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Firewolf Production présente
The Voices

- Et celle ci ?  

- L'homme en costume vert olive tendait une énième photo où l'on pouvait voir une jolie maison en crépis blanc au milieu d'un terrain que l'on pouvait deviner assez grand. Le chemin qui menait à la grange sur la droite de la maison était en gravier. Le genre de gravier qui donnait un son d'allée de palais cinq étoiles lorsqu'on roulait dessus. La maison, elle, était plutôt récente. Rénovée il y a 8 ans selon l'agent immobilier. Les portes et les fenêtres étaient en PVC blanc. On aurait pu mettre un joli salon de jardin sur la petite terrasse en face de la maison.  

- Avec un beau terrain pour vos enfants. Lors de la rénovation, les tuyauteries ont été entièrement refaites, aucun problème d'évacuation des eaux.  

- C'est bien ça. Murmurait Lucy.  

- En effet madame, je me permets de vous le préciser et de vous donner ma parole que vous n'aurez jamais un seul problème d'écoulement. Ajouta l'agent immobilier avec un sourire forcé mais qui paraissait sincère.  

- Vous seriez prêt à m'écrire ça noir sur blanc et à le signer ?  

Pendant que l'agent immobilier penchait sa tête sur le côté pour feindre un rire, Lucy donna un coup de pied à son mari pour sa remarque un tantinet déplacée. Après quelques secondes, Scott releva son regard vers celui de l'agent immobilier et avoua  

- Écoutez, je suis désolé mais aucune de vos maisons ne correspond à notre prix où à ce que l'on cherche.  

- Ce que l'on peut faire, madame monsieur, c'est que je garde vos coordonnées et dès que j'ai une maison qui rentre avec vos critères qui sont votre budget, un petit jardin pour les enfants et une remise à outils pour vous monsieur, je vous contacte de suite ! Je creuse dans mon emploi du temps et on se prend une visite dans la journée si vous le voulez.  

Sentant qu'il allait perdre un client potentiel, l'agent tentait de garder le couple Newton avec la légendaire offre « je vous fait passer devant tout le monde ».  

- Oui, à la limite, si vous avez du nouveau qui pourrait nous intéresser, appelez nous.  

- On fait comme ça madame monsieur ! L'agent immobilier se leva et tendit une main franche à Scott qui lui serra poliment, puis une main plus douce à Lucy, qui fit un grand sourire.  

Scott et Lucy sortirent de la petite agence immobilière et se dirigèrent vers la Ford Escort familiale garée juste devant l'agence immobilière, une chance de trouver une place si proche.  

 

Sur la route qui menait à l'école primaire municipale, Scott et Lucy reprenaient les maisons qu'ils avaient vues. A chaque maison, Lucy énumérait les petits avantages, et à chaque maison, Scott lançait un inconvénient éliminatoire. Au bout de dix minute de pourparlers, Lucy abandonna et s'enfonça dans son siège et poussant un soupir.  

Elle voulait déménager le plus vite possible. La banque avait accepté un prêt de 125 000, les deux enfants étaient préparés et s'attendaient à partir de l'appartement moisi qu'ils habitaient depuis toujours. L'appartement de la famille Newton était à l'avant dernier étage d'une tour de 8 niveaux. La cité East IV, en plus d'être la plus mal famée des environs, était la plus vétuste. Construite dans les années 1980, seul un immeuble a été rénové, et par rénovation, on parle d'un coup de peinture sur les plus gros tags.  

L'appartement de Scott et Lucy était sombre et humide. De l'eau suintait sur les murs de la chambre des gosses et tout les mois, Scott devait se rendre en catastrophe aux urgences du centre médical de la région parce que le petit Jim était prit d'une crise d'asthme et malgré les inhalateurs pourtant efficaces, le petit bonhomme de 6 ans toussait et s'étouffait jusqu'à manquer d'oxygène et parfois s'évanouir.  

Lucy voulait à tout prix quitter cet endroit. Ça faisait déjà des années, depuis la naissance de Judy qui avait aujourd'hui 9 ans, que Scott et Lucy voulaient partir de cette prison.  

 

- On pourra pas rester éternellement à l’appart ! On s’était mis d’accord ! On avait dit qu’on partirait ! Lança Lucy d’un ton exaspéré.  

- J’ai autant envie de me barrer de ce trou que toi. Mais si c’est pour s’emmerder avec 3 ans de travaux ou faire un crédit sur 35 ans, très franchement…  

- La résidence à vendre près de Willmon Valley a été retapée y’a pas 2 ans et en faisant un crédit sur 20 ans c’était largement suffisant !  

- Willmon Valley… Soupira Scott  

- Quoi Willmon Valley ? Qu’est ce qu’il y a à Willmon Valley ?  

