Ecrit par Charles Freeman.  

Réalisé par la Cousins Movie Company et Karl Hayes (scène d'entrée).  

Avec Jeremy Batson, Weston Lathan, Sharon Molchany, Camilla Klein.  

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Ouest Américain - une période incertaine, dans un bled incertain aux habitants tous plus incertains les uns que les autres.  

La petite ville d’Hills Town respirait le calme et la poussière habituelle jusqu’à ce que Duncan et ses deux bandits d’amis vinrent planter le bordel au bar. Ils déclenchèrent d’abord une bagarre, puis commencèrent à pointer leurs pistolets n’importe où, en réclamant au barman déjà caché en cuisine l’argent de la caisse.  

Quand le Shérif intervint, il y avait déjà un mort au compteur. Compteur auquel l’homme de Loi s’ajouta immédiatement lorsque le petit bout d’acier tout droit sorti du revolver de Duncan, le plus péteux des bandits, vint exploser en mille morceaux l’étoile de Shérif. Dans n’importe quel film comique vaseux et maladroit ou bien dans Lucky Luke, la balle se serait contentée, en ricochant sur l’étoile, d’aller fendre dans un terrible fracas la grande glace derrière le bar.  

Mais nous ne sommes pas dans Lucky Luke. Et ce n’est pas marrant.  

Le Shérif s’écrasa à l’entrée de son saloon. Un gros trou fumant dans son dos laissait du sang s’écouler sur le sol. Et les quelques femmes de crier. La balle avait transpercé le corps.  

« C’est pas ma faute » s’était excusé le maladroit qui, pour sa défense, n’avait qu’à pointer du doigt les nombreux verres vidés.  

Un temps, personne n’avait su quoi faire. Le Shérif était mort. Les badauds habitués du coin restèrent figés, ainsi que les cartes dans leurs mains. Les trois bandits, eux, devant l’impuissance générale, s’étaient décidés à prendre le contrôle de la ville. S’auto proclamer Maires, Shérifs. Une dispute éclata entre les trois pour décider des places que chacun occuperait.  

« - Duncan ! Tu penses pas que c’est l’heure de faire dodo ? »  

Tout le monde s’était retourné, les coups de poings s’arrêtèrent et les trois bandits se relevèrent. Duncan était éblouit par la lumière du jour. Il s’avança lentement au milieu des chuchotements : « Qui c’est ?! », « C’est Charlie James ! ». Sa main sur le revolver, le bandit poussa les portes battantes et sorti au grand jour, suivit de ses deux sous-merdes.  

Un sourire miteux se figea sur son visage lorsqu’il s’aperçut que Charlie (Jeremy Batson) était seul, au milieu de l’allée principale. « J’suis pas fatigué » rigola-t-il en cœur avec les deux autres. Enfin, avec l’autre. Thomas (Weston Lathan) était sorti de nulle part, armé d’un simple couteau qu’il lança en pleine gorge du bandit derrière Duncan. A peine ce dernier eut-il le temps de s’en rendre compte qu’il recevait en pleine poitrine deux balles du revolver de Charlie. Et même tarif pour le dernier, encore occupé à rigoler. « Celui-là est mort heureux » constata Thomas en récupérant son couteau.  

Alors que Charlie pénétrait dans le bar en ignorant la boutade de son frère, Thomas s’assit sur les marches et cracha par terre après avoir soupiré.  

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Les frères James sont des cowboys qui s’occupent du bétail familial dans le ranch tout aussi familial, situé à une distance incertaine de Hills Town. Pas trop loin, pas trop près. Ah oui, et aussi : ils portent toujours un chapeau fort ressemblant.  

Charlie, l’ainé, est de nature brutale. Son physique sec et ses cheveux courts imagent son caractère intransigeant et une certaine intégrité. Il a une fille, Miranda (Sharon Molchany), élevée au ranch avec sa femme Louise (Camilla Klein). Son chapeau, c’est son père qui le lui a donné avant de mourir. Charlie le porte bien droit, bien serré.  

