CONCOURS "LA PORTE"  

SELECTION OFFICELLE  

Durée: 2h34  

Tout public  

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Il était une fois, dans un pays très lointain, une jeune et magnifique princesse nommée Rachel. Sa beauté était telle que tous les hommes qui posaient les yeux sur elle en devenaient aussitôt éperdument amoureux. Un avantage qu’elle ne cherchait pas à dissimuler, au contraire. Elle s’amusait de tous ces hommes qui devenaient fous autour d’elle, qui lui faisaient la cour et étaient prêt à n’importe quoi pour la distraire. C’était quelque chose qui la faisait rire, mais pas ses parents, le roi et la reine ! Ainsi, filiation royale oblige, ils voyaient d’un très mauvais œil les rassemblements de garçons autour de leur fille. D’autant que dans ce troupeau, très peu étaient digne de leur rang.  

Ils la confinèrent alors dans le château royal, lui interdisant d’en franchir les remparts. Une mesure draconienne afin d’éviter que la princesse Rachel ne fréquente des gens de mauvaise compagnie. Mais aussi vaste, riche et majestueuse que pouvait être la résidence royale, Rachel commença bien vite à s’en lasser. Un ennui profond la suivait partout où elle errait. Un jour, dans la bibliothèque, elle découvrit un livre qu’elle n’avait pas encore lu. Ce livre avait l’étrange manie d’annoncer comme réelles les légendes qu’il contait : une princesse endormie dans un donjon qui attendait un baiser depuis des siècles, une jeune fille du nom de Blanche-Neige qui vivait en compagnie de sept nains, … et une qui, selon l’auteur, se déroulait sous les pieds de la princesse Rachel ! Un monde perdu, dans les profondeurs de la Terre, où l’imaginaire et la féérie d’entant régnait encore et résistait à la platitude et la rationalité de la nouvelle société. Un monde qui pouvait encore s’ouvrir à une personne de confiance, une personne dont les rêveries occupaient encore l’esprit. Un monde dont les portes ne seraient visibles que par une telle personne…  

Rachel était fascinée par cette mystérieuse histoire. Ses parents lui avaient toujours appris à ne pas croire aux rêves et aux contes de fée, mais dans son fort intérieur elle était restée la petite enfant qui écoutait avec passion les récits fantastiques de son vieux conteur. L’histoire qu’elle venait de lire bouillonnait dans sa tête, faisant remonter à la surface son âme d’enfant. Elle décida de chercher la porte de ce monde perdu, le Pays des Pantins.  

En cherchant dans les anciens cachots, elle ne trouva qu’une seule et unique porte de cellule en bon état. Toutes les autres étaient soit tordues, soit troués, ou n’existaient même plus. Les murs de pierre noire suintaient et ruisselaient, rendant le sol glissant. Quand Rachel entra dans la dernière cellule en fonction, elle y découvrit un trou dans le mur du fond. Assez large pour qu’elle s’y faufile, elle commença alors à ramper dans un tunnel. D’abord constitué de terre dure, il était soutenu par des petites poutres de bois un peu plus loin, et entièrement tapissé de pierres à la fin. La princesse déboucha comme dans une clairière. Elle venait de sortir d’un tunnel étroit et sinistre, mais derrière elle se dressait une très dense forêt noir et brumeuse, tandis que face à elle se dressait une imposante porte de bois clair, parée d’or.  

Le cœur battant à tout rompre, les membres fébriles tremblants, Rachel toqua contre l’immense porte. Rien en se produit pendant un court instant, elle recula donc. C’est alors que le battant démesuré pivota sur la droite, laissant une lumière chaude et magique éclairer le visage émerveillé de la jeune princesse. Elle pouvait entrevoir les premiers mètres du Pays des Pantins, et prit conscience de la nature incroyable de ce qu’elle était en train de vivre. Debout sans bouger, pétrifiée par le spectacle merveilleux, elle ne vit pas le petit être venir à elle. Elle ne le vit que quand il lui tira le bas de la jupe pour attirer son attention et la sortir de son étourdissement. Un pantin de bois était à ses pieds, lui souhaitant la bienvenue !  

David, c’était son nom, fit les présentations et l’emmena de l’autre côté des portes, là où l’imaginaire et l’irrationnel dictent aux habitant leur conduite. Plus émerveillée encore à chaque pas, Rachel était aussi amusée par l’absurdité de la chose, illustrée par la démarche maladroite du petit pantin animé. Celui-ci lui fit découvrir son monde, bâti dans les souterrains du château grâce à la magie des rêves. Plein d’autres pantins, issus des meilleurs et des pires spectacles de marionnette du royaume, observaient avec attention la nouvelle venue. Et parce qu’elle était trop plongée dans l’émerveillement de ce Pays, la princesse ne s’était même pas rendue compte qu’elle était elle aussi devenue une marionnette de bois, clopinant derrière son guide. Mais une fois qu’elle en prit conscience, elle fut stupéfaite de ne pas y accorder une quelconque importance. Après tout, elle se sentait très bien comme ça. Un peu petite, mais toujours aussi belle et naïve, toujours guidée par la magie des rêves.  

Maintenant qu’elle était comme eux, les pantins l’invitèrent à souper en leur compagnie. C’était là l’occasion de lui faire part d’un grave problème. Au-delà des illusions féériques du petit village des pantins, il y avait le reste d’un grand Pays. Un pays dirigé par des pantins aux intentions fourbes et mégalomaniaques. L’un de ces tyrans, c’était Icarus. Pièce de musée d’un spectacle antique, il avait développé l’intention de revenir dans le Pays des Hommes, où il avait autrefois prospéré. Mais cette fois, il ne voulait plus n’être qu’une marionnette manipulée et privée de libertés. Il désirait par-dessus tout devenir le maître, que ce soit lui le marionnettiste !  

Des intentions défendables, surtout quand on connait les horreurs qu’on lui a fait subir. Mais ce plan était voué à l’échec face à la force et la barbarie potentielle des Hommes, et risquerait de mettre en péril le petit paradis caché que les pantins avaient établis. Il fallait impérativement que Rachel se fasse témoin de ce que les siens peuvent faire encourir comme danger au Pays des Pantins. Accompagnée de son ami David et de Marie, une courageuse aventurière, elle devait faire entendre raison à Icarus, et le pousser à abandonner son dessein. Mais il n’était pas le seul à faire régner la peur, et en s’aventurant hors du village, ils étaient à la merci de tous les pantins belliqueux et malfaisant…