- Willmon Valley ! C’est implanté à 500 mètres de la station d’épuration ! Il te l’a pas dit ça, le clown verdoyant !  

- … Le clown verdoyant ?  

- … Il était vraiment laid son costume. Pendant le dernier quart d’heure, je me demandais si c’était pas pour un pari qu’il portait ça.  

Scott rigola de ce qu’il venait de dire et jetait des petits coups d’œil vers sa femme pour voir si elle suivait, et bien sûr, c’était le cas. Comme a chaque fois, elle remontait le revers de sa main contre sa bouche, rigolait tout doucement et au bout de quelques secondes, lui lançait un « Ce que t’es bête ».  

- Quoi qu’il en soit, je ne veux pas qu’on emménage n’importe où sous prétexte de vouloir partir à tout prix d’East IV  

 

 

Quatre jours plus tard, Scott reçu un appel de l’agent immobilier. Soit disant la perle rare, une maison qui correspondrait parfaitement avec leurs attentes. Le couple prit rendez-vous pour visiter la maison.  

La maison était à dix minutes de l’entrée de la ville, en direction de la forêt de Windstorm, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’environnement était d’un calme religieux. La maison surplombait une vaste prairie en dénivelé où tout au bout se dressait la polluante New Sanderbrock.  

Scott gara la Ford en face du garage, comme il l’aurait fait s’il était chez lui. Il sortit de la voiture, les yeux émerveillés. Il ne se doutait pas qu’une telle baraque pouvait exister dans la région. L’agent immobilier n’avait pas menti. Le garage était immense, et sur le côté de la maison se dressait un abri de jardin. La maison avait l’air ancienne, mais l’expérience, ça a du bon. Un coup de ponçage sur ces volets, couche de peinture et c’est flambant neuf.  

- On veut entrer pour voir ! Lança Scott d’un enthousiasme non dissimulé.  

Lucy le tira par la manche lui demandant de se calmer.  

L’agent immobilier ouvrit la majestueuse porte d’entrée, dont le vitrail central laissait entrevoir un intérieur luxueux. Le salon était majestueux, immense. Les cris des enfants résonnaient joyeusement. Scott n’avait pas lâché son sourire depuis qu’il était arrivé. Sa femme n’en avait pas décroché un seul. Les vieux murs, elle avait déjà donné, et les gosses avaient suffisamment trinqués. L’escroc avec toujours le même costume vert olive argumentait sur les quelques rénovations qui réduisaient considérablement l’humidité ambiante. De plus la cheminée centrale blablabla… Lucy n’écoutait déjà plus et regardait avec inquiétude les alentours. Chaque nouvelle pièce la mettait mal à l’aise. Scott se voyait déjà chez lui.  

De retour dans le grand salon, Scott gardait toujours son sourire imperturbable. Les rôles s’inversèrent et Lucy tenta de trouver l’inconvénient majeur de la bâtisse. Le prix était plus qu’abordable, l’humidité n’était présente que dans les quelques pièces inutiles et les murs avaient résistés aux intempéries depuis des décennies. Et puis, Lucy qui jusqu’à présent fuyait du regard l’environnement, posa ses yeux sur ceux de son mari, qui n’avait pas quitté son sourire idiot depuis dix minutes. Les enfants qui criaient en jouant ramenèrent Lucy sur terre et, connaissant la réponse qu’allait donner Scott, elle lui demanda si cette maison valait le coup.  

 

 

Le camion de déménagement repartait sur le chemin poussiéreux sous les yeux de la petite famille. Le garçonnet balançait son bras dans les airs pour dire au revoir. Scott se retourna et admira avec toujours la même passion sa demeure. Lucy et les enfants étaient déjà rentrés pour déballer les dizaines de cartons. Scott, quant à lui alla faire un tour dans la remise.  

- Génial… Le service de maman est foutu…  

Lucy récupéra un carton vide pour y jeter les morceaux de porcelaine aux motifs fleuris. Les enfants à l’étage jouaient bruyamment mais elle laissa faire. Habitué au petit appartement, tant d’espace l’effrayait et les cris de ses enfants la rassurait. Scott rentra en courant dans la maison, faisant sursauter Lucy qui se coupa le poignet avec un des morceaux d’une assiette écrasée.  

- La remise ! L’ancien proprio a laissé tout ses outils !  

- Non mais regarde ! Hurla Lucy. Avec tes conneries je me suis coupé !  

Les enfants hurlaient de plus belle à l’étage.  

- Jim ! Judy ! Vous vous calmez de suite ! Aboya Lucy.  

