Son réveil sonna. Il indiquait six heures. Pour une fois, il prit son temps avant de se lever. Il avança machinalement jusqu'à la cuisine où il lança la préparation de son expresso. A l'aide de la télécommande il ouvrit les stores électriques avant de se diriger vers la salle d'eau. Il soulagea un besoin naturel et s'approcha d'une de ses grandes baies vitrées. Il avait une superbe vue plongeante sur le champs de mars, et cet appartement ne lui avait pratiquement rien coûté, chose rare dans ce genre de quartier parisien. Oui mais lui, il connaissait les bonnes personnes. En fait, Fabien Carelan, 22 ans, était un des conseillers principaux d'un grand parti français. Il avait sacrifié ses quatre dernières années de sa vie pour s'assurer un bon poste, lui qui avait toujours été avant tout carriériste. Mais les assauts répétés de sa famille qui ne l'avait pas vu depuis des années avaient finalement eu raison de lui. Ainsi ce week-end, toute la famille devait se réunir pour un « week-end champêtre ». Ils avaient eu la bonne idée de louer un gîte « logis de France ». Fabien savait très bien que cela signifiait dortoir où ils devraient tous s'entasser les uns sur les autres. Sans compter que certains avaient des gosses. Et malheureusement pour Fabien, sa famille lui avait réservé un condensé de ce qu'il détestait. La campagne. Les gosses.  

Après s'être rafraîchi et avoir enfilé son costume, il avala son expresso et quitta son appartement -valise à la main- avec un pincement au coeur. Il salua Raul son portier, et après lui avoir demandé de vérifier son courrier, il rejoignit son parking privé. Là, son Audi TT l'attendait. Il démarra et se laissa guider par son GPS. Après avoir quitté Paris et sa banlieue -là, le temps de sortie est toujours aléatoire-, la location ne devait pas se trouver à plus d'une heure et demi. Et c'est ainsi que 2 heures après il arriva à bon port. Il était 9 heures moins le quart, et comme de bien entendu, il était le dernier arrivé. Tous les mouflets étaient venus regarder la voiture. Il faut dire que dans une famille « de classe moyenne », ce genre de bolide ne laisse pas indifférent. Etaient-ils obligés de mettre leurs mains pleines de Nutella sur sa peinture grise métallisée? Il fit semblant de faire bonne figure, il l'avait promis. Il salua ses parents, oncles/tantes, cousins/cousines, d'autres dont il ignorait quel lien de parenté pouvait les unir, et enfin les amis que certains avaient jugé bon d'amener.  

Ils avaient déjà tout prévu, ce matin pêche; ce midi, on mange la pêche; cet après-midi, randonnée; et ce soir, barbecue sous les étoiles. Il fallait voir comment ce programme les faisaient rêver. Dans son coin, Fabien se motivait. Ca n'était que deux jours après tout, et après il tenterait de repousser la prochaine sortie à cinq ans si possible. Si les enfants avaient sali la carrosserie, certains adultes avaient déjà agacé le jeune politicien avec leurs réflexions comme quoi leurs impôts payaient sa voiture. C'était de sa faute à lui s'ils avaient des vies de ploucs ? Il se surprit à laisser paraître une pointe de mépris pour ces gens, sa propre famille. Il faut dire qu'ils n'avaient eux et lui jamais rien eu en commun. Faire bonne figure, il l'avait promis, et sa mère lui assura qu'ils le « charriaient ». Le midi -comme il fallait s'en douter comme aucun pêcheur récurrent ne faisait parti du groupe-, il n'avait rien à manger. Il fallait tenir jusqu'au soir. Et toute la tribu partit en randonnée. Fabien les avaient prévenus que sans rien dans le ventre c'était peu prudent. Mais ils lui avaient fait comprendre qu'un citadin qui passait sa vie dans les hémicycles ne connaissait rien à la randonnée. Faire bonne figure.  

Après deux heures et demi de marche ils eurent enfin la bonne idée de faire une pause. Certains se sentaient mal. Surtout les enfants, qui avaient très faim. Ils décidèrent donc de rentrer au logis. Seulement, aucun d'entre eux n'avaient pensé à prendre la carte. Les reproches et les insultes commencèrent à fuser, entre les pleurs stridents des enfants. Tous, pensaient qu'il valait mieux attendre ici, plutôt que d'aller s'épuiser encore et de risquer un malaise. Ne les voyants pas le soir, la responsable du logis préviendrait sûrement les secours. Fabien trouvait cette idée ridicule. D'ailleurs, les esprits s'échauffèrent entre lui et son oncle Samuel. Ce dernier lui lança même une avoine en plein visage, en le gratifiant d'un « petit trou du cul prétentieux ». C'en était trop pour Fabien. Bonne figure ses fesses. Il décida de rejoindre seul le logis. Les autres n'avaient qu'à crever ici. Seule Amanda, une amie de sa cousine décida de l'accompagner, histoire qu'il ne soit pas seul. Fabien l'avait déjà remarquée. Il faut dire qu'elle était plutôt à son avantage dans sa tenue de randonneuse. Fabien lui, était en chemisette/pantalon velours. La douleur de son oeil au beurre noir lui fit prendre conscience qu'il n'avait peut-être pas eu le comportement adéquat. C'était sa famille après tout. Le coup de grâce fut lorsque Amanda remarqua qu'un barrage naturel venait de céder. Et que si ses calculs étaient justes, la famille s'était arrêtée pile sur le lit de la rivière. Etant donné la force du courant, ils risquaient d'être tous emportés. Les deux jeunes compagnons commencèrent à courir pour les prévenir, le ventre vide...  

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Réalisateur : Ralphaez – Premier rôle masculin : Jason Sagnier (rôle de Fabien) – Premier rôle féminin : Gwendolyn Maher (rôle de l’amie de la cousine) – Second rôle masculin : Klaus Krumholtz (rôle de l’oncle Samuel) – Second rôle féminin : Demetra Hardy (rôle de la mère du narrateur) – Scénariste : Ralphaez - Affiche : – Studio : Studio Laure Pariseau (série B) – Producteur : Riri2 – Distribution : Nous avons les mains rouges - Production : Production Riri3 et Neveu Associé (PRNA)