Thomas, le cadet, a toujours souffert de sa position dans la famille. Il est le second, celui qui passait après. Malgré tout, il s’est toujours considéré plus intelligent que son grand frère. Il se dit philosophe, parfois visionnaire. Il aime le poker, les femmes et les fusillades si tant est qu’il n’y est pas impliqué. Son chapeau, lui, il le porte en arrière. Ca lui donne un air hautain qu’on retrouve dans son regard, dans son attitude. Et il aime ça.  

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Quand leur père est mort, Charlie et Thomas ont pris en charge leur mère, le ranch. Louise, qui avait toujours été refusée par le paternel, emménagea dans le ranch avec Miranda qui était alors toute petite. Ce fut pour le plus grand plaisir de Thomas qui s’entendait particulièrement bien avec Louise et sa petite fille.  

En fait, Louise et Thomas n’ont pas toujours été honnêtes vis à vis de Charlie. Revenons à l’époque où Louise habitait encore au dessus de l’épicerie de son père.  

Charlie et elle étaient ensembles depuis quelques temps, mais Louise était irrésistiblement attirée par Thomas, ce que Charlie ne su jamais. Un soir où Thomas sortait du bar, il décida de rendre une visite tardive à Louise. Ils firent l’amour pendant des heures.  

Et il y a autre chose que Charlie n’a jamais su : le lendemain, c’est Louise qui est retournée voir Thomas, et ils ont remis ça. A cette époque, Louise était prête à quitter Charlie. Elle le voulait. Mais Thomas n’a pas voulu. Il a toujours prétendu que c’était pour ne pas semer la panique dans la famille. Sa mère était mourante et le ranch reposait sur les bras de lui et son frère. Il ne fallait pas perturber cet équilibre.  

Au fond, Louise sait que Thomas a refusé parce qu’encore une fois, il était passé après son ainé. C’était là son véritable blocage, sa véritable blessure orgueilleuse. Et Louise comprend toujours Thomas.  

Au cours des années, leur secret était devenu inavouable. Ils s’étaient juré de tout raconter un jour, mais ce jour n’arrivait pas. Il n’arrivait jamais. Parce que Thomas, malgré toutes ses conquêtes, restait amoureux de Louise. Et parce que Louise, malgré tous ses efforts, continuait de croire pertinemment que Miranda était la fille de Thomas.  

Un amour fraternel puissant persistait entre Charlie et son frère, même si il lui reprochait de trop boire et de mener une vie de débauche - et aussi d’avoir volé son chapeau sur le lit de mort de leur père. Charlie croyait savoir pourquoi Thomas refusait cette main qu’il lui tendait pour l’aider. Il croyait que c’était juste parce que Thomas était comme ça, mais qu’un jour ça changerait.  

Et toutes ces années, ils partagèrent leur passion pour les armes en s’entrainant sur des pommes de plus en plus petites. Charlie au pistolet et Thomas au couteau. « Le couteau, c’est plus puissant, c’est plus mauvais que le revolver. Et en plus c’est discret. C’est mieux, quoi » affirmait le petit frère. Toujours cette foutue théorie du Chaos qu’il avait en tête.  

Alors pendant que Thomas buvait, réfléchissait, regrettait, Charlie anticipait, projetait, avançait. Ils voulaient tous les deux devenirs Cowboys, avec un grand C. Pas les cowboys qui s’occupent des vaches. Non, les Cowboys : ceux des livres, des histoires.  

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Tout ça, c’était avant.  

Avant que Louise n’arrive au triple galop de la ville, apparemment très inquiète. Avant qu’elle ne croise Thomas allongé dans l’herbe au soleil et qu’elle demande :  

« Où est Charlie ? » Avant qu’elle trouve ce dernier pour lui annoncer en panique : « Duncan et ses hommes ont tué quelqu’un au bar ! »  

Ni une ni deux, les frères James se sont mis au galop en direction de Hills Town. Ils n’ont jamais fait de duel, jamais tué personne. Mais l’idée d’éliminer quelqu’un ne dérange pas Charlie, parce que la loi l’exige quelques fois. L’idée ne dérange pas Thomas non plus, parce que tel est le chaos.