Un scénario d'Evangélina Walling II et Silvane Harrita, avec :  

- Jace Shaun Crawford : Markus  

- Tabira Baulman-Romkins : Lorèl  

- Rhiam Finch : Leïlo  

- Virginia Mirren : Mikkaë  

Un bruit assourdissant me vrillait les tympans. J'ouvris soudainement les yeux. Ma mère s'agitait sur son siège, à côté de moi. Elle bouclait sa ceinture de sécurité. Elle me vit la regarder et elle hurla quelques mots qui se voulaient rassurant par dessus le vacarme ambiant. On fut secouer violemment et plaquer contre nos sièges. On perdait de l'altitude, on s'apprêtait à se cracher. Ma mère saisi ma main et la serra fort, si fort, qu'aujourd'hui encore, quand je repense à cette scène, ma main me pique, comme un mauvais souvenir qui lui est propre, propre à cette partie du corps seulement, qu'elle refuse d'oublier.  

Moi, c'est le tout que je refuse d'oublier. Ce cauchemar hante mes nuits et ce depuis près de dix ans, depuis que des bombes nucléaires ont péter aux quatre coins de la planète, réduisant en cendre l'humanité et laissant que peu de survivants devenus des barbares sanguinaires sans foi, ni loi.  

Je me réveille, cette odeur de souffre constante m'irritant le nez. J'allume la torche prêt de moi, qui illumine mon repaire d'une lumière vacillante, repoussant les ténèbres avec peine. J'enfile mes vêtements que j'avais mis à sécher après une lessive bien méritée. J'attache mes chaussures usées par les semaines de marche forcée. Depuis que j'ai fui l'Orage, anciennement Détroit, le refuge abritant les quelques centaines de personnes encore vivantes dans l'est des États-Unis, je ne m'arrête que pour manger et dormir. Je marche sans but, ni raison, j'erre loin de chez moi.  

Après un maigre repas composé de lamelles de viande de rat et de flageolets en boîte, je repars vers l'ouest, comme à l'époque de la Conquête, peut-être dans l'espoir de trouver quelqu'un, un survivant qui, comme moi, cherche à combler sa solitude.  

Après à peu près sept mois de marche, des emmerdes à tir larigot et sans personne d'accueillant et de civilisé en vue, j'atteins Salt Lake City, dans l'Utah, sans savoir ce que cette ville me réserve. J'ai décidé d'y poser mes bagages pour quelques temps, juste pour me reposer et faire le pleins de provisions. En clair, environ deux semaines, pas plus, sinon les Nucléairiste risquent de me repérer.  

Dans un ancien camp de réfugiés de la Première Vague Nucléaire, je pose mes affaires sous une tente en à peu près bon état. Je passe mes premières journées à explorer la ville et déniche une belle collection de livre en parfait état. Les livres... Un baille que je n'en avais pas vu, encore moins lu. Je m'installe sur mon lit de fortune et passe mon temps à bouquiner. Une fois mes provisions presque épuisées, il faut que je me bouge pour en récolter des nouvelles. Je me rends alors dans un super marché, fouillant les rayons à la recherche de boîtes de conserves ayant une belle apparence. Je pose ensuite des piège dans la pleine, là où de petits animaux rôdent la nuit. Pour l'eau, elle ne manque pas avec le lac souterrain déterré par la bombe, dix ans plus tôt. Ainsi, je reprends mon rythme de lecture.  

Voilà le moment de récolter les pièges. Je souris en voyant de petits lapins morts dans mes filets. Je vais me régaler avec de la viande fraîche. Quel festin ça va être !  

Je remonte la colline, vider les derniers pièges que j'y ai laissé. A mon plus grand étonnement, j'ai récolté plus qu'un petit lapin affamé. Une jeune fille gît, inconsciente, le pied tout boursouflé et ensanglanté, coincé dans une de mes trappes.  

Avec soin, je glisse ma clé dans la serrure de la trappe et dégage le pied abimé.  

La jeune fille est brune, les cheveux crasseux de souffre. Une mèche lui tombe sur le visage et d'un doigt tremblant, je la lui glisse derrière l'oreille. Elle est plutôt jolie. Je n'ai pas vu de fille depuis que j'ai quitté l'Orage, en tout cas, pas une que je pouvais approché sans risque de me faire tuer. Enfin, c'était vite dit, car elle se réveille d'un bond et se jette sur moi. Je roule sur le dos, pendant qu'elle court, d'une démarche boiteuse, effrayée. Je ris à ce spectacle. Rita, une charmante demoiselle résidant à l'Orage, me disait constamment que je n'étais pas du genre à faire fuir les filles, bien au contraire ! Apparemment, elle ne me connaissait pas dehors, tel un loup solitaire puant et effrayant.  

Je lui cours après, tentant de la rassurée, mais elle me rejette, plus vigoureuse que jamais. Ce spectacle finit par m'accabler. Dans quel monde vit on ? J'y pense depuis que j'ai quitté de refuge de Détroit et me demande constamment si ce n'était pas mieux la vie là-bas. Ces sauvages organisaient peut-être des rites barbares de sacrifices d'innocents et étaient peut-être cannibales sur les bords, mais partout dans le monde, c'est sauvage désormais. Qu'avais-je espéré à la fin ? Retrouvé ma vie d'avant, quand je n'étais qu'un gamin et vivais heureux avec mes parents ? Folie !  

La jeune fille titube et s'échoue dans mes bras, faible. Je la porte alors à mon campement, en la lovant dans mes couvertures.  

Elle reste inconsciente et fiévreuse durant des jours et je la nourrie avec force et difficulté. Elle hallucine, divaguant dans ses songes, se débattant dans les couvertures trempées de sueur.  

Quand enfin elle rouvre les yeux, semblant être elle-même, je dois la rassurée pour qu'elle reste tranquille. Je me présente, Markus et elle se nomme, Lorèl. Puis elle replonge dans l'inconscience.  

Elle me rejoint quelques jours plus tard, alors que je lui prépare une tente, à côté de la mienne, pour son intimité. Visiblement, je pensais qu'elle resterai, mais elle avait à faire apparemment.  

Quand j'appris qu'elle s'en allait, je décida d'en faire autant. Nous voici donc parti pour San Francisco, régler une mission de la plus haute importance, à ses dires. Officiellement, je partais rejoindre Los Angeles, mon objectif de départ, officieusement, je resterai avec elle jusqu'à ce que sa mission soit remplie. Je crois que je me suis amouraché d'elle.  

Si j'avais su que j'allais mainte fois risqué ma vie dans cette quête folle dans l'espoir de sauver le peu d'êtres humains qu'il restait, je crois que j'aurais fait demi-tour, direction l'Orage, tant pis pour sa sauvagerie, tant pis si j'abandonnais cette fille à son triste sort.  

Mais le destin en avait décidé autrement...