La clarté de l'aube remplit doucement la petite et piteuse chambre. Le chant artificiel des oiseaux s’engouffre dans l’appartement. La lumière, éclatant de la fenêtre, glisse sur les draps du lit jusqu'au visage d'Edward (Nicolas Hartnett), le réveillant paisiblement. Se retournant dans son lit, il se colle au corps de sa merveilleuse femme Elena (Marie Gregson). Cette dernière sourit au contact de la chaleur de la peau de son mari et lui dépose un baisé sur le front. Dans un bruit sourd et soudain, la porte d'entrée de l'appartement explose de l'extérieure et un flot d'hommes de la Sécurité Humaniste armés lourdement s'engouffre dans l'entrée jusque dans la chambre. Les deux amants, encerclés et surpris, ne bougent plus tandis qu'un soldat de la SH tend un petit appareil vers le ventre d'Elena. Soudain l'appareil sonne positif...  

Le sable emporté par le vent fouette le visage d’Edward. Son sac dans son dos est devenu un fardeau lourd à trainer. Ne pouvant s’arrêter maintenant, il lève sa main droite devant ses yeux tout en continuant à affronter la tempête de sable de son grand bâton de marche. La nuit va tomber, il ne peut pas camper au beau milieu du désert du Colorado, l’endroit n’est pas sûr avec les patrouilles des rebelles du Néant, vadrouillant entre les grandes cités de verre, seules oasis parmi le désert du monde mort, pour capturer les exclus arborant le tatouage des cités de Verre comme Edward. Continuant à avancer, il aperçoit, à travers les volées de sable, la silhouette noircie d’un bâtiment délabré juste devant. Edward puisse alors dans ses ressources les plus profondes pour accélérer le pas.  

Allongé entre les murs branlants d’un ancien restaurant-routier, Edward frissonne enroulé dans son vieux sac de couchage sale et gras. La joue droite collée sur le sol froid en ciment du bâtiment, il imagine le visage de sa femme le regardant, toute souriante. Soudain le décor se change, une lumière aveuglante apparait des fenêtres, et un flash-spécial du Directoire Global passe à la radio derrière lui. Il se souvient de cette matinée, ce 22 mai 2048. Tous deux étaient heureux, ils avaient violé le règlement concernant la procréation mais ils étaient heureux, ils n'en pouvaient plus d'attendre ce permis pour le bébé. Une larme se met à couler sur la joue d'Edward et le décor, la musique et sa femme disparaissent. Le décor apocalyptique du restaurant-routier reprend sa place parmi ce monde détruis par la pollution et la recherche de profit et Edward ferme les yeux. Si seulement il avait su que cela lui couterait sa demeure, son confort, sa femme, sa raison de vivre.  

Le soleil caresse à peine l'horizon qu'Edward est déjà en route. En route vers où ? Il ne le sait pas mais il avance, luttant chaque jour. La chaleur devient de plus en plus insupportable avec cette atmosphère chargée en CO2, son bâton s'enfonce profondément dans le sable, rendant chaque effort encore plus dur, et à la vue des chaudrons à moitié enfouis dans le sable, il sait que des cannibales étaient par ici il n'y a pas longtemps. Alors qu'il examine les déchets pour essayer de récupérer un maximum de choses, des mouvements attirent son attention au loin. Prudemment, il décide d'aller voir de quoi il s'agit.  

Accroupi derrière une souche de bois pourrissante, Edward observe la scène qui s'offre à ses yeux. Au beau milieu des dunes de sable chaud, il voit un jeune adolescent (Conrad Kelly ,) de dos, qui creuse un trou dans le sable, les longs cheveux châtains au vent. Et derrière lui, se faufilant mortellement, des petits hommes bossus couverts de suie. Edwart a déjà entendu parler de ces créatures là, ce sont des hommes qui, pendant que la terre mourrait, ont préféré s'enfermer dans les mines avec des tonnes de provisions, mais elles n'ont pas suffi et aujourd'hui ces petits hommes trouillards mais vicieux traquent leurs futures victimes isolées dans le désert.  

L’assaut démarre, les bossus commencent à piquer le garçon avec des lances artisanales. Ce dernier pousse des cris de douleurs mais ne se débat pas. Tandis que les coups de lances coupants continuent à s’abattre sur le garçon, Edward prie pour qu’il réagisse, mais rien, le garçon se laisse faire, pleurant seulement face à la douleur. Ne pouvant supporter de voir ce malheur, Edward resserre l’étreinte de sa main sur son bâton et bondit de sa cachette en chargeant comme l’aurait fait une horde entière. Apeurés, les bossus s’enfuient. Alors Edward se précipite vers l’adolescent, lui prend la main et essaye de l’entrainer dans sa course, mais ce dernier résiste. Edward se retourne et c’est alors qu’il remarque les yeux du jeune garçon, d’un bleu si clair, signifiant qu’il est aveugle. Alors l’homme essaye de le raisonner mais le garçon se débat, il prit quelque chose dans son sac et le dépose dans le trou qu’il a préalablement creusé. Puis il se lève, agrippe fermement son sac et part dans la direction de l’est, d'un pas paradoxalement sûr au vue de son handicap visuel, les plaies ensanglantées encore ouvertes.  

Edward est ébahis, si le garçon repart tout seul les bossus vont le suivre et vont lui tomber dessus un peu plus loin sur le chemin. Ou encore pire, il pourrait croiser des cannibales, des irradiés, des rebels ou même des fanatiques des cités de verre. Edward regarde s’éloigner doucement le garçon et se murmure douloureusement que peut-être son fils lui aurait ressemblé aujourd’hui. Pris d’un élan de tristesse, Edward décide de rejoindre le garçon pour l’accompagner sur au moins une partie de la route. Après tout, lui n’a aucune idée d’où aller.  

Tandis qu’Edward sprinte pour rejoindre le jeune garçon gravissant une dune, une magnifique et fraiche pousse bien verte sort doucement, à l’abri de tous regard, du trou creusé par le garçon.