Thurdas reconnu l'amulette qu'il avait vu dans son rêve. Comment était-ce possible ?  

L'homme se rapprocha de son invité.  

"Il me semble que tu as volé quelque chose".  

L'enfant releva les yeux, surpris. Il croisa le regard d'un bleu profond de son interlocuteur. Deux billes pâles, semblables au cœur du médaillon de son rêve, mais en moins vifs.  

"Je n'ai rien volé" dit Thurdas avec assurance.  

L'homme parut déçu. Il montra l'amulette sur la couverture. Il expliqua que c'était la sienne et qu'il l'avait perdu. Thurdas n'aimait pas cet homme. Sa compagnie lui glaçait le sang, mais il ne savait pourquoi. En apparences, le Haut-Chef était joviale, mais derrière ce sourire aimable, l'enfant le sentait, se cachait un démon. D'abord, il laissait mourir de faim son peuple et en plus, il semblait cacher quelque chose de bizarre.  

L'homme reposa sa question.  

"Est-ce qu'il avait déjà vu ce médaillon ?"  

L'enfant fit non de la tête. Tout ça l'ennuyait.  

"Alors je n'ai pas le choix..." susurra-t-il entre ses dents.  

Il appela ses gardes, qui enfermèrent le garçon dans une geôle humide et moisie.  

Enfin seul, Thurdas glissa la main dans sa poche, là où il avait laissé le médaillon dans son rêve. A son plus grand étonnement, il en sortit l'amulette. Au loin, une grille grinça. Paniqué, l'enfant rangea le précieux objet dans sa poche. Il ignorait pourquoi le Haut-Chef le voulait, mais il était hors de question de le lui remettre, Thurdas s'en était fait la promesse.  

Un matin, on vint le chercher. Les gardes lâchèrent quelques informations. Le Haut-Chef avait donné l'ordre de le balancer dans la Cahain, près des chutes, la où la rivière était la plus forte. Apparemment, ce n'était pas la première fois qu'un enfant était jeté dans l'eau rapide, assuré d'une mort par noyade.  

Au bord du précipice, Thurdas mit la main dans sa poche et serra l'amulette de toutes ses forces. Il ne la lâcherait pas, quoi qu'il arrive. C'était pour ça qu'il mourrait, il l'emporterait au ciel avec lui pour qu'elle ne tombe pas entre les mains de ce monstre de Haut-Chef.  

Un garde le poussa, et l'enfant débuta sa longue chute jusque dans l'eau.  

Atteindre la surface de l'eau lui fit l'effet d'une claque. Il perdit connaissance un court moment, puis se débâti dans les ténèbres glaciales. Il ne savait pas nager, comme tout les pauvres et il se noierait donc assez rapidement. Il coula, emporter par le poids de sa veste, l'amulette dans sa main, l'empêchant de se débattre correctement. Il ne pouvait plus respirer alors qu'il en mourrait d'envie, de besoin. Il ferma les yeux, priant sans être très croyant, le médaillon vibrant dans sa paume.  

Les gardes ricanèrent devant la chute de leur pauvre victime. S'il ne mourrait pas avec le choc de la surface, il se noierait au bout de quelques minutes. Ils s'apprêtaient à retourner au château, lorsqu'un geyser apparut, les arrosant au passage. Les gardes se penchèrent par dessus les cascades. Un trou béant crevait l'eau, formant un endroit sec au milieux de la rivière. Les colosses n'en croyaient pas leurs yeux. L'un d'eux ordonna d'aller prévenir le Haut-Chef, mais l'homme apparut. Il sortit un pistolet et fit feu sur ses hommes. Observant le garçon, en bas, rejoignant la terre ferme, l'homme de pouvoir fut satisfait. Il allait attraper ce malheureux garçonnet et l'étriper tout en récupérant sa précieuse amulette.  

Rien ni personne ne se mettrait en travers de son chemin.