Malek Ouasetine et Riri2 font le point sur PRNA : une interview exclusive.
Production Riri3 et Neveu Associé (PRNA) avait annoncé lors de la publication de son bilan d’activité pour l’année 2012 que son P-D.G, Malek Ouasetine, et son directeur artistique, Riri2, feraient le point sur les projets et les perspectives de PRNA en ce début d’année 2013.
Touché par un mouvement de grève d’une partie de ses salariés (septembre – décembre 2012), critiqué par certains producteurs par son incapacité a produire des films rapidement ainsi que par les prises de position de Riri2 sur le paysage cinématographique de Gérard Merveille, l’éclairage de la situation de PRNA par Ouasetine et Riri2 dans cette interview est précieux.
Nous les avons rencontré dans un bar de GM. Attablés devant deux verres de Chinon : Malek était plongé dans un cahier où il écrivait compulsivement tout en griffonnant des plans de séquences ; Riri2 lisait le Manifeste du surréalisme d’André Breton en fumant un cigare.
Q – Bonjour, je ne vous dérange pas ?
Riri2 – Un peu. Vous me coupez dans ma lecture d’un passage sur l’écriture automatique. A cause de vous, je vais oublier ses principes et ne pas pouvoir donner les tuyaux à Malek qui ne s’en sort pas pour bâtir son scénario !
(rires)
Q – Je suis le journaliste indépendant que vous avez demandé pour réaliser l’interview. A priori, vous n’avez guère apprécié l’indiscrétion de Flash Merveilles à propos de votre premier film, Malek…
Malek Ouasetine – (le coupant) Ce n’est pas vraiment la bonne question. Disons que nous avons trouvé le procédé affligeant de bêtise puisque ces grattes papiers auraient eu l’information le lendemain. Vous savez, la confiance est quelque chose d’important à PRNA.
R2 – Et puis de quoi vous plaigniez-vous ! Grâce à ça, vous voilà. Vous allez enfin pouvoir faire la preuve de vos talents de journaliste. Peut-être allez vous être embauché chez
Le Freux !
(rires)
Q – En ce moment, on parle beaucoup de PRNA. Mais pas vraiment pour ses projets de films. N’est-ce pas un signe de crise de croissance pour PRNA qui se trouve engluer dans de multiples polémiques ?
MO - Une crise de croissance ? Disons plutôt une difficulté interne à choisir clairement une voie artistique, un rythme de sortie. Vous savez, la démocratie dans le domaine de l’art est difficile. Cependant, cette difficulté n’a pas vraiment de rapport avec ce que vous nommez l’engluement dans les polémiques…
R2 – Et puis surtout, c’est le mécanisme même des informations que vous, journalistes, vous retenez et transmettez au public. Toutes les sociétés de productions de GM doivent faire face à des polémiques. Sans doute que PRNA est moins à l’abri pour les contrer du fait de son fonctionnement mais aussi par le fait que nous ne sortons pas sur les écrans un film par mois qui permettrait de détourner l’attention.
Q – Reprenons-les. Les déclarations de Riri2 à propos de sa vision de la qualité du cinéma de GM ont fortement déplu à certains producteurs qui ont trouvé gonflé de parler d’un « ronron monotone » quand PRNA ne propose que peu de films…
R2 – Remettons d’abord cette déclaration dans son contexte. Il s’agit de propos qui s’insère dans ma critique de
Disney Murder de Prod’Artaud. J’ai simplement affirmé que c’est grâce à des films de ce genre qui fait réagir la communauté des producteurs de GM que l’actualité cinématographique de GM ne s’enferme pas dans un ronron monotone. L’annonce de
Simulation de crise par Prod’Artaud le démontre par ailleurs.
Q – Projet où vous faîtes une apparition…
R2 – Effectivement. Rrose Sélavy m’a proposé de jouer le braquemart de services… ou plutôt de sévices ! J’avoue qu’outre le plaisir procuré de partager avec Rrose Sélavy un projet qui lui tient à cœur et donc être digne de sa confiance, braquer
Ludivine Dondon ou
Nikolas Morcar est des plus jouissif.
Q –
Simulation de crise chez Prod'Artaud fait déjà scandale. Quelle est la position de PRNA à ce sujet ?
