Durée: 2h14  

Restriction: PG  

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13h59. Vingt-six moteurs vrombissaient dans un même hurlement assourdissant, tandis que les feux s’éteignaient un à un. Bientôt, un peloton compact et survolté serait lâché à l’abordage toboggan ardennais. Le premier virage, étroit et lent, viendrait, et ceux qui en sortiraient indemnes pourraient alors bénir le ciel. Peut-être pour le maudire l’instant d’après, quand une pluie diluvienne s’abattrait sur le tracé ?  

Mais installé en pole position dans le cockpit de sa monoplace, Milo Zanuk (Florent Hendrickx ne songeait qu’à une chose en cet instant : le climat d’incertitude dans lequel le cirque de la Formule 1 avait pris part à ce Grand Prix de Belgique. Bien sûr, si on s’était laissé distraire et intimider par les menaces, il y a bien longtemps que ce sport aurait mis la clé sous le paillasson. Encore que, la fortune qu’il rapporte à ses ayants-droits et a ceux qui profitent de sa notoriété, à elle seule suffisait à décider du maintien d’une course. Et tel avait été le cas. Comme ce fut d’ailleurs le cas lors de chaque crisette du même genre. Pourtant, une appréhension hantait l’esprit du pilote allemand. La même qui planait au-dessus de toute la foule réunie à Spa en cette après-midi grise et morne. Mais en dépit du danger, à l’instar de leurs idoles, les fans s’étaient réunis en masse dès le petit matin aux abords du circuit.  

Les inspecteur Valleo (Victoria Fitch) et Akerman (Joshua Kwiat) tentaient pour la énième fois de reconstituer le puzzle dans leur tête, essayant de mettre le doigt sur ce détail qui leur aurait échappé, et qui viendrait résoudre tout ce casse-tête. Une réelle menace pesait sur près de 75 000 personnes. Le drame pouvait survenir à tout moment. Sans crier garde. Après, il serait trop tard et il ne resterait aux rescapés que leurs yeux pour pleurer. Cela ne pouvait arriver ! Pas aujourd’hui. Mais le temps jouait largement en leur défaveur. Chaque tour que les monoplaces accompliraient serait un pas de plus vers la désolation.  

Anthony Marelli (Benjamin Ziller) piaffait d’impatience sur le muret des stand. Cette course n’était pour lui qu’une nouvelle épreuve à passer. Son prodigieux poulain, Milo Zanuk, portait au plus haut les couleurs de l’écurie Solex. Et quoi qu’il se produise cette après-midi, c’était ce que le destin avait décidé, et personne n’y changerait rien. Les factures s’étaient accumulées depuis quelques mois, et les sponsors ne parvenaient plus à financer les ambitions démesurées du charismatique team manager italien. Bien qu’au sommet de son art sur la piste, Solex n’avait jamais autant souffert de l’intérieur, et ses heures étaient peut-être comptées. Pour le bien de l’équipe, pour le bien de tous, Marelli avait pris les choses en main et plus que ses intérêts personnels, il voulait venger l’honneur de son patron et mentor Bruno Pessoa (David Kaine).  

Le départ était donné. Les voitures lancées à toute allure, à l’assaut des premières courbes du légendaire tracé ardennais. Ce Grand Prix de Belgique allait être le théâtre d’un contre-la-montre électrisant, tout le monde EN était persuadé. La question était de savoir qui en tirerait les avantages, et qui devrait en payer le prix. Et surtout, à quel prix ?  

Milo enchaînait les virages d’abord, puis les tours, tel un automate, un gamer accroché à sa console. C’était à peine s’il ressentait les effets de la pluie qui commençait à tomber. Il était dans un état second, commandé par une force étrangère qui veillait sur lui. Son esprit était concentré non pas sur la piste, mais sur son propre cœur. Il pensait à Victoria (Vesper Alabama), l’amour de sa vie, qui attendait comme à chaque course que l’ensemble des tours soient accomplis, et espérait pouvoir un jour retrouver son mari, son champion. Chaque jour, elle désirait secrètement que Milo s’approche d’elle, et lui murmure à l’oreille que tout était terminé, qu’il avait décidé de renoncer et de laisser sa place. Et ça, il s’en doutait lui-même. Mais malgré tout l’amour qu’il portait à sa femme, il n’avait qu’une raison de vivre. La course.  

Un SMS venait de parvenir à l’inspecteur Valleo. Des éléments nouveaux venaient d’être découverts. Quelques secondes plus tard, elle et son collègue recevaient le même document, rassemblant une panoplie de factures et de preuves de fraudes. Toutes convergeaient vers un même point, un même homme. Ils comprirent alors que la menace était totalement bénigne pour les spectateurs. Seul leur argent (déjà dépensé) était visé, ainsi que celui de tout le pan financier de la Formule 1. Avant que quelques hommes astucieux et malhonnêtes ne quittent le navire précocement, avec dans leurs valises des centaines de millions d’euros, il leur fallait foncer. Foncer avant qu’il ne soit trop tard. Foncer pour sauver ce qui pouvait encore l’être de ce sport pour lequel des milliers de fanatiques avaient explosé leur budget. Foncer sur le stand Solex…