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Chpom Entertainment présente
Fuck ! ou Les Philosophes d'en Bas

 

Ecrit par Patrick Bialès.  

Réalisé par Charles Freeman.  

 

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Nice - 2017.  

 

Fred (Sylvester Collins) est assis au fond du bus, un casque sur les oreilles. Il se rend au studio d’enregistrement. Aujourd’hui, c’est la chance de sa vie, comme qui dirait. Premier single, il doit tout donner. Ses pensées se laissent aller…  

 

Putain de permis, j’ai hâte de conduire… Quelle merde de devoir passer ça quand même ! Et si je prenais une bagnole et que je la conduisais sans permis, qu’est-ce que ça ferait ? Je sais conduire, c’est bon ! Pourquoi y a besoin d’un permis ? On me fout en taule si je l’ai pas, voilà. On m’emprisonne.  

On m’enferme. Sérieux… La société prend une telle place qu’elle met de côté ceux dont elle ne veut pas. En fait, elle les tue, tout bonnement. Être enfermé à vie, c’est pas une vie…  

Pourquoi je peux pas mentir, si j’ai envie ? Pourquoi je peux pas casser la gueule à un type ? Pourquoi je peux pas ? C’est comme ça, je peux pas !  

Je peux rien. Je peux me soumettre, ça oui. Me soumettre aux lois, ça je peux.  

Liberté, égalité, fraternité… Mon cul ouais.  

 

C’est son arrêt, Fred descend du bus. Il marche vers le studio en tapotant à poings fermés les murs. Il soupire. Son exutoire lui sera utile cette après-midi.  

 

*  

 

Vincent (Anton Freeman) est assis au fond de la bibliothèque universitaire, département « Philosophie ». Il a les yeux écarquillés. Le livre qu’il lit le transporte totalement. Il vibre à chaque phrase découverte. « L’Unique et sa propriété ».  

Toutes ses pensées d’adolescent sur la société, le christianisme, l’Etat, elles y sont toutes ! Et c’est écrit il y a 200 ans ! Vincent se sent petit, mais heureux aussi de se retrouver dans ce livre.  

 

Il enfile les pages à toute vitesse, transpirant presque. Une femme l’arrête gentiment au bout d’un heure, il doit partir la bibliothèque ferme.  

« Pardon, j’y vais. » s’excuse Vincent. Il brûle de l’intérieur : pas envie de lui parler à cette vieille documentaliste ridée qui tient limite debout. Alors qu’elle tourne le dos, Vincent met le livre dans son manteau.  

« Si vous voulez emprunter le livre, mettez votre nom sur la feuille. Vous devrez le ramener dans une semaine. » crie la femme de son bureau. Vincent sourit, il sort sans rien marquer du tout.  

En conduisant sa vieille Peugeot 205, il ne peut s’empêcher de penser à ce qu’il vient de lire…  

 

Rien ne doit soumettre l’Unique -l’homme- qui doit être au dessus de tout. Toute autorité qui veut le soumettre n’est qu’une illusion, une idée fantasque qui n’a aucun sens, aucune vie…  

 

Vincent se demande comment les gens ont pu passer à côté de ça. Comment les gens se sont refusé leur propre liberté pour mieux rentrer dans leur névrose de citoyen libre…  

Il s’arrête au feu rouge et fixe la lumière qui lui interdit de passer… Mon cul…  

 

*  

 

Noémie (Virginia Winstone) est assise dans le tramway la tête posée contre la vitre. Elle est une jeune enfant qui s’est enfermée dans une espèce d’autisme lors de son passage à l’école primaire. Depuis, elle ne parle que très peu et uniquement à sa mère -complètement dépassée par les événements- et son grand frère Fred. Tout le monde ignore sa capacité d’observation et de mémoire hors du commun. Tout le monde connaît son incapacité à l’action…  

 

Son regard vide est fixé dehors. Elle regarde ces gens qui défilent que le Tram croise, dépasse…  

 

Un vieil homme marche à l’aide d’une canne, le regard bas.  

Une femme pressée pousse une poussette et fait tomber la cendre de sa cigarette sur le coté. Ses cheveux sont teints.  

Un clochard assis par terre tend la main vers le haut.  

Un homme tire ses deux chiens par la laisse. Il est bousculé par un autre homme qui court, il a l’air en retard.  

Une autre femme qui pousse son enfant.  

Un autre homme pressé.  

Un autre clochard…  

 

*  

 

Agnès (Lisa Harline) a fêté ses 20 ans hier. Du coup, elle est fatiguée aujourd’hui et son cours de théâtre risque de l’endormir sévère. Elle se réveillera quand il faudra passer sur scène par contre, ah ça oui ! On lui connaît une énergie débordante quand elle joue ses rôles mais une paresse incroyable dans la vie. Assise sur un fauteuil au fond de la salle, elle prend sa tête dans les mains et s’endort…  

 

Avec mes amis. Dans le noir, dans la musique. Ambiance de l’anniversaire, en pub. Les petites rues du vieux Nice pour sortir fumer une clope.  

 

Ma mère et mon père autour de moi. Moi entrain de taper sur le torse de mon père avec la tête.  

Mon père qui crie, toujours plus fort… Plus fort…  

 

« - Agnès ! crie le professeur de théâtre pour la réveiller. Tu passes sur scène ?  

-Euh, oui oui ! » balbutie Agnès toute déboussolée.  

 

Ce qu’elle aime Agnès, c’est dire merde à tout ce qui ne lui plait pas. Et peu de choses lui plaisent dans la vie. Elle aime aussi monter sur scène, devenir quelqu’un d’autre… Racine, Musset…  

 

Drôle de rêve, se dit-elle lorsqu’elle monte sur scène. Ça lui fait penser à hier soir, quand ils sont sortis du Thor pour aller sur la plage et que Fred a commencé à taper avec ses pieds sur le mur… Elle l’a aidé. Ils se sont jetés dessus pour essayer de le casser. Et le « Fuck ! » qu’ils ont marqué dessus quand ils se sont rendu compte qu’ils n’y arriveraient pas.  

Ils rigolaient, ils étaient bourrés. Et Vincent qui voulait aller se baigner… N’importe quoi !  

 

Agnès soupire.  

 

 

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique (réflexion, psychologique) de Charles Freeman

Anton Freeman

Virginia Winstone

Sylvester Collins

Lisa Harline
Musique par Nicolas Reviglio
Sorti le 04 mars 2017 (Semaine 635)
Entrées : 19 802 254
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