Interdit en salles aux mineurs de moins de 12 ans.  

Un film de Juliette Strawberry  

Clement Dolby  

Gwendolyn Rasmuson  

Camilla Klein  

Leonardo Scherzo  

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Le slogan est alléchant : « Votre vie devient votre rêve de toujours et sans retour ! ».  

Il faut être un peu fou, mais aujourd’hui beaucoup de personnes se sont déjà laissées tentées par cette nouvelle technologie encore inégalée depuis cinq années. C’était le début d’une révolution et c’est maintenant une nouvelle aire pour cette humanité désabusée et bornée au triste quotidien.  

Quentin (Clement Dolby) passe son chemin.  

Ils vous allongent sur un lit confortable. Ils vous connectent d’abord au Centre Lecteur qui analyse vos souvenirs (bons et mauvais), vos envies, vos désirs, vos pulsions, … Puis le Centre Lecteur transmet une équation complexe au Centre Créateur qui se chargera de créer le monde de vos rêves. Il y a les personnes que vous désirez, les endroits que vous désirez et il s’y passe ce dont vous avez toujours eu envie. Votre cerveau et connecté au Centre Créateur et l’interaction commence. Vous êtes libres de décision, d’action et vos 5 sens sont préservés (voire rétablis). Pendant ce temps, votre corps –qui ne vous sert plus- est entretenu : nourriture régulièrement ingérée ; stimulation des muscles, …  

Newway, l’entreprise qui propose ce service, n’a rien de la multinationale mal intentionnée et nocive à l’environnement. Ce n’est plus la mode.  

Pour prouver ses bonnes intention, le créateur de l’affaire : Mark Zufen a été le premier à se connecter au Centre Créateur en respectant les conditions. Dans son nouveau monde, le « connecté » a tous les choix, sauf celui de se déconnecter et de mettre fin à son monde de rêve. C’est une condition au bonheur : ne pas avoir le choix de le vivre. Seconde condition, la durée de vie n’est pas modifiée. On peut mourir connecté, et là non plus aucun retour en arrière possible.  

En revanche, la machine interprète votre taux de « happiness ». Si vous êtes malheureux, elle le repère grâce aux signes de dépression et elle arrête votre calvaire. Le patient a alors le choix entre différents services qui visent tous la réussite de l’opération : tout le monde a droit au bonheur.  

Deux jours après son lancement, l’écran dans la chambre de Mark annonçait « HEUREUX » en vert clignotant. La nouvelle faisait le tour du monde. Des centaines de désespérés, riches et pauvres, s’inscrivaient sur les listes d’attente. Newway construisait par dizaines les nouvelles chambres destinées à recevoir leurs patients. Les Centres Lecteur et Créateur étaient démultipliées. C’est une affaire qui marcha rapidement. Et le taux de happiness restait bloqué à 100%. Aucun échec.  

« Pour le moment… » pense Quentin, affalé sur le canapé devant son téléviseur.  

Quentin est cadre. Il a de bons revenus, une femme (Camilla Klein) qui l’aime et qu’il aime. Malgré tout, évidemment, il n’est pas heureux. Ce n’est pas le réchauffement climatique qui le préoccupe, ni le taux de chômage continuellement en hausse. Ce n’est pas le fait qu’il soit stérile comme 37% -chiffre également en hausse- des hommes de son pays. En fait, il ne sait pas ce qu’il a.  

Il voit des psychologues, des psychiatres, tous lui conseillent des antidépresseurs en affirmant que ce n’est qu’une passe. Non, Quentin le sait. Il a toujours été comme ça. Ce n’est pas passager. Il n’a jamais rêvé, du moins ne s’en est-il jamais rappelé. Il est éteint.  

Son meilleur ami, Garrick (Leonardo Scherzo) s’est lancé il y a trois ans dans le programme Newway. Toutes les semaines, Quentin se rend dans sa chambre pour regarder le corps de son ami inerte. Depuis trois ans, le mot « HEUREUX » clignote sur l’écran au dessus de sa tête. Un jour, Quentin a demandé à l’assistante dans quel monde Garrick se trouvait. « Probablement dans la richesse, le savoir ou la tranquillité… Vous savez, ce dont rêvent les gens en général » lui avait-elle répondu.  

Chaque semaine, Quentin est de plus en plus tenté. Il sait que d’une façon ou d’une autre, il est déjà dans un de ces mondes parfaits puisque Garrick l’a sûrement inclus dans le sien. En tout cas, Quentin sait qu’il le retrouverait s’il se connectait un jour.  

Cette fois, Quentin prend une brochure explicative en sortant du bâtiment. Il lit :  

« Paiement : la société Newway réquisitionne votre valeur monétaire dans la société. » C’est simple, vous donnez votre vie de merde pour finir celle de vos rêves. Quentin soupire. « En cas d’échec, vos biens vous sont restitués en intégrité. »  

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« Je vous en prie, allongez-vous » sourit la jeune assistante. Quentin se positionne sur le lit. Effectivement, c’est sacrément confortable. La première étape durera toute la nuit : analyse du cerveau. Il faut que Quentin dorme. C’est difficile, les questions l’assaillent. Il sait que s’il fait ça, ce n’est pas pour vivre la vie de ses rêves. Peut-être veut-il simplement se prouver que même dans ses rêves il sera malheureux. Alors ils le feront sortir de son monde et tout redeviendra comme avant. Peut-être veut-il simplement connaître ses rêves.  

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La lumière du jour. Le sourire d’une femme, flou. Des paroles indistinctes. L’assistante sort. Puis rentre une autre femme. Sa femme. De la tristesse. De l’incompréhension. Elle lui prend la main.  

Tout est flou, c’est le début de la seconde phase. La Création.  

Noir total. Absence de sensation. Mort.  

Puis l’éveil soudain, dans un blanc douloureusement éblouissant. Les yeux, les oreilles et la peau qui piquent. Quentin est agenouillé dans de la neige. Il n’y a aucun bruit mis à part celui du vent qui monte et qui descend. Comme dans ces vieilles chansons des Pink Floyd que Quentin apprécie beaucoup. Il y a quelques arbres au loin, ensevelis de cette même neige immaculée.  

Il crie d’effroi. Ses poumons sont tiraillés par la douleur. Il doit faire un feu au plus vite s’il veut survivre. Il se rappelle des conditions de sa connexion. S’il meurt, il n’y aura pas de réveil. Il faut trouver un abri pour la nuit.  

Dans la chambre confortablement tempérée, les dernières larmes sèchent sur le visage de la femme de Quentin. Il la (Gwendolyn Rasmuson) retrouvera dans son monde… Elle reviendra dans deux jours pour voir ses premiers résultats. Un homme chargé du suivi des patients lui demandera si son mari a déjà été en Sibérie ou dans une région arctique, elle répondra que non. L’homme sera troublé. On ne pourra pas sortir Quentin tant que l’écran affichera « HEUREUX » en vert clignotant.