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Prod'Artaud présente
Petite Histoire de l'évolution de la santé....

En Egypte ancienne, certains papyrus décrivaient déjà le cerveau et attribuaient une cause surnaturelle aux maladies mentales. Il s’agissait alors de chasser le mal par des incantations en référence aux dieux menaçants. Comment la santé mentale a-t-elle été perçue à travers les siècles et les pays ?  

 

Depuis l’antiquité, le lien entre le sexe et la maladie mentale est souvent démontré. Toujours en Egypte, l’hystérie est définie comme le déplacement de l’utérus dans le corps de la femme et qui réagirait comme un petit animal. L’utérus montait à la tête selon eux et occasionnait toutes sortes de maux dont les yeux hagards, l’agitation, la colère sans cause apparente… Cette hystérie était traitée par des fumigations vaginales c’est-à-dire que les soignants mettaient en place un dispositif comme de l’encens dans le but d’enfumer le vagin. Là, il n’y a pas grande différence avec le fait de débusquer un lapin de garenne dans son terrier.  

 

Les Hébreux attribuent clairement la maladie mentale à Dieu et c’est grâce ou pas à eux que l’on doit le terme « fous ».  

 

Les perses (nord de l’Iran actuel) et en particulier un prophète du nom de Zarathoustra antagonise le corps et l’âme, desquels il sortirait un combat perpétuel dont l’issue est parfois fatal. Les perses ont des hommes de scalpels, des hommes des plantes et des hommes de paroles. Ce sont les premiers psychothérapeutes. Ces derniers distinguent 4 humeurs différentes qui circulent à tour de rôle dans le corps : l’humeur sanguine, le flegme, la bile jaune et la bile noire dont les signes sont respectivement chaud, froid, sec et humide. C’est à partir de ces observations que se dégage une première explication physiopathologie de l’hystérie : il est dit que l’absence de relations sexuelles assèche la zone pubienne et oblige l’utérus à se déplacer vers le haut pour être humidifié. En effet, l’utérus aime l’humidité. Le traitement proposé alors est le mariage.  

 

Dans la Grèce antique, Hippocrate le Grand (David Wieczorek) prescrit, lui, des plantes aux effets émétiques (vomitives). Platon définit l’utérus comme suit : « L’utérus est un animal désirant naturellement procréer ; s’il est dans l’impossibilité de le faire, il se déplacera vers les membres supérieurs et se manifestera tel qu’il agit déjà à son endroit originel, c’est-à-dire comme un animal incomplet ». En Grèce, les fous sont sous la responsabilité de leur famille. Le plus souvent, ces familles abandonnaient son membre et ainsi naquirent les « fous de village ».  

 

Selon les médecins arabes de l’époque, le traitement à appliquer aux hystériques sont les jeux d’échec et des séances de coups de verge (… une branche souple avec la quelle les médecins fouettaient le dos).  

 

Bien plus tard, sous l’Inquisition, on commence tout juste à trouver des moyens plus adaptés pour guérir de la maladie mentale grâce au magnétisme mais les bûchers grondent sur les places publiques. Le pire malheur qu’il puisse arriver au XIIIème siècle est d’être en effet considéré comme une sorcière ou un roux.  

 

Dans la France du XVIème, le père de la chirurgie moderne, l’inventeur de la cautérisation par le fer rouge ou l’huile bouillante, le créateur des artères suturées, Ambroise Paré définit l’hystérie comme le déplacement vertical de l’utérus. Les diagnostics n’avancent pas de ce point de vue mais ce célèbre médecin s’employa à des méthodes moins radicales pour sauver les malades du bûcher qu’ils encouraient par le fait de leur comportement asociaux. Les traitements consistent une nouvelle à diverses fumigations mais pour d’autres raisons. En effet, il décrit que l’utérus est attirer par les doux parfums et que, par conséquent, il se réfugiera dans le crâne si les parties intimes développaient des effluves nauséabondes. Le principe du traitement consiste alors à inhaler de mauvaises odeurs (goudron, pétrole, suie, plumes de perdrix, poils d’homme) pour chasser l’utérus de son endroit et de l’attirer vers le bas ventre avec de l’encens par un dispositif ressemblant à un pénis de métal troué (pour laisser passer le parfum).  

 

Robert Burton, écrivain anglais du XVIIème siècle, s’intéresse à la mélancolie qu’il décrit comme la tristesse de l’âme. Il préconise aux malades de voyager beaucoup et la confession de son chagrin à un ami. Ce sont là les prémisses des entretiens psychologiques.  

 

A compter du XVII-XVIII, les mendiants, les chômeurs, les errants et les prostituées sont accueillis dans un même lieu comme le l’hôpital du Kremlin-Bicêtre et La pitié-Salpétrière à Paris. Bruegel l’Ancien nous fait part avec l’un de ses plus célèbres tableaux l’un des traitements subis par les malades mentaux. Il s’agit d’extraire la pierre de la folie par trépanation ou par une incision dans la nuque suivant la localisation interprétée du mal. D’autres consistent à transfuser du sang d’animal mais l’action ne menait pas loin, puisque dans ces conditions, le corps rejette par l’urine le sang injecté. Ces derniers déchets étaient signe pour les médecins que la guérison était proche car le malade éliminait ainsi l’atrabile c’est-à-dire l’humeur correspondant à la bile noire. D’autres méthodes consistent de même à rétablir l’équilibre entre les quatre humeurs comme l’application ou l’inhalation d’opium, d’excréments humains cherchés dans le rectum, la corne de rhinocéros en poudre.  

 

Le délire fait alors sa première apparition dans le vocabulaire et il traduit une inflammation du cerveau et il se soigne par la prescription de saignées au niveau de la nuque. Pour les hystériques, les médecins appliquaient des sangsues au niveau des cuisses ou de la vulve. Mais voici un cas concret : « Marie (Whitney Tager) est une adolescente de quinze ans. Diagnostiquée comme ayant une manie vraie et non fébrile, elle ne peut tenir en place, mange des fruits malsains et extraordinaires. Ses yeux sont hagards. Même si l’on apprit une certaine hérédité, Marie n’était pas encore réglée et cela pouvait être la cause de tous ses maux. Alors on prit des seaux remplies de sangsues bien dégorgées et mélangées dans une eau sale. De gré et un peu de force, on lui mit les pieds ».  

 

C’est au XVIIIème siècle que la santé mentale connaît une nette amélioration grâce à Philippe Pinel, aliéniste français. En effet, celui-ci, préoccupé du sort des malades, obligea les institutions à détacher les malades de leurs chaînes et à les habiller décemment. Pour les plus agités, il conçut une chemise dont les manches s’attachaient dans le dos. C’est la première camisole. Pinel supprime les saignées mais elles persisteront jusqu’au début du XXème. Ils suppriment les médications inutiles dans le souci de rendre plus humains les soins aux personnes atteintes de la maladie mentale. En outre, il instaure des traitements spécifiques et dégoûtants destinés à créer un choc pour réveiller le malade. Par exemple, pour les épileptiques, il préconise d’avaler des vers de terre à jeun avant le lever du soleil. Pour les mélancoliques, il prescrit des fientes de paon ou un pigeon, ouvert en deux, à appliquer sur le visage. Pour les hystériques, il donne à grignoter la zone temporale des crânes, des fesses de nouveau-né, à boire le sang des premières règles. Pinel s’intéresse aussi aux hommes avec le problème le plus récurrent. Il définit alors la masturbation comme un déréglement sexuel engendrant des maux physiques et intellectuels comme l’imbécillité, la stupidité, la dépravation de l’hygiène de vie, la paresse. Seulement, la guérison semble impossible et le traitement consiste à appliquer une barrière physique grâce à un costume antimasturbatoire. A cela est associé l’invention du lit spécialisé où le malade est attaché avec des liens.  

 

En 1838, c’est la création de la première charte et d’une première loi pour protéger et soigner les malades en psychiatrie. Les modalités d’hospitalisation et de sortie ainsi que la protection des biens du patient seront bientôt appliqués. Il n’était pas rare qu’un mari veuille se débarrasser de son épouse dans ses institutions pour lui voler tout son argent.  

 

Un autre médecin s’intéressa une fois de plus à l’hystérie. Le neurologue Jean-Martin Charcot (Christopher Erotas) met en doute la possibilité d’un utérus migrateur dans le corps mais pense davantage à une maladie neurologique pour laquelle il préconise des séances d’hypnose. Freud s’en inspirera pour fonder son propre courant : la psychanalyse. Mais revenons à Charcot qui propose de choquer le corps, de le mettre face à ses propres traumas. Ainsi naissent les bains-surprises, une hydrothérapie durant laquelle le malade est enfermé dans une cage et est plongé de façon à ce qu’il soit surpris (au milieu d’une conversation par exemple). Certains mélancolique bénéficient de bains de dix heures d’affilée pour se sortir un tant soit peu dans leur mutisme ; l’eau, déversée sur la tête à une hauteur de deux mètres de hauteur, est froide ou chaude à tour de rôle, toujours de manière surprenante et brutale. D’autres méthodes virent le jour comme le fauteuil rotatoire sur lequel un patient est assis afin d’engager un pirouettement tellement intense que la rotation permet dans une durée assez courte de soulager la mélancolie. La rotation permettrait de « redistribuer l’ordre des fibres nerveuses comme un peu les dés sont lancés ». L’expérience du fauteuil n’aura pas duré puisque la menace du fauteuil suffira après un seul passage ! Il fallait dire que les effets indésirables étaient nombreux… et particulièrement hasardeux.  

 

Au début du XXème siècle, tandis que les médecins continuaient de comprimer les ovaires à l’aide d’une ceinture pour en désengorger l’humeur hystérique, la succession de découvertes permet un nouveau souffle pour la santé mentale après l’humanisation de Pinel. C’est le cas de l’insulinothérapie pour les diabétiques, des premiers psychotropes à base d’opiacés et de la sismothérapie, encore d’actualité. Malgré tout, le développement de la psycho-chirurgie va longtemps entacher la psychiatrie, considérée comme une prison plus que un corps soignant.  

 

En 1920, de nouveaux traitements intègrent des neuroleptiques.  

En 1957, c’est au tour des benzodiazépines qui vont permettre de sécuriser l’environnement du patient et de lui apporter une meilleur prise en charge : hypnotiques, myorelaxant, anxiolytiques…  

 

Cette explosion encore très récente (puisque la dernière lobotomie a eu lieu dans les années 70) démontre que la santé mentale évolue et est en recherche de nouvelles conquêtes : la terre est à l’univers ce que le cerveau est à l’inconscient ! Il est certain que de nouvelles entreprises verront le jour dans les prochaines décennies pour donner enfin la possibilité aux personnes ayant des troubles de la personnalités ou de comportement de pouvoir accepter mieux la maladie au quotidien. Seulement dans le monde la psychiatrie reste un moyen de répression, un mensonge comme dans l’Etat ouvrier dégénéré chinois…  

 

Avec la voix de Tara Bregman.

Scénario : (3 commentaires)
une série B documentaire (Histoire de la Médecine) de Cecilia Winstone

David Wieczorek

Whitney Tager

Christopher Erotas

Tara Bregman
Sorti le 10 juillet 2015 (Semaine 549)
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