Durée: 1h47  

PG-13  

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2010, quelque part sur Terre. Moi, Fiorenzo, suis en train de coucher sur papier ces premiers mots. Des mots qui, dans plusieurs heures, dans plusieurs pages, décrirons ma vie, décrirons ma passion, ma folie, ma détresse. Des mots qui ne doivent pas vous plaire, juste vous distraire, vous émouvoir, ou vous amuser. Surtout, des mots qui doivent m’aider. M’aider à l’oublier, ou à la retrouver. Quoi qu’il arrive, j’espère que ces mots élèveront ces tristes moments au rang de mauvais souvenirs.  

Il y a trois jours à peine, tout ceci m’était totalement inimaginable, inconnu. Je ne savais pas ce qui m’attendais et, croyez-moi, je projetais un avenir à court-terme au combien plus léger et heureux. C’était il y a une soixantaine d’heures, à l’époque où nous deux était plus qu’une réalité, une raison d’être. Un nous deux, cette idée utopique qui nous raccroche à la vie. Une idée qui devait durer, comme on se l’était promis, mais qui n’était pas faite pour ça. C’était le temps passé, où nous étions encore naïfs, deux idéalistes enfermés dans leur cocon, tout l’un pour l’autre, unis dans un tout unique, animés de la même flamme éternelle. Sauf que la flamme ne l’est en réalité pas totalement. Et un jour, le cocon se décompose, laissant deux corps autrefois soudés s’étendre dans le lointain, tentant vainement de se raccrocher, dans un ultime espoir rose, un dernier sursaut de conscience.  

Tout est allé très vite. Une fois la flamme mise à mal, les tentatives de la rallumer étaient sans arrêt freinées par une paradoxale et intransigeante jalousie. Un sentiment qui tendait à ne laisser filtrer que les détails sujets aux reproches. Et reproches il y eut. D’un côté comme de l’autre. Ensuite vinrent les sentiments sincères. L’amour enfermé au fond du cœur qui se manifestait. Mais là où nos routes se sont séparées, ce fut quand elle manifesta cet amour désespérément, quand mon égo m’ordonnait de l’aimer encore et encore, mais de ne plus jamais tomber dans ses bras, de ne jamais oublier, ne jamais pardonner. Mon cœur en voulait plus souffrir, mais ça lui était impossible. J’ai décidé qu’alors il ne devrait pas être le seul. J’ai décidé de l’aimer, sans lui faire confiance, sans la laisser espérer. J’ai décidé de venger mon cœur.  

Ressassant ainsi ma haine et ma souffrance, mon mépris et aussi mon amour, j’ignorais qu’à des dizaines de kilomètres de ma petite personne, une fille était en train de sombrer dans les ténèbres de la vie. Elle, qui était autrefois la moitié d’une tout, périssait dans son chagrin et les remords. Elle ne pouvait pas oublier. Son amour, ses erreurs. Et elle ne pouvait se le pardonner. Et face à un mur de glace, qui lui rappelait encore et encore ces faux-pas. Un égo qui s’obstinait à la détruire simplement pour s’autosatisfaire. Face à tout ce magma de négativité, de tristesse, de regrets, de fautes, de culpabilité et de promesses d’enfer, elle ne voyait qu’une solution. Un dernier salut pour effacer ses souffrances et les miennes. La fin du voyage. La mort.  

Alors que j’écris ces lignes, elle a pris le train qui devait la conduire au bout. Mais quelque chose, quelque part, a stoppé le train en marche. Maintenant, c’est dans la tête, dans les rêves, que je peux encore lui dire que je l’aime. Et c’est l’espoir qui me garde en vie. L’espoir de pouvoir le lui dire en face, encore une fois. Juste une fois. Je vis désormais avec des remords. Et dans l’espoir de ne pas mourir hanté par les regrets. Parce que une chose, une seule, peut guider ma vie. Que je l’aime. Une idée ressurgie de l’empire des larmes. Une idée que j’avais choisi d’abandonner dans les tréfonds de mes souvenirs. Une idée que je n’oublierai jamais.