Durée: 1h54  

Tout public  

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15h03. Le temps semblait s’être arrêté sur la piste de l’aéroport de Munich. Le bimoteur en flammes, écrasé dans la neige, hurlait avec une puissance qui vous rappelait la violente réalité de la vie. La mort, le chaos et le désastre. Dans l’appareil, les cris de détresses se perdaient dans le grondement du brasier. Des passagers étaient en train de brûler vifs, pendant que d’autres sauvaient leur peau. Harry Gregg, gardien de but de l’équipe de Manchester United avait eu la chance d’en sortir. Mais le ventre serré et le cœur lourd, il retourna dans l’enfer de l’appareil, secourir ses équipier et amis. Il parvint à tirer Bobby Charlton et Dennis Viollet, ainsi que Vera Likíc et son bébé. Mais tout héroïsme avait ses limites, et c’est tout ce qu’il avait pu faire. Quatre vies sauvées, tant et si peu à la fois. L’air était suffoquant, irrespirable. Le sang éclaboussait les yeux, le sang des amis. Il était 15h30, le 6 février, et c’était l’apocalypse à Munich.  

De retour au pays, les survivants du drame prirent conscience de ce qui leur était arrivé. Sept de leurs équipiers étaient morts, en plus des membres du staff et du joueur anglais le plus prometteur de la décennie, Duncan Edwards, envoyé à l’hôpital dans un état critique. Même le colosse, l’inébranlable entraîneur, le monument du club Matt Busby avait été réduit à l’état d’être humain. Bien qu’il se remettait de ses blessures assez rapidement, pour lui aussi le brusque retour à la vie avait été difficile. Une équipe solide, qui venait de se qualifier pour les demi-finales d’un Coupe de Clubs Champions qui leur était promise, après plusieurs années de construction et de montée en puissance. Une formation jeune et pleine de promesses pour le foot anglais. Un Manchester en passe de devenir plus grand qu’il ne l’aurait jamais été, avec des joueurs qui allaient devenir les plus talentueux de leur génération, les Busby Babes comme on les appelait. Tout cela, tous ces espoirs et ces projets, tous ces rêves de gloire réduits à néant en quelques instants.  

Mais la vie devait continuer, elle qui venait de leur apparaître sous son vrai jour : prometteuse et heureuse d’un côté, cruelle de l’autre. Ils étaient une équipe de football, et ils devaient jouer. Jouer pour leurs amis. Jouer le cœur léger et libéré, parce que c’est ce qu’ils voulaient. Jouer pour gagner, comme ils le faisaient. Gagner pour eux.  

Alors qu’ils se préparaient à retrouver les terrains, dans la douleur, ils apprenaient que Duncan Edwars avait finit par succomber à ses blessures. Quelle abomination ! Comme si ça ne suffisait pas. Il fallait enfoncer le clou encore un peu plus et priver ce gosse de 21 ans de la grandeur qui lui était réservée. Et plonger les survivants dans une tristesse encore plus profonde. Bobby, Harry et Dennis étaient devenus plus unis que jamais. Ils essayaient de surmonter leur état de détresse et leurs angoisses pour offrir aux joueurs tombés les étoiles dont ils rêvaient tant.  

Difficile, très difficile même. C’est ainsi que la saison continua. Mais Dieu leur avait accordé la chance d’être encore là et de poursuivre leur aventure vers les sommets. Avait-il choisi les bonnes personnes ? Bien sûr chacun se serait sacrifié si sa vie avait pu sauver celle d’un autre. Mais ce n’était pas ainsi que les choses allaient. Ceux qui restent et ceux qui partent étaient choisis arbitrairement. C’était ce que leur Dieu avait décidé pour eux. Pouvaient-ils vraiment discuter cela ? Ils étaient vivants. C’est eux qui étaient restés. Et à eux de faire ce qu’il fallait pour préserver leur place dans l’estime de leurs amis, qui les observaient d’en-haut. Jouer, gagner et vivre en héros. Comme leur amis étaient morts…