Samedi soir, 2h35 du matin, dans un recoin sombre des quais de Seine, en face de la place Saint Michel : Il fait beau et chaud, c'est une belle soirée d'été et les jeunes s'amusent, là haut, sur la place. Moi, je travaille. Je m'appelle Jean Durand (Grant Maher) et je suis journaliste. Je fais un reportage pour une grande chaîne sur la drogues et les jeunes. De plus en plus de jeunes consomment des drogues dures et ce n'est plus réservé aux gosses de riche qui s'ennuient. Alors, je cherche des témoignages, espérant que mon documentaire me permettra une promotion. Peut être présenter la météo, c'est déjà un grand pas.  

J'ai commencé mes recherches au commissariat. Les flics sont les premiers à côtoyer les drogués, quand ils les ramassent lors de leur ronde. Le bleu à l'accueil m'a dit que je pourrais en trouver sur les quais de Seine, là ou se retrouvent les dealers et leurs consommateurs. Estelle (Laura Landers), une camé qu'ils ramassent presque toutes les semaines, sera sûrement là. Alors, je me retrouve là, un samedi soir, à fouiller les recoins sombres pour trouver Estelle.  

Je m'attendais à trouver une femme d'une trentaine d'année, véritable loque, et je me retrouve face à une jolie jeune fille. Elle a l'air d'être à peine majeure, 19 ans au grand max. C'est fou ce qu'elle me rappelle ma sœur, Ludivine. Quand je m'approche, accompagné de mon caméraman, elle a un mouvement de recul. Elle a peur, peur de moi? Je lui explique le sujet de mon reportage et lui demande si elle veut bien nous accorder quelques instants. Elle hésite un moment, puis hoche la tête. Mais pas ici.  

Elle nous amène un peu plus loin sur les quais, dans un endroit bien en vue. Comme si elle voulait être sûre qu'il ne lui arrivera rien. Elle nous fait signe que nous pouvons commencer. Après quelques réglages nous commençons l'interview.  

Elle s'appelle Estelle, a 20 ans et est dans la rue depuis 2 mois. Ce qui est étrange, c'est qu'elle parait bien. Des vêtements propres et neufs, du maquillages. Dans la rue, on la prendrait pour une étudiante normale. Elle est tombée dans la drogue il y a 6 mois des suites d'un évènement personnel. "Lequel?" Elle ne veut pas le dire. Alors, je lui demande ce que pensent ses parents de tout ça, s'ils sont au courant. Elle s'interrompt alors, et me regarde droit dans les yeux. On ne décèle aucune colère, aucune tristesse sur son visage, mais de la peur. "Je n'ai plus de parents, dit elle". "Je suis désolé, il sont morts?". Elle commence à paniquer : "Je n'ai pas de parents! Vous n'avez pas d'autre question?".  

Ne voulant pas insister, je passe à autre chose. Je lui demande alors comment elle a commencé. Mais, Estelle est ailleurs. Elle ne semble plus m'écouter. Elle tremble, et en bougeant, je peux voir son avant bras gauche. "Filme, Thomas, filme ça". Le bras est couvert de trous laissés par les aiguilles. Elle a l'air bien accroc la petite! C'est fou ce qu'elle ressemble à Ludivine.  

Après quelques minutes passées en silence, elle se lève. "Il faut vraiment que j'y aille! Je ne peux pas rester. Revenez demain, je serais là. Je répondrais à vos questions et je vous présenterais Alain, mon fournisseur." Elle commençe à partir doucement puis s'arrête net : "Vous viendrez n'est ce pas?" Elle regarde autours d'elle paniquée et part en courant.  

Alors, puisqu'il n'y a plus rien à faire ici, Thomas et moi décidons d'aller nous coucher. Pendant toute la nuit, je me retourne dans mon lit, incapable de m'endormir. Cette fille m'obsède. Qui est elle, et quel secret cache t-elle? Le lendemain, à la première heure, nous sommes sur le quai, à l'endroit où nous avons rencontré Estelle. Elle n'est pas là. Nous attendons toute la journée, elle ne vient pas. Sur les coups de 3 heures du matin, un gars nous accoste : "Ne restez pas là, vous attirez le malheur. Déjà Estelle qui a disparu. Ils vont se fâcher." J'essaye d'en savoir un peu plus. Tout ce que j'obtiens c'est qu'Estelle a été embarquée par deux hommes en noir dans une BMW et qu'elle n'est pas réapparue. Services secrets ou mafia, de toute façon elle a des problèmes. Et c'est ma faute! Il faut que je la retrouve.