Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Chpom Entertainment présente
Iraqi

20 mars 2005, sud de l’Iraq. L’équipe bis, surnommée « Team JACK », part pour une énième patrouille dans le secteur 55A3, situé à 11 km à l’Est du camp de base. Le soleil cogne, aucun nuage à l’horizon…  

 

« Encore un putain d’après-midi chaud et sec » marmonne Jermaine (Raoul Buxton) dans sa barbe. « En Iraq, va falloir t’y faire mon pote ! » rétorque le jeune Curtis (Tom Kent) qui est là depuis le début de cette guerre, c’est-à-dire depuis deux ans précisément. Jermaine est sergent-chef. C’est lui qui dirige le team JACK, une des rares équipes à intégrer une femme : Kerrilyn (Cecilia Hardy).  

« - Eh, les mecs, aujourd’hui c’est le deuxième anniversaire de la déclaration de guerre… Vous pensez qu’il va y avoir des représailles ? demande Curtis qui a déjà essuyé plusieurs combats.  

- Je les emmerde, moi, les représailles, répond Jermaine sur la défensive. On est là pour faire la loi et c’est bien ce que j’entends faire dans chacune de mes missions, continue-t-il.  

- Allez, ça va… Me dis pas que c’est ce que tu penses vraiment…  

- On est pas là pour penser. »  

Cette dernière phrase refroidit dans son élan de compassion. Kerrilyn, qui a écouté d’une oreille, tourne la tête comme pour passer à autre chose et fixe le paysage d’un regard vide. Andrew, assis à coté de Kerrilyn à l’arrière du véhicule, soupir.  

« - Je hais ce pays ! lâche enfin Jermaine que le silence gênait.  

- Tu ne le connais pas » corrige Kerrilyn.  

 

Nouveau silence.  

 

Jermaine n’a jamais compris pourquoi Kerrilyn était ici, en Iraq, à faire la guerre. Non pas qu’il pense que faire la guerre soit forcément une affaire d’hommes -aujourd’hui il semble qu’on ait même dépassé ce stade- mais il dit juste que ça ne lui va pas. Kerrilyn est très féminine, ce n’est pas un garçon manqué, « elle est fraîche, elle est belle… féminine quoi ! » argumente toujours Jermaine. Un jour, Kerrilyn lui a répondu qu’une pointe d’humanisme, dans tout ça, ça faisait pas de mal. Ce sur quoi Jermaine est resté con.  

 

Le silence qui règne dans le Hummer, clime à fond, est perturbé par le bruit d’une rafale de balles qui s’écrasent sur le blindage. Jermaine sursaute, Andrew et Kerrilyn se sont jetés sur leurs armes, Curtis n’a pas le temps de comprendre qu’une explosion rugit à un mètre à gauche, projetant violemment terre et pierres contre le véhicule.  

« Le Hummer a pris feu ! On dégage ! On dégage ! crie Jermaine. Sortez du côté de Curtis, ces enculés sont à gauche ! »  

Les autres s’exécutent rapidement, tous ont saisi leurs M-16 et s’abritent derrière le Hummer. C’est le pneu avant gauche qui a pris feu, l’explosion était beaucoup plus proche qu’ils ne le pensaient. Les coups de feu ont cessé. Jermaine examine la situation rapidement et donne l’ordre à Curtis et Andrew d’avancer en rampant pour avoir un meilleur angle de vue. À peine ont-ils effectué quelques mètres que Curtis se retourne vers Jermaine et crie :  

« Deux tireurs ! Un lance-roquette chargé ! Il vous vise ! Dégagez ! »  

Immédiatement, Jermaine et Kerrilyn courent vers le petit fossé derrière le chemin et s’y jettent tête la première. Ils s’attendent à voir leur Hummer exploser…  

Mais rien ne se passe. Les quatre se regardent sans comprendre. Le silence est total. Jermaine demande à Kerrilyn :  

« - Tu as ta radio de secours ?  

- Oui.  

- Très bien, envoie ça au camp de base : Pris en embuscade - besoin de renforts et véhicule -urgent.  

« Bon, voilà ce qu’on va faire. Moi et Andrew on va rester ici pour avoir un bon visu. Kerrilyn, Curtis, faites le tour par derrière le Hummer, il y a des ruines d’une petite maison à une vingtaine de mètres. Rejoignez-les sans vous faire voir. Je ne sais pas combien ils sont, mais ils attendent probablement qu’il y ait du mouvement. On garde le contact radio, allumez tous les vôtres. Go ! » ordonne Jermaine.  