MO – Il n’y a pas pour l’instant de position commune. Je n’ai pas vu ce projet et pour l’heure je ne me prononce pas sur la thèse de Prod’Artaud, celle de dénoncer la politique de certains voué au star système, à l’alignement de 0 sur un compte en banque, à l’étalage de bénéfice comme indice de réussite, par un projet qui coûte 77 millions de $.
R2 – D’ailleurs, je ne croit pas que Prod’Artaud veuille un avis sur ce projet. Il souhaite plutôt avoir une position de chaque producteur sur ce qu’il dénonce. Et donc des actes. Je pense que ce débat est salutaire. Ainsi, plutôt que de réagir immédiatement avec des mots imparfaits, nous préférons affirmer notre point de vue sur le sujet par des actes.
Q – Parmi ceux-ci, une prise de participation financière chez Prod’Artaud qui est le retour de sa prise de participation dans le capital de PRNA. Nous aimerions en savoir plus sur les projets en commun entre vos deux sociétés évoqué par Marcel Duchampignon.
R2 – Tout simplement qu’il y en aura !
MO – Et qu’il y a déjà eu.
Dernière lueur avant la nuit est bien un projet en commun puisqu’il s’insérait dans le projet
« Utopie et fin du monde ». La question sur laquelle nous allons travaillé avec Prod’Artaud est comment symboliser nos échanges culturels et par delà une vison commune sur l’utilité du cinéma malgré nos deux démarches qui ne peuvent se confondre.
R2 – Et puis, il y a toujours ce projet personnel dédié à Rrose Sélavy : explorer l’illusion de la réalité, de la vérité, en prenant comme support les sphères médiatiques dominantes. J’ai revu le ton du scénario : on veut que ce soit réellement un hommage. Donc ce sera jouissif, un combat contre la contre-utopie mené par un homme solitaire. Il y aura donc de l’hémoglobine, des situations burlesques, des références au monde qui nous entoure. Ce sera un film coup de boule à l’instar de ceux de Prod’Artaud.
Q – Est-ce vrai que vous allez le réaliser ?
R2 – Si il n’y a pas d’autre alternative…
Puisqu’à l’heure actuelle aucun producteur ne veut tourner cette histoire. Certains demande des sommes astronomiques et en plus pour modifier l’histoire… Qu’il aille se faire mettre !
Whitney Lassek qui a réalisé
Stabat Filius était d’accord mais il s’est évaporé dans la nature… On verra donc.
Mais je rappelle pour l’instant que je n’ai pas reçu d’habilitation comme réalisateur puisque certains ont
censuré ma candidature.
MO – Ca prendra le temps qu’il faudra, mais ça se fera. Riri passe beaucoup de temps là-dessus et il a ma confiance et donc l'entière liberté de ton que lui permet son statut au sein de PRNA.
Q – On vous sent en symbiose sur votre vision du cinéma. Néanmoins, deux réalisateurs, deux scénaristes à la tête de PRNA, cela ne risque-t-il pas de déboucher sur des conflits néfastes pour PRNA un jour ou l’autre ?
R2 – Voyons ! Pour l’instant, il n’y a que
Malek qui passe derrière la caméra et qui écrit.
MO – Nous sommes dans deux registres différents pour l’instant. A PRNA, je m’occupe de la présidence ; Riri assume nos choix artistique et est notre prote parole sur ce que nous pensons des films des autres producteurs. En tant qu’artistes, j’ai écrit le scénario du diptyque de Demetra Reyes et je tourne en ce moment mon premier film ; Riri déniche des projets et a orienté l’écriture de
Pulpeuse,
Théâtreuses et de
Dernière lueur avant la nuit.
R2 – Bref, on ne se marche pas dessus !
Q – Revenons en a votre actualité Malek. Le diptyque de Demetra Reyes tourné au début de l’année 2011, vous l’annonciez sur les écrans en mars 2012. Récemment, on a connu le titre de ce diptyque : Verté (recto) / Verté (verso) et une sortie au printemps 2013. Cette annonce sera-t-il la bonne ?
MO – On l’espère. Car en fait, ce qui s’est passé est assez simple. Demