Un film écrit et réalisé par Karl Hayes.  

Avec Sokchana Keut, Andrew Barton, Sylvester Collins et Linda Quinlan.  

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1930.  

Quand William (Andrew Barton) et Serena (Sokchana Keut) sont arrivés à New York dans leur nouvel appartement, le voisinage n’a pas semblé très accueillant. Beaucoup de gens enfermés dans leur quotidien urbain. Et puis un blanc avec une black c’est pas si commun. C’est bizarre, surtout sur Manhattan.  

William était tout à fait excité de s’installer dans cette si grande ville, malgré la misère, le peu d’argent, malgré la crise, quoi. Faut dire qu’il avait longtemps vécu à la campagne, il allait pouvoir se redécouvrir. Découvrir les rues bondées de gens. Ceux qui sont pressés, ceux qui lisent les journaux, ceux qui prennent les taxis cabs, tous ceux qui cherchent du travail et qui par la même occasion se cherchent un peu eux-mêmes, aussi.  

Serena, elle, est minée par la crise relationnelle que traverse leur couple. L’argent, l’argent, toujours l’argent, William ne semble pas en découdre. Malgré tout, ils s’aiment. Ils ont claqué leur parents respectifs, pour n’être que deux. Rien qu’eux, et New York.  

La lumière du jour s’estompe et laisse place aux scintillements des enseignes commerciales. Les cinémas, les bars, les grands magasins… William descend du taxi sur la 5ème Avenue. Il a rendez-vous avec un homme qui aurait du travail pour lui. Lorsqu’ils se rencontrent, le contact se fait facilement. Robert (Sylvester Collins) demande tout de suite que William l’appelle « Bob ». Ils vont prendre un verre.  

Ce mec a clairement l’air raciste. William le sent dans sa façon de parler, de regarder les gens. En fait, il n’est pas le patron de sa boîte mais il dit qu’ils ont besoin d’un chauffeur.  

« Pour conduire des personnes à droite, à gauche… » répond Bob quand William demande des précisions.  

Les deux hommes finissent leurs bières et se serrent la main. C’est une aubaine, un boulot pareil, dans les temps actuels. William rentre chez lui à pied.  

Serena saute dans les bras de son homme quand elle apprend la nouvelle. Ils fêtent ça dans la chambre faute de pouvoir le faire autour d’un bon repas.  

Cheryl (Linda Quinlan) se rhabille rapidement. Son client vient de partir et elle ne doit pas perdre de temps pour regagner la rue.  

Arrivée ici depuis deux mois, elle en est vite venue au plus vieux métier du monde. De toute façon, elle n’a jamais eu un psychisme solide. Elle est plutôt désespérée et comme toutes ses consoeurs, elle croit qu’un jour ça ira mieux. Elle endure.  

Mais aujourd’hui, il y a une nouvelle dans le bordel. Une black. Cheryl sourit, c’est la troisième Noire de la maison avec elle et Aretha qui n’est pas revenue depuis hier.  

« J’ai trouvé un boulot de nuit, c’est dans un grand magasin. Je fais le ménage » annonce Serena à William qui rentre tardivement et les yeux dans le vide.  

Elle ne semble pas si contente que ça. C’est son premier boulot depuis trois mois qu’ils sont ici et c’est franchement pas trop tôt…  

Il ne semble pas l’écouter.  

Elle sait qu’elle aura son premier client demain, probablement. Le premier homme qui payera pour lui faire l’amour. Même pas. Pour la baiser.  

Il ne peut pas s’empêcher de repenser à sa journée. Il sait que son contrat n’a rien d’officiel, ça encore, ça pourrait paraître normal, mais ça l’obsède. Toutes ces personnes dans son taxi noir qu’il emmène au même endroit. Tous ces hommes plus silencieux les uns que les autres. Et ce Bob, qui a l’air d’attendre quelque chose de lui. William se sent tenté d’aller plus vers lui... Bob parle beaucoup des Noirs et des problèmes de l’Amérique. William ne répond jamais, il ne dit rien, comme quand on veut faire comprendre qu’on n’est pas d’accord ou qu’on a simplement pas d’avis. Il écoute, c’est tout. Après tout, Will ne cherche qu’à travailler et à être payé. Mais ça l’obsède. Ça l’obsède tellement qu’il ne se rend pas compte que Serena s’empêche de pleurer en ce moment même. Jusque dans leur lit. Jusqu’au sommeil.  

Maintenant ils connaissent bien New York. Quand William travaille, Serena pleure son désespoir à l’appartement. Quand William psychote tout seul la nuit, il croit que sa femme passe le balai dans les grandes surfaces.  

23h. Cheryl commence à avoir l’habitude : elle console Serena de sa crise d’angoisse quotidienne. Elle lui conseille encore une cigarette, mais cette fois-ci elle doit partir, elle a un client à domicile. Devant le bordel se trouve le taxi, comme prévu. Elle pénètre à l’arrière du véhicule et lorsqu’elle adresse la parole au chauffeur, celui-ci ne répond pas.  

William n’est pas autorisé à lui parler, ni à lui indiquer la destination. C’est encore un de ces « clients spéciaux » qu’il amène mais qu’il ne ramène pas. C’est encore une prostituée et c’est encore une noire.  

Arrivé devant le lugubre immeuble, il se gare comme convenu au bout du cul de sac. Deux hommes parmi lesquels Bob viennent chercher Cheryl. L’autre la prend par le bras et l’emmène dans l’immeuble.  

« Tu peux monter avec nous, si tu veux… » insiste Bob auprès de William en lui donnant ses 10 dollars pour la course, plus 10 autres de pourboire. Will hésite, mais plutôt que de rentrer seul chez lui pour trouver son appartement vide... Et puis c’est peut-être l’occasion d’en apprendre plus sur ces gens qui l’ont engagé.  

Il suit Bob. Ils montent deux étages qui semblent inhabités. Ils pénètrent dans un vaste appartement. Il y a beaucoup de monde et tous sont affublés de grandes robes blanches et d’une cagoule pointue. Au centre de la pièce, un homme en robe noire avec une écharpe rouge s’adresse directement à William : « Bienvenue parmi nous, William. Je suis le Klavern. »  

Will se retourne vers Bob.  

« Reste au moins pour l’immolation… » insiste encore Bob qui enfile sa robe.  

Les cris de Cheryl se font entendre.