Nando Arrabal adapte au cinéma une des ses plus célèbres nouvelles avec ce court-métrage joué par Quentin Da Silva et Sophie Cole.  

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Des formes devant ses yeux. Des couleurs. Des sons murmurants à ses oreilles. Il (Quentin Da Silva) sent, il ressent ce nouveau corps. Il lève ses mains devant ses yeux, il les observe, les retourne, fait bouger ses doigts… Une Minute… L’air glisse sur sa peau. Avec ses pouces, il se frôle les autres doigts, une sensation de frisson l’envahi. Il fait alors glisser sa langue sur ses lèvres, doucement et délicatement. Ses mains s’approchent lentement de son visage, et à son contact, il frémi, un long soupire lui échappe. Il caresse toute la surface de ce nouveau visage, essayant de se l’imaginer, de se l’approprier… Deux Minutes… A chaque fois, toutes ces sensations le bouleversent, jamais il ne s’habituera à cette impression de renaissance après un siècle d’attente, d’impatience, de vide. Mais il doit combattre cette impression, il demande alors à ce corps de se lève et il quitte alors le pièce dans laquelle il se trouve… Trois Minutes… Le temps est compté…  

Arrivant dans la rue, l’image de ce monde l’agresse. Tout a changé en un siècle, le bruit de ces foules, de ces voitures. Il se couvre les oreilles, il n’est pas habitué à tous ça, tout ce vacarme sonore remplaçant le doux silence de l’attente dans une quasi-mort… Quatre Minutes… Immobile sur le trottoir, les passants le bousculent en voulant passer. Il essaye de rester debout face aux assauts de cette époque nouvelle, tellement envahissante et impersonnelle. Soudain, il se met à ressentir Sa présence, cette douce chaleur de l’amour l’envahi à nouveau, cet amour interdit qui lui a valut, et à elle aussi, cette malédiction… Cinq Minutes… Elle n’est pas loin, il le sent. Un feu le brûle de l’intérieur. Il essaye de regarder au loin pour la trouver dans cette masse. Il écart les gens de son passage et se dirige avec ardeur dans la direction que son instinct lui dicte, l’amour est trop fort pour le rendre aveugle… Six Minutes…  

Cette foule d’individus le ralenti, l’énerve, le fatigue. Il veut avancer à contre-courant, mais même poussé par cet espoir fou de la revoir, il n’arrive pas à aller assez vite… Sept Minutes… Il perd le peu de temps qu’ils ont, il commence à paniquer, il veut la voir, l’entendre, la sentir, la toucher. Soudain il s’arrête, son corps commence à trembler, il la (Sophie Cole) voit en face. Il sait qu’à travers ce corps temporaire c’est bien elle… Huit Minutes… Elle aussi s’est arrêtée, elle le regarde avec tant de surprises, elle l’a aussi reconnu. Ils courent alors l’un vers l’autre, des larmes doucement chaudes caressent dans leur descente leurs joues. Cet amour éternel les réuni encore une fois, et qu’importe les corps qu’ils occupent, qu’importe la douleur qu’ils endurent, ils s’aiment… Le temps est compté avant qu’ils ne retournent encore dans une si longue période d’attente… Ils s’aiment comme ils se sont toujours aimaient, ils s’aiment comme ils s’aimeront toujours, ils s’aiment comme ils vont s’aimer maintenant… Neuf Minutes…