Depuis combien de temps suis-je ainsi, à genoux dans cette pièce plongée dans la pénombre ? Plusieurs heures, à peine quelques secondes ? Je ne m’étais jamais évanouie de ma vie. Ce n’est pas qu’une simple déchirure, c’est un coup de griffe dans le souvenir.  

Si j’étais ici depuis très longtemps, quelqu’un, dehors, se serait inquiété. Et puis, j’étais debout devant le lavabo, je me lavais les mains. Ma main droite, que je ramène contre ma joue, est encore humide.  

Le sol carrelé de noir et de blanc ondule comme l'eau à quelques centimètre de mes yeux.  

J'ai mal à en mourir.  

Je ne suis pas morte.  

Mes souvenirs sont floue.  

Ca y est je me rappelle, j'ai pensé au fait que je n'ai jamais vu la mer. Quand, pourquoi, je n’en sais rien.  

J’ai mal, je souffre.  

Noir, Rouge, tout se confondait dans son esprit. Noir comme ce qui m’a accueillit et qui habite encore mes souvenirs. Rouge comme cette substance qui coule le long de ma main.  

J’ai comme une illumination. Mes souvenirs semblent se dénouer entre eux, je revois cette scène, ces bruits, cette silhouette… Je me revois poussé en arrière.  

Je ne suis pas folle, quelqu'un, quelque chose s'est jeté sur moi…  

Je ne suis pas allongée sur le sol, mais à genoux, la fournaise de mon bras gauche contre mon ventre, pliée en deux sur la douleur que je voudrais retenir et qui envahit mes épaules, ma nuque, mes reins.  

Je ne me rappelle pas avoir enlevé mes lunettes. Elles ont dû tomber quand on m'a tirée en arrière. Je ne suis pas folle, quelqu'un, quelque chose m'a tiré en arrière. Il faut absolument que je retrouve mes lunettes.  

Tout en restant à genoux, je tâte le sol à la recherche de ces maudites lunettes. Elles étaient là, à quelques mètres de moi.  

Myope comme je suis, elles me sont indispensables.  

Tout devient plus net à présent, je suis chez moi, je reconnais le sol carrelé de noir et de blanc de ma cuisine. Tout est bien en place, tout, sauf cette femme gisant sur le sol. Qui est-elle ? Je ne sais pas, du moins j’ai oublié…  

Elle est inerte sur le sol. Je m’approche lentement d’elle. Rien, pas un murmure, pas un souffle, elle est morte…  

J’entends une sirène, la police… Mais qui les a prévenu. Peut être est-ce moi avant que je m’évanouisse. Ou bien c’est elle…  

Que fais-je faire. Comment expliquer ce que fait cette femme, gisant sur le sol et baignant dans son propre sang, chez moi.  

Si les choses tournent mal, qu’on m’arrête, je devrai fournir un alibi, une explication, c’est par là qu’il faudra commencer.  

Ce ne sera pas tout à fait la vérité, mais je parlerai longtemps, sans reprendre haleine, avec des sanglots dans la voix, je serai la victime naïve d’un rêve à quatre sous. J’inventerai n’importe quoi pour faire plus vrai : des crises de dédoublement de la personnalité, des grands-parents alcooliques, ou que je suis tombée d’un escalier étant petite. Je veux écœurer ceux qui m’interrogent, je veux les noyer sous un torrent de sirupeuses inepties.  

Je ne peux pas leur dire que mes souvenirs ont disparu. Au fond de moi, je sais que je n’ai pas pu le tuer. J’en suis incapable, du moins je l’espère…  

**************************************************************  

Le célèbre réalisateur Daniel Whittall revient avec sûrement son dernier film. Il met en scène une jeune femme, Rose (Victoria Fitch) accusée du meurtre de Maria Penter (Rose Buxton) dont elle est totalement innocente. Ayant perdu la mémoire, elle se noit dans ses menssonges. Son seul allié, John O'nor (Barclay Wryn) un flic qui va tenter de comprendre ce qui s'est vraiment passé. Pour cela il devra défier son superieur (Logan Troughton) préssé d'en finir avec cette histoire.