Assis à une table devant un café, le regard perdu à travers la vitre qui donne sur la rue, Arthur attend en observant chaque client qui entre dans l'établissement. Il attend un stylo à la main, avec face à lui une feuille raturée, sur laquelle on peut apercevoir la marque ronde laissée par la tasse de café qu'il vient de terminer. Il attend sans trop d'espoir.  

Ce vieux monsieur au chapeau mou, client régulier venant chaque midi après déjeuner boire un café pour échapper quelques instants à son épouse qui l'attend déjà à la maison, ne lui laissant aucun instant de répis pour profiter de sa retraite seul, comme il voudrait le faire de temps en temps. Cet étudiant qui chaque jour vient potasser ses cours en buvant une boisson gazeuse. Ces deux collègues qui profitent de leur pause déjeuner pour se détendre chaque midi autour d'un billard. Les sources d'inspirations ne manquent pourtant pas à Arthur pour composer un nouveau titre, et pourtant le jeune musicien ne parvient pas à écrire.  

Convaincu depuis toujours que la seule chose qu'il voulait faire de sa vie était de composer et interpréter des titres musicaux, Arthur avait galéré un long moment avant de connaître enfin la gloire. Il avait enchaîné les refus des maisons de disque, et avait même commencé à perdre espoir, jusqu'au jour où, alors qu'il était assis à cette même table dans ce café, il avait vu entrer une magnifique jeune femme aux cheveux bruns qui s'était assise à une table pour boire un café. Elle était restée seule à cette table pendant de longues minutes durant lesquelles Arthur était resté l'admirer, sans jamais oser l'approcher pour lui adresser la parole.  

Durant tout ce temps, il avait imaginé diverses raisons pour lesquelles cette jeune femme était assise là à attendre devant son café, et dans sa tête des notes s'étaient mises à s'enchaîner, composant un morceau sur lequel il mit des paroles sans difficultés. Le soir même, dans son minuscule appartement, il avait enregistré une maquette de sa chanson, accompagné de la guitare accoustique qui ne le lâchait plus depuis des années.  

Le lendemain, lors d'un rendez-vous pour proposer à nouveau la maquette qu'il présentait depuis alors plus d'un an, Arthur avait décidé de proposer cette nouvelle composition. Et immédiatement, le producteur qu'il avait alors rencontré avait flairé le tube.  

Quelques mois plus tard, le single de sa chanson d'amour mélancolique était dans tous les bacs. Ce fut un carton, le succès de l'été. La maison de disque lui avait alors proposé de produire un album, lui demandant de composer douze titres en peu de temps. Mais Arthur n'a plus l'inspiration, et son esprit reste accaparé par cette fille assise dans ce bar où il était resté l'admirer. Il ne pense plus qu'à elle, sa muse, celle qui lui avait inspiré cette chanson, et fatalement celle qui aujourd'hui lui occupe tellement l'esprit qu'il ne parvient plus à composer.  

Assis à une table devant un café, le regard perdu à travers la vitre qui donne sur la rue, Arthur attend en observant chaque client qui entre dans l'établissement, espérant voir revenir cette jeune fille dont il est tombé éperduement amoureux, sans pourtant l'avoir jamais réellement rencontrée. Il attend un stylo à la main, face à une feuille raturée. Il attend sans trop d'espoir, et sans remarquer cette belle serveuse nommée Olivia qui chaque fois qu'elle lui ressert un café le regarde dans l'espoir qu'il lui adresse la parole. Mais son esprit est ailleurs, perdu dans un rêve dans lequel il reste bloqué depuis de longs mois.  

Arthur : Sean Krumholtz  

Olivia : Marie Gregson  

Le producteur : Klaus Krumholtz  

La muse : Emmanuelle Huang