Jamie sait qu’il va mourir. Cette bande d’enragés dehors ne va pas le laisser tranquille jusqu’à ce qu’il ait remboursé la totalité de ce qu’il doit. Et il sait qu’il n’aura jamais cette somme d’ici la semaine prochaine.  

Jamie a vu beaucoup de films noirs, mais il ne pensait pas qu’un jour il se retrouverait dans une telle situation. Stupide histoire de drogue. Il avait besoin d’argent, mais maintenant il ne s’agit plus de ça. Il a foiré son coup… Il doit payer. Jamie ne peut pas payer, il va mourir…  

1995, Stuck City, Arizona. Dans cette ville fondée au plein milieu d’un désert, un groupe de malfrats impose son autorité sur les marchandises illégales depuis quelques années et se fait appeler les Hawx. Par l’emploi de grosses brutes de 120 kilos l’unité qu'on appelle les guards, ils font régner la terreur sur le moindre dealer et c’est ainsi que Franck, le patron des Hawx, dirige l’entièreté du marché noir Stuckien.  

Jamie (Conrad Kelly) a 28 ans. Célibataire, il a enchaîné les petits boulots jusqu’à il y a 2 mois. En effet, après s’être fait viré de chez Burger King, il n’avait pas réussi à joindre les deux bouts au 30ème jour d’août et s’était mis à revendre de la cocaïne. Seulement 2 jours plus tard, il se faisait casser la gueule par un guard et se voyait obligé de coopérer avec cette espèce de mafia en revendant leur drogue…  

La première livraison fut vite revendue, et sans cesse attiré par l’argent, Jamie avait demandé une deuxième livraison immédiatement. Il y en avait pour 20 000 dollars, et avec les marges, Jamie pouvait se faire 1 000, voire 1 500 dollars en deux ou trois semaines seulement ! Il n’avait jamais dealé auparavant et se promettait qu’il arrêterait dès que possible… Sans avoir le temps de prévoir quoique ce soit, il se refaisait casser la gueule chez lui par trois hommes, cette fois-ci. Sa réserve de cocaïne avait disparu pendant la nuit, probablement volée, ce que les Hawx n’apprécient guère, surtout pas Franck (Priscilla Keith). Ainsi il se retrouvait sur son canapé lit, en sang, endetté de 20 000 dollars, sachant que c’était fini, qu’il allait mourir.  

Allongé, il repense à sa famille. Il repense à son père, emporté par un cancer. Il repense à ce moment où, lorsqu’il avait 16 ans, son père lui donnait son couteau de chasseur en lui disant que c’était ce qu’il avait de plus cher ; qu’un jour, si Jamie le voulait, il pouvait le revendre s’il avait besoin d’argent. « Chienne de vie ! » criait-il sans cesse. Puis il se retournait vers Jamie et, quelque fut l’âge que Jamie avait, il lui disait : « Ca va être dur la vie, tu verras. Tu vas devoir te battre. Et quand tu te battras, si tu veux vivre, il faudra que tu deviennes fou, mon fils, fou de rage, pour garder ta place… Sinon, tu mourras. »  

Soudain, Jamie se lève. Il essuie ses larmes mêlées au sang et se met à chercher partout dans son appartement. Comme il ne trouve pas, il descend à la cave. Hystérique, il pousse tout ce qui s’y trouve avec violence et trouve enfin ce qu’il cherche dans un étui en cuir tout poussiéreux : le couteau de chasse de son père. Il le sort en l’empoignant avec une force enragée et le contemple, les dents sorties telles celles d’un loup affamé. Ce couteau, Jamie ne l’a jamais vendu… Et dieu sait combien de fois il a eu besoin d’argent.  

De retour dans son appartement, Jamie avale deux verres de whisky et sort par la fenêtre. Il descend l’échelle de secours le couteau entre les dents et se met à marcher d’un pas rapide.  

Arrivé à l’entrepôt des Hawx, il repère deux guards à l’entrée. L’un tient un pistolet au poing, l’autre a ses gros bras croisés et son pistolet rangé dans un holster. Jamie enlève son T-shirt et l’enroule autour de sa tête comme un bandeau pour faire arrêter son arcade de saigner. Il contourne l’entrepôt et, dans l’ombre, revient vers l’entrée. Les deux qui gardent l’entrée de l’ont pas entendu. Il va falloir être rapide et précis…  

Alors qu’il coupe rapidement la gorge du premier par derrière, le deuxième sort son arme mais trop tard, Jamie s’est déjà jeté sur lui en poussant un cri de guerre et en enfonçant à plusieurs reprises le couteau dans son thorax. « Un bon début » se dit-il. Après avoir saccagé l’entrepôt, Jamie récupère les deux armes sur les corps. Complètement en transe, il ne se sent plus lui-même… Il a l’impression d’être devenu fou, mais il sait que c’est la seule solution pour survivre et il ressent l’adrénaline. L’adrénaline que doit ressentir une bête traquée… Ce retour aux instincts primitifs, les instincts de survie, le fait se sentir vide, neutre, tel un animal... C'est le seul avantage qu'il a sur la dizaine d'hommes qu'il lui reste à tuer.  

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Bienvenue dans l’univers cru de Charles Freeman qui signe ici son premier film… Instinctif et sec, il dessine une métaphore de la vie compétitive que nous connaissons. Conrad Kelly interprète plutôt bien ce « Mad Boy » qui décide d’affronter son sort dans la violence.