 

Les deux groupes se séparent. Andrew est paniqué, c’est pour ça que Jermaine l’a pris avec lui. Les deux autres ont gardé leur sang-froid. Arrivés derrière le Hummer, Kerrilyn se retourne vers Jermaine et fait signe que tout est Ok. Curtis est tourné vers les ruines et fait face à un homme qui vient d’apparaître et se tient debout dans la petite maison. L’homme n’est pas armé, il regarde Curtis. Dans son micro, Curtis s’adresse à Jermaine :  

« - Tango non armé dans les ruines à vingt mètres.  

- Ok, rien de notre côté ; Feu. »  

Curtis, qui avait l’homme dans sa ligne de mire, presse la détente.  

« - Tango à terre.  

-Bien. Continuez la progression. Toujours rien ici. »  

 

Curtis et Kerrilyn approchent des ruines ventre à terre.  

« - Merde, je crois que le mec sans arme était un civil, une femme et un enfant viennent de sortir en courant des ruines, signale Jermaine. C’est peut-être un piège, restez vigilants.  

- C’est pas un piège, personne ici. C’étaient des civils. Bravo les mecs… rétorque Kerrilyn alors qu’elle pénètre dans les ruines.  

- C’est pas le moment de te plaindre. Vous voyez quelque chose ?  

- Oui ! Putain, il y a une mitrailleuse sur un tas de sac de sable ! Je crois qu’ils nous ont vu.  

- Évidemment, avec les deux qui sont partis en courant… Restez cachés, on les fixe. Des nouvelles du camp de base ?  

- Ils ont reçu le message. Il ne reste plus beaucoup d’hommes disponibles mais ils nous en envoient dès que possible. On devrait avoir du monde d’ici une demi-heure.  

- Reçu. Restez en position. N’engagez pas le combat sans mes ordres ! »  

 

 

5 heures plus tard.  

 

Réfugié dans une espèce de temple ou de ce qu’il reste d’une mosquée, Jermaine se protège du soleil. Il est assis contre un grand mur en pierre et regarde par terre, les pensées absorbées par ce qu’il vient de vivre.  

Deux heures auparavant, il se réveillait en plein milieu d’un désert sans avoir aucune idée de pourquoi il était là. Aucun souvenir de s’y être endormi. Il avait trouvé un homme mort dans des ruines, un Iraqien, probablement un civil. Si c’était lui qui l’avait tué, il s’en rappellerait… Tout ce dont il se rappelait, c’est son sprint vers le Hummer pour trouver la trousse de secours ; le bruit de la roquette qui approche et après : le vide total. Jermaine conclut donc qu’il venait de perdre sa mémoire directe. Un chemin de terre à proximité jonché de deux trous d’explosion lui avait rappelé un souvenir : son camp de base se trouve d’un des cotés de cette route… Mais alors lequel ? Il n’en avait aucune idée. Après avoir repris ses esprits, il constata qu’il avait excessivement chaud, ce qui paraissait normal étant donné la température fortement élevée. C’est ainsi qu’il décida d’aller trouver de l’ombre dans ces grands bâtiments qu’il voyait en haut d’une petite colline. Deux heures durant, il erra dans les allées et places du temple et ressentait pour la première fois, faute d’avoir autre chose à faire, un sentiment d’intérêt pour ce pays, son histoire, sa civilisation.  

 

Le soleil va bientôt se coucher. Jermaine est affamé et craint d’avoir froid s’il doit passer la nuit ici… Il ne peut pas descendre ainsi vêtu dans le petit village qu’il a aperçu en bas, l’accueil qu’on lui porterait serait plus qu’hostile… Pourquoi l’a-t-on laissé dans le désert ?! Cette question tourne en rond dans sa tête.  

C’est alors qu’il commence à chercher un endroit plat et plus propice que la pierre pour dormir qu’il tombe nez à nez avec une silhouette humaine entièrement voilée. Jermaine a peur, il est affaiblit et ne saisit pas tout de suite qu’il s’agit d’une femme. Par réflexe, il sort son arme de poing et la braque vers l’ombre. Lentement, la femme (Cristina Caine) avance alors que Jermaine fait signe de reculer. Lentement, elle se dévoile le visage et Jermaine baisse son arme.  

« Iraqi » dit-elle doucement en se montrant du doigt. Elle le regarde droit dans les yeux et l’autre ne sait pas comment l’interpréter. Lentement, elle se rapproche de lui et prend son arme. Jermaine fronce les sourcils, il tremble et retient son pistolet comme pour ne pas se le faire piquer. La femme secoue la tête de façon hypnotique pour dire « non » toujours en regardant Jermaine dans les yeux. Il lâche prise.  

La nuit est tombée si vite qu’il ne s’en est pas rendu compte. La femme pose l’arme par terre, se retourne et commence à partir de façon à ce que Jermaine comprenne qu’il doit la suivre.  

Arrivé en dehors du temple, la femme se retourne et montre du doigt le petit village. Jermaine, cette fois-ci, comprend qu’elle veut l’y emmener. Il agite la tête en disant « Oui ! Oui ! ». Sans hésiter, l’ « Iraqi » commence à déshabiller Jermaine qui la repousse une première fois et la regarde, stupéfait. Il se demande si c’est une prostituée… Il repense à son pistolet qu’il a laissé à l’intérieur… Il sait qu’il n’aurait pas dû. Mais lorsqu’il pose son regard sur les yeux de cette femme, il sent encore la confiance qui émane d’elle et se calme. Lentement, elle s’approche de lui et recommence à lui enlever ses vêtements uns à uns. Jermaine se rend compte qu’il fait très froid. Lorsqu’il n’a plus que ses sous-vêtements sur lui, la femme se retourne et descend vers le village. Il la suit, tout tremblotant. La faible lueur du ciel lui permet encore de voir où il met ses pieds nus.  

 

Il réalise en rentrant dans le village, devancé par la mystérieuse femme, qu’il s’en est entièrement remis à elle. Des hommes armés de kalachnikovs sortent de leurs maisons et regardent Jermaine presque nu passer dans la rue. Malgré leur airs agressifs, ils semblent accepter sa présence ici. Peut-être que Jermaine a tué un de leurs frères, peut-être qu’ils ont tué un de ses camarades…  

 

La femme le conduit dans une petite salle et lui montre un espace pour dormir. Jermaine s’y installe. C’est on ne peut plus rustique, mais Jermaine n’a pas froid. Il n’en revient toujours pas. Il dort parmi ces hommes qu’il a combattus. Il ne ferme pas l’œil, il n’arrête pas de penser…  

 

 

Au même moment – Camp de base.  

 

« - Une erreur ?! crie le commandant en espérant ne pas comprendre.  

- Oui, mon commandant, confirme le sergent-chef Gordon qui était chargé d’aller renforcer la Team JACK cette après-midi. Les yeux du commandant sortent de leur orbites :  

- Vous vous foutez d’ma gueule ? Comment peut-on oublier un soldat blessé sur le terrain ?!  

- Il était à quelques mèt…  

- Je ne veux même pas entendre de justification ! Vous partez immédiatement le chercher avec votre escadron, ça leur apprendra à avoir un chef débile ! Rompez ! »  

L’autre sort sans dire un mot et convoque son équipe.  

 

Dix minutes plus tard, Gordon et sa team partent dans la nuit en direction du bled perdu du secteur 55A3. Ils ont ordre de trouver et ramener le sergent-chef Jermaine Taylor, mort ou vif, « oublié » sur le terrain… Gordon n’aime pas se faire engueuler. Gordon est énervé.  

 

Ça va chier.  

 

---  

 

Chpom Entertainment revient après quelques semaines d’absence et vous présente un film entièrement écrit et réalisé par Charles Freeman qui semble commencer à maîtriser le film d’action. Ici, avec « Iraqi » , il s’intéresse au conflit mené par les américains en Iraq dans les années 2000. Un film lourd de sens qui pose un regard critique sur la façon qu’ont eu les américains de faire cette guerre, mais aussi sur les grandes différences éthiques des deux civilisations opposées dans le conflit.  

 

Scénario :
une série B d'action (dramatique) de Charles Freeman

Raoul Buxton

Cristina Caine

Tom Kent

Cecilia Hardy
Sorti le 02 juillet 2016 (Semaine 600)
Entrées : 5 323 546
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=13145