Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Prod'Artaud présente
Ma-Ni-FeS-tE !

Prod’Artaud écrit un documentaire sur ses raisons d’exister à GérardMerveille.  

Avertissement : le documentaire qui va suivre peut être longuet, indigeste et un tantinet pédant. C’est pourquoi nous vous invitons à ne lire que la conclusion afin de vous apporter satisfaction sur la nature de ce projet.  

 

L’amour et la haine sont étroitement liés comme la création et la destruction coulent en vases communicants. Par trop d’amour, les étreintes deviennent furieuses, les baisers vont de morsure en morsure, le sexe tendu vient à la limite du corps et le regard, furibond, chasse le n’importe qui, le n’importe quoi mais tous pourvus d’étrangeté. Par trop de haine, les débats parcourent les veines qui, gonflées par l’animosité, fuient la santé. De ces deux pendants – de peur de ne sombrer dans les banalités – l’obsession ne fait qu’un tour mais il est possible de les accrocher de même à la passion. Allons penser de suite au Christ pour que la pensée puisse s’en libérer… car  

1° compte tenu du haut degré d'étendue de cette quête et  

2° sachant que le petit charpentier secoue encore sa nouille dans le bénitier des cathédrales, d’autres livres aussi passionnants que la Bible sont sortis dans des éditions collector, dans des La Pléiade, d’autres livres ont fait les soldats que nous sommes. Le Mein Kampf d’Adolf, l’Interprétation des Rêves de Sigmund ou encore le Livre Blanc de l’armée française ont eux aussi vêtus les hommes de bien plus que d’uniformes repassés.  

Quels que soient les idéologies ou les croyances, les obsessions restent la pièce maîtresse de l’existence. Sans ces obsessions, la vie n’est qu’une suite de gestion, de comptabilités et de vacuités prospères.  

Rien ne vaut donc l’ennemi avec tout son barda de promesses urbaines, de crasses consensuelles, bref, de vices aliénants. Seule la création vous répond où la persévérance et l’obstination ne font qu’un – pour les autres, c’est la psychiatrie. La vie d’un lâche est un dilemme constant quoiqu’il fasse mais il crève toujours sans courage car son existence s’apparente à la difformité de ses conceptions mentales.  

 

La psychiatrie découle de la philosophie le jour où cette dernière, poussée à l’extrême, se trouva délétère pour un lambda. Et la pathologie résulte d’une rémanence de ce jour.  

 

Ici, l’ennemi pathologique est le divertissement. Il n’apprend rien sur soi ni ne confère une éventuelle entrevue sur l’évolution – non nécessairement intellectuelle. Par conséquent, les producteurs qui jouissent du divertissement, qui en requissent l’usufruit et qui, par un procédé malhonnête, recycle l’argent du divertissement dans un divertissement de même niveau sans espoir d’évolution – ces producteurs-là – sont ennemis.  

Mais l’ennemi et ce qu’il prêche n’est-il pas un pain béni pour orienter de nouvelles règles et de nouveaux mots d’ordre ? Mais l’apparition de l’ennemi n’est-il pas l’occasion de repartir de zéro, naïvement, vers une nouvelle destination ? Mais l’ennemi n’est-il pas au fond un repère glacial et calculateur ? Combien d’illusions, combien de ronces sur nos chemins avant de parvenir au décret nouveau, à la base du génie ! Combien de paresses viendront entraver ce processus nécessaire d’une autre vie ! Remercions donc l’ennemi de nous réconforter dans ce chemin, long et lent. Remercions-le d’un tel ressentiment, de nous infliger cette droiture extrême sans laquelle il serait impossible de connaître l’âme dans ses recoins et dans une anagogie perpétuelle !  

Ebloui par les tentures dorées, abrutissantes du divertissement ainsi que de ses apparats, l’ennemi n’est pas récupérable et il est impossible de le dévier de son chemin. Mais, nous autres, n’avons nul intention de nous prêter au petit jeu de la propagande. C’est superflu car l’ennemi est agréablement plus utile, aussi utile que surprenant, en dehors des processus d’innovation. Il n’est nul besoin d’entrisme pour ce fait. Les œillères de l’ennemi aident à mieux re-posséder l’être dont on a ôté le grain de folie pour qu’il ne germe. Elles aident de même à effleurer d’autres esprits plus reconnaissants. Alors laissons-le divertir comme le bouffon du roi à qui l’on jette quelques menues cuisses de poulet sur le damier carrelé. Laissons-le vivre une indigente pornographie, une manutention difforme à travers la prolifération des pellicules sans fard.  

C’est aussi parce qu’il est un ennemi que nous l’aimons et nous l’aimons d’autant plus s’il évoque le souhait de se dépasser, et ce sans être invité à le faire. Si seule la création l’emporte au bout du compte, seule l’initiative est le point d’appui crucial pour entamer une création, une vision naissante, une lueur obsédante.  

 

C’est pourquoi il est grand temps de dresser une nouvelle charte, une nouvelle genèse de la création cinématographique à Gérardmerveille.  

C’est pourquoi il est grand temps de pester devant cet ennui qui surprend à lire ceci et de trouver tout à fait nauséabond ce prochain état de fait.  

 

Selon Hegel, l’aliénation est le fruit de la dépossession de l’individu pour ce qu’il doit être car celui-ci est contraint à un certain ordre naturel biologique, physiologique, psychique, social et culturel. Il y est contraint mais il participe en outre à cet ordre priorisé. Par exemple, faire les courses, cuisiner, manger, faire la vaisselle, digérer, avoir des relations sexuelles, déféquer, tirer la chasse d’eau, nettoyer la cuvette et passer au bidet font partis de ces ordres priorisés. Si certains d’entre nous échappent à quelques maillons de ces conséquences indéfinies et infinies, il se passe néanmoins un laps de temps non négligeable qui tronque l’être de son potentiel. Pendant ce laps de temps, un jeu d’orgueil et d’estime doit opérer le savant équilibre pour ne pas importuner un autre social dans son processus d’évolution. Or il est aisé de constater que cette évolution pêche à certains endroits – y compris dans notre belle cité.  

 

Tour à tour, certains thèmes sont abordés dans ce documentaire, qui joue les manifestes, tels que la beauté, la nature, l’esthétisme, l’art, la pureté/innocence, la trahison de ces derniers thèmes opérés par les castes de la bourgeoisie à Gérardmerveille, le monde de l’intersubjectivité, celui du divertissement et enfin la nécessité de la dictature du prolétariat.  

Scénario : (3 commentaires)
une série Z documentaire (à la Guy Debord...) de Sandrine McClean

Rrose Sélavy

Annie Landers
Sorti le 01 septembre 2018 (Semaine 713)
Entrées : 924 749
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=14942