Hilary (Hilary Pullman) marchait dans une de ces rues sombres et étroites typiques de son quartier. La soirée avait été bonne. La décision de lancer la première attaque de la révolution avait été arrosée à grandes lampées de vodka et le rouge lui montait aux joues. Hilary tituba en équilibre précaire sur les 12 centimètres de talon de ses escarpins hors de prix. Rouges vif, emblème du parti et symbole de ce que serait le pays après la révolution. Elle étendit les bras pour s'appuyer aux murs enfermant la ruelle où elle se trouvait, tellement étroite que si quelqu'un venait à l'attaquer elle ne pourrait même pas se retourner pour se défendre. Hilary rit à cette idée. Elle inspira une bouffée d'air gelé. Un air qui sentait l'espoir. Puis, elle repris son chemin laissant courir ses mains le long des murs, à s'en écorcher la paume.  

Une salve de mitraillette retentit devant le palais du président et des hommes en noir se précipitèrent dedans. Un silence profond se fit puis des cris rauques retentirent suivis d'une explosion.  

Le coup d'état avait commencé.  

Hilary courait à perdre haleine comme si sa vie en dépendait. Sa vie en dépendait. Son visage était contracté de peur et de haine, il fallait qu'elle réussisse.  

Un coup de feu retentit et Hilary s'écroula lourdement dans le silence suivant la détonation.  

A sa suite, une arme tomba sonnant d'un éclat froid quand elle rebondit sur le sol. La peau blanche d'Hilary et ses cheveux rouges, comme ses chaussures, faisaient un contraste étrange avec le noir du sol crasseux. A côté d'elle un homme gisait, une flaque de sang commençant à couler sur le sol jusqu'au revolver. Hilary se releva lourdement, ramassa l'arme et l'essuya sur sa robe. Puis elle regarda l'homme avec un geste de dégoût, l'enjamba et continua sa route sans se retourner.  

"Une guerre de gagnée pour tant de choses de perdues... Tommy (David Wieczorek) est mort. Il avait comme ambition de résister à la révolution."  

Hilary roulait cheveux au vent dans un cabriolet tout neuf prêté par M. Crawford (Ronald Torkildsen) en personne. La dictature sentait bon la liberté, liberté d'entreprise qui avait permis de produire cette magnifique cylindrée, liberté de ne plus avoir peur de ces mots interdits jadis : 'profit', 'libre échange', 'concurrence', ...  

La chaleur sèche du désert et le vent faisaient sécher la sueur à peine perlée sur son front. M. Crawford lui avait confié une mission d'une importance vitale pour le nouveau gouvernement : Sillonner le territoire pour traquer les résistants au régime et les abattre. En plus de son profond attachement au parti et son envie d'honorer la confiance de M. Crawford, Hilary avait une autre motivation. Léa (Habiba Hachim), la meilleure d'entre eux, sa "soeur", avait disparu aux mains de la résistance. "En ta mémoire, je vais exterminer toutes ces pourritures !"  

Hilary avisa au loin le ranch, repère des résistants. Elle engagea son bolide dans le petit chemin de terre laissant derrière elle un nuage de poussière digne d'un troupeau de chevaux au galop. Ils seraient prévenus de sa présence.  

Léa et Hilary se faisaient maintenant face, l'une armée d'un couteau à découper la viande, l'autre munie d'un revolver. Pas de haine de part et d'autre, mais une profonde tristesse. Comment Léa la douce et docile Léa avait elle pu être pervertie à ce point. Elle qui avait servi le parti de tout son coeur et, Hilary le savait, de toute son âme.  

Léa parlait de sa voix douce, récitant comme une litanie tous les arguments de ces anarchistes contre le régime. Comment pouvait elle croire que cela suffirait à la détourner du vrai chemin, celui de l'obéissance au parti? Hilary leva son arme, une larme froide et dure coulant sur sa joue qui ne l'empêchait pas de viser à la perfection le coeur de Léa. Derrière elle une affiche de propagande de la résistance proclamait "la dictature capitaliste vous enchaîne à une machine pour que vous serviez... L'homme n'est plus le maître, mais est programmé. Les hommes ne sont plus que des "machine guns"...". Au loin un vieil homme chantait "Cold water" d'un certain T. Waits.  

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durée : 1h52  

bande originale :  

- Machine Gun / Pirtishead http://www.youtube.com/watch?v=Se9mqGRWjjA  

- Cold Water / Tom Waits http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=production