Un soir d’hiver. Jeanne (Sharon Berry) prépare sa valise avec douleur. Dans le salon de cet appartement qu’elle s’apprête à quitter pour trois mois, le bruit d’un briquet se fait entendre. C’est Marc (Hugo Janssen) qui allume une cigarette. Il est installé dans son fauteuil, un verre de vin rouge près de lui. Il refuse d’assister à ce spectacle qui le touche de l’intérieur. Il aime Jeanne mais il doit accepter l’idée de son départ. Et ce n’est pas pour des années ou pour l’éternité, ce n’est juste que pour trois mois. Le silence pèse dans cet ensemble.  

Jeanne est une brillante journaliste. Elle officie pour une radio nationale. Marc, lui, est un auteur reconnu de tous pour son style percutant et ses opinions. Entre ces deux personnes, un amour qui dure depuis déjà cinq ans. Ils se sont connus lors d’un séminaire d’un grand parti politique, elle faisant un reportage sur ce meeting et lui étant l’invité d’honneur du parti. Entre eux deux, un échange de regard, un petit mot et une longue passion dévorante tout au long de cette première. Et depuis, c’est l’amour fou si l’on peut appeler cela comme ça. Car ils ont souvent eu des hauts et des bas (comme tout couple vous me direz), des bas par les rumeurs de liaison extraconjugale avec Jacques (Janik Lassek), animateur vedette de la matinale de la station mais aussi la supposée relation entre Marc et son attaché de presse Barbara (Victoria Coloff).  

L’ambiance est toujours pesante. Jeanne n’arrive pas à faire sa valise sans s’empêcher de pleurer. Elle repense à toute cette histoire, un peu comme si celle-ci se finissait aujourd’hui. Elle s’imagine son compagnon dans les bras de cette femme. Elle n’arrive pas à s’enlever cette mauvaise image de sa tête. Lui espère son retour, espère qu’elle ne partira finalement pas, que ceci n’est qu’un mauvais rêve, qu’il va se réveiller mais la réalité le rattrape quand 4h sonne. L’heure approche à grand pas.  

Jeanne n’a jamais accepté de partir ailleurs que dans la région. Et on comprend pourquoi quand on sait qu’elle seule arrive à parler de la région, de ses événements, de ses joies, de ses peines. Tout le monde la connait, du simple paysan sur qui elle fera un reportage avec émotion et simplicité au président qui craint à chaque fois la question « coupe-gorge ». Mais cette fois-ci, elle n’a pas eu le choix. Elle doit couvrir la matinale dans le sud. Une promotion qu’elle a longtemps hésité à accepter. Car l’amour du métier n’est rien à côté de l’amour pur. Elle en a longtemps parlé avec Marc, pesant le pour et le contre. Elle a finalement accepté car elle sait que Jacques ne rempilera pas la saison prochaine.  

La valise est prête. Elle s’habille avec lenteur, enfilant son manteau, mettant son foulard en soie qu’il lui a offert lors de son anniversaire. Elle s’approche de l’entrée. Il reste immobile, se perdant dans ses pensées. Il n’ose pas lui dire ce simple « au revoir » qui lui fait si mal. Elle s’en va, ne voulant montrer son chagrin à celui qu’elle aime. La porte se referme. Il pleure de douces et chaudes larmes. Il se lève, et va vers cette chambre qu’il va habiter seul. Sur la commode un mot. Il l’ouvre et découvre « Promets-moi que tu m’attendras, car je vais garder tout mon amour pour toi et je serai bientôt de retour à la maison… » L’émotion le submerge. Il ne peut plus se retenir. Il enfile son parka et part de cet appartement.  

Il attrape un taxi pour aller dans une direction inconnue. Il bafouille une destination mais le chauffeur comprend parfaitement où il veut aller. Il fait au plus vite pendant que Marc se remémore tous les bons moments qu’il a passé avec Jeanne. Il reçoit un message. « Quand je partirai, tu me manqueras et je penserai à toi chaque jour et chaque nuit… » Il ne peut plus s’arrêter. Il arrive à cette destination, celle qu’il voulait. Il court comme il n’a jamais couru. Il cherche parmi la foule. Il aperçoit ce qu’il cherche. Il court, court encore. Sa proie se fond dans la masse, une masse en mouvement pour attraper ce tas de ferraille. Il arrive à l’attraper au vol, la retournant violemment, la regardant les yeux remplis de larmes. Il l’embrasse en lui chuchotant « je te le promets… » Une déclaration d’amour sur un quai de gare.