La Ford Tempo noire de 1988 se gara lentement le long du trottoir. Il pleuvait depuis ce matin. La nuit arrivant, les réverbères s'allumèrent un par un. Le square Kennedy devant lequel était garé la Ford Tempo s'illumina également et éclaira la voiture. Le conducteur redémarra son véhicule et recula de quelques mètres pour immobiliser son véhicule en dehors du faisceau d'un des lampadaires. Les rues étaient désertes. Seule une vitrine d'une mauvaise épicerie de quartier était éclairée. La nuit tomba rapidement. Le conducteur regarda sa montre et semblait s'impatienter. Il se frotta sa barbe de trois jours et passa sa main dans ses cheveux non coiffés. Il avait le regard vide. Ses yeux bleu acier n'affichait plus de flammes. Ils paraissaient lassés d'avoir vu trop de choses. La portière passager s'ouvrit et un homme en imperméable s'engouffra à l'intérieur de la voiture. Il regarda dans le rétroviseur comme s'il vérifiait que personne ne l'eut suivi. Le conducteur ne démarra pas son véhicule, ils ne se regardèrent pas. Le passager fouilla dans la poche intérieur de son imperméable et en sorti plusieurs feuilles de papier pliés en quatre. Il les tendis au conducteur qui s'empressa de lire ces documents. Il s'agissait de rapports d'enquête du FBI.  

Soudain, le passager trempé attrapa le conducteur par le bras.  

«Stanley, vous devez m'aider. A l'heure qu'il est ils doivent savoir que ces documents sont sortis de Washington !»  

Le conducteur lui répondis à voix basse, tout en regardant les rapports d'enquête qu'il ne pouvait rien faire pour lui. Que lorsque la vérité éclatera, l'opinion publique saura le rôle qu'il a joué et sera sous protection.  

Stanley savait que dès l'instant où il plongeait les mains dans ce merdier, il risquerait probablement d'être réduit au silence n'importe où, n'importe quand, et ceux qu'il embarquerait dans cette affaire aussi.  

L'homme à l'imperméable quitta le véhicule. Stanley restait plongé dans ces documents, décryptant chaque phrase à la lueur blafarde et lointaine des lumières de cette ville morte. Une détonation le fit sursauter. Il regarda dans son rétroviseur et vit l'homme à l'imperméable s'écrouler, puis des phares de voiture s'allumer. Il démarra et partit en trombe, les yeux dans le rétroviseur. Le véhicule derrière lui fit demi-tour.  

Les talons plats de Vicky résonnaient dans un des couloirs des sous-sols du J. Edgar Hoover building, un énorme dossier sous le bras droit. Elle retourna son poignet gauche pour lire l'heure sur son élégante montre et accéléra le pas. Elle utilisa sa carte magnétique pour déverrouiller une porte et se faufila dans un étroit couloir qui menait sur une unique autre porte. Elle toqua et n'entra qu'une fois que la voix de l'autre côté lui ordonna d'entrer. Un homme corpulent en costume sombre se tenait assis derrière un bureau datant d'au moins vingt ans au fond d'un local remplit de classeurs et d'archives.  

« La taupe est muette, un gratte papier du Pentagone, aile US Air Force. Voici les dossiers qui auraient pu échapper au protocole, avec un recensement des dossiers disparus ces six derniers mois.»  

L’homme attrapa le lourd dossier que lui tendait la jeune femme. Il jeta un œil sur les différents rapports d’enquêtes. Il demanda s’il s’agissait tous de rapport d’enquête classé « NES-N »  

« Oui monsieur. Neuf enquêtes non explicables ou classés surnaturelles. La plus vieille ne remonte qu’au début du siècle. Sept des neuf cobayes sont toujours en vie, un ayant récemment trouvé la mort lors de l’attentat du site 76. Cinq sont sous contrôle militaire. Les deux autres ne sont pas recensés dans aucun des organes gouvernementaux du pays, ni de l’Angleterre, de la Russie, de la France ou de Cuba. »  

Un sentiment de peur traversa l’homme caché derrière son bureau du fond d’un des bâtiments les mieux gardés du pays. Il savait pour les deux cobayes portés disparus. Une de ses principales tâches confiées par le secrétaire d’Etat de la Défense était de les retrouver. Si le premier de ces cobayes n’était pas une graine d’ennemi d’état, bien que ses capacités soient dérangeantes, l’autre avait potentiellement le pouvoir de faire exploser le gouvernement. De plonger la seule Hyper puissance mondiale et ses quelques trois cents vingt-cinq millions de citoyens dans l’anarchie la plus totale. Un cobaye d’une puissance intellectuelle qui n’est pas d’origine humaine.  

Le tuer reviendrait à réduire des décennies de travaux scientifiques, le laisser faire pourrait prochainement embraser la nation. Choisir entre des milliards de dollars ou la sécurité de l’état ?  

Les hommes cachés du gouvernement ne se risqueraient jamais à choisir entre deux options, préférant s’en créer une troisième.  

La politique caché, celle du mensonge, permettait de créer des guerres, comme de les éviter.  

Mais manipuler une foule est cent fois plus aisé que de manipuler un individu.  

Surtout quand celui-ci est une intelligence inconnue.  

"- On est... On est à l'abri ici ?"  

Stanley déposa un sac kraft sortit d'un fast-food devant l'homme assis contre le mur de la cave.  

"- Ne t'en fais pas. Ils te croient mort."