Son mari la regarda, plus qu’étonné. Avant de ramasser les derniers morceaux du service de table, puis de lui proposer de brefs soins pour sa coupure. Lucy refusa et parti à l’étage.  

Le soir, l’ambiance était beaucoup plus agréable. Scott s’était excusé, sans trop savoir de quoi, et Lucy avait passé une majeure partie de l’après midi avec ses enfants. Les échanges vocaux résonnaient dans la maison encore vide en même temps que la télévision dans le salon.  

Les enfants, exténués d’une grosse journée s’endormirent rapidement, Scott alla s’allonger dans le lit et bouquiner et laissa Lucy s’atteler à une partie des déballages de bibelots en tout genre. Elle entendit son mari l’appeler. Elle quitta le salon pour monter à l’étage.  

En plein jour, elle n’avait jamais remarqué à quel point cet escalier avait quelque chose… d’inquiétant. Elle resta immobile quelques secondes avant un rappel un peu plus agacé de la part de Scott. Elle monta deux par deux les marches de l’escalier et entra dans la chambre. Son mari leva les yeux de son roman et la regarda, puis, au bout de quelques secondes lui demanda ce qu’elle voulait. D’abord étonné, elle lui demanda s’il l’avait appelé, celui-ci répondit de tout le sérieux du monde par la négative. Lucy s’emporta et redescendit bouder, à contre cœur, au rez-de-chaussée, retraversant l’escalier, avec une ridicule appréhension de ce qu’il pourrait avoir en bas.  

 

La cafetière assourdissante réveilla Lucy. Les légers rayons de l’aube l’aveugla quelques secondes. Elle s’était endormie sur le canapé.  

- Je te sers un bol ?  

Lucy accepta la proposition de son homme. Rares étaient les fois où Lucy acceptaient d’adresser un mot à Scott après une nuit sur le canapé. Mais cette nuit inconfortable n’était peut être pas dû à une engueulade. Lucy aurait peut être même préféré dormir près de Scott. Cette maison lui foutait la frousse.  

- ...et apparemment, l’ancien proprio avait l’intention de couper son bois de chauffage lui-même, il y a une hache ma-gni-fi-que et toute neuve dans la remise !  

Scott n’avait que sa remise dans la tronche depuis qu’ils avaient emménagés. Les gosses descendaient de l’étage dans un boucan pas possible. Par miracle, ils voulurent aller jouer dehors.  

- Mais n’approchez pas de la remise hein !  

Mais ferme-la avec ta remise.  

Le téléphone sonna. Lucy se leva et alla décrocher sous le regard simplet de son mari mâchant une trop grosse bouchée de pain tartinée de confiture aux fraises.  

Elle porta le combiné à son oreille.  

- Alors ? Ils ont activé la ligne ? Demanda Scott, la bouche pleine, ponctuant chaque mot par un postillon de confiture  

Lucy lui répondit qu’ils devraient être en train. Si le téléphone a sonné, ce n’était pas par l’opération du Saint Esprit idiot .  

- Ha ?... J’ai rien entendu. Marmonna le bouffeur.  

Sûrement le bruit de ta connerie qui couvrait les sons ambiants.  

- Je vais prendre ma douche. Lanca Lucy d’un ton glacial.  

- Le gel-douche est dans le carton « Salle de bain 2 » !  

Ta gueule  

Même cette salle de bain était glauque. Les murs d’un blanc voulant faire croire au propre. Ces carreaux aux joints étincelant. Trop propre pour être naturel. L’évacuation d’eau faisait un bruit de vieille tuyauterie moyenâgeuse.  

Refait à neuf, mon cul.  

Lucy ne dit mot de la journée. Elle restait assise, le regard parfois vague, parfois fixant haineusement son mari, le regarder heureux dans sa nouvelle maison.  

Marre-toi connard…  

Et ces putains de gosses qui ne savent que hurler dans cette putain de maison de merde. Et l’abruti de simplet qui repartait avec son idée fixe et foireuse d’aller couper du bois pour l’hiver.  

Je vais te la mettre en travers de la gueule ta putain de hache… Ta putain de hache…  

Lucy se leva et prit les clefs de la remise.  

 

 

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Réalisation : Mad Turner  

Casting  

Raoul Salmon : Scott Newton  

Stephanie Glass : Lucy Newton  

Nathan Lee : L'agent immobilier  

Jessica Bremner : Judy Newton  

Raoul Glau : Jim Newton  

 

Durée : 2h19

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'horreur de Mad Turner

Raoul Salmon

Stephanie Glass

Nathan Lee

Jessica Bremner
Avec la participation exceptionnelle de Raoul Glau, David Hemmings
Sorti le 21 février 2015 (Semaine 529)
Entrées : 15 727 461
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