Durée: 1h46  

Déconseillé aux moins de 12 ans non-accompagnés  

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19h36. Alors que je me présente devant la feuille blanche, l’alcool et la drogue de cet après-midi commencent à peine à produire leur effet. Pas la défonce de zombie, ça c’était tout à l’heure, mais les vrais effets psychotiques, les illusions créatives qui remuent devant mes yeux. Pile au bon moment ! Le cerveau proche du point de mort, je contemple cette succession d’images subliminales, un régal pour les yeux. C’est mon prochain film qui se présente sous mes yeux. Ma plume se met à parcourir le papier dans un frottement frénétique, presque agaçant. C’est une histoire antique. Un mythe que personne n’a jamais entendu. Ce récit est unique ! Une histoire d’amour invincible, l’histoire de… mais comment ils s’appellent ? Bon sang ces images ne disent rien. Pas de nom, pas la moindre parole ! Ce n’est qu’un portfolio, tout au plus un film muet. Mais il me faut des paroles, et des noms ! Ah comment faire ? Je sais ! Dans le tiroir, là dans le fond…quelque part…ah ça y est ! Mes médicaments…Trois pilules et tout va bien…les images reviennent, et j’entends parler. Oui j’y suis !  

Rhésos et Eleftheria, prince et princesse de Thèbes. Ils s’aiment d’un amour si fort que rien ne pouvait les séparer. Jamais on ne les avait aperçus séparés. Et ensemble, ils vivaient dans leur bulle amoureuse, douce et chaleureuse. Ils ne se souciaient de rien d’autre que d’eux, et des plaisirs de leur constante étreinte. Wah ! Si ça pouvait être comme ça avec Marie… Mon Dieu je n’aurais plus besoin de me saouler et de me défoncer en permanence pour cracher des scénarios ! Il n’ya aurai plus qu’elle et moi, et rien d‘autre ! Mais on n’en est pas là. Arrêtes de penser à ça et concentre-toi, t’es en train de perdre le fil de tes idées. Allumes une clope, voilà…et termine ton histoire bordel !  

Mais un jour, la mort vint percer leur bulle, et emporta la magnifique épouse du prince. La brutalité de la chose à elle seule plongea Rhésos dans le chagrin le plus profond. Enfermé dans son palais, il pleurait sa bien-aimée nuit et jours, sans relâche, maudissant les dieux à chaque instant passé sans elle !  

Il s’aperçut très vite que rien ni personne en Grèce ne pourrait lui ramener sa princesse. Il entreprit alors un voyage complètement immoral, vers les nations perses et plus loin encore ! Pendant des jours, des semaines, des mois, et des années, il marcha. Il marcha continuellement vers l’orient, et ses promesses de résurrection. Il marcha vers des contrées inexplorées par la civilisation, des terres maudites, des airs chargés de démons, de péchés et imprégnés d’une odeur maléfique…  

Ta gueule ! Arg, saloperie de bestiole ! Mais tu vas crever sale mouche. Tu vas crever et me laisser gagner l’Oscar… Quoi ? J’ai dit ça…mais je deviens fou ma parole. L’Oscar…la fumée me monte à la tête. Ecrase ça, voilà. La cigarette c’est la pire des saloperies. A vous bouffer chaque neurone l’un après l’autre, fumer rend dingue ! Continuons… …des airs imprégnés d’une odeur maléfique…une odeur maléfique…non ! Des terres imprégnées d’une od…NON ! Non c’est pas ça ! Maudites soient les mouches ! Je ne vois plus rien, je n’entends plus rien… il n’y a plus qu’une feuille remplie de gribouillis incompréhensibles…allez prend ça…respire-le profondément…et voilà ! Rah…oh oui je vois…  

Il arriva dans un royaume appelé Yomi no Kuni, le pays de la nuit et de la mort. C’est dans cette contrée repoussée qu’Eleftheria est retenue, prisonnière des griffes de la mort. Rhésos est là pour la délivrer, mais il va découvrir qu’elle s’est tournée vers son nouveau pays…et qu’elle n’a plus d’amour pour le prince…  

TA GUEULE ! Oh putain…là faut vraiment que je me calme…tellement défoncé et explosé que j’ai balancé une imprimante sur Marie, pour qu’elle le foute enfin la paix ! Enfin je crois…je ne sais même pas…peut-être qu’elle voulait juste m’embrasser, ou me dire au revoir…mais quelle heure est-il ? 23h42 ! Oh mince, elle venait dormir, à tout les coups…elle me prévenait juste de sone entrée dans la chambre…mais alors, l’imprimante. C’est sur la porte que je l’ai envoyée. Chut ! …le silence. Le pire des silences, à glacer le sang…moi qui en voulait, c’est trop ! Je n’en veux plus…Marie, parles ! PARLES! Non pas ça...pas toi...non s'il te plaît ne me fais pas ça...  

Oh mon Dieu qu’ais-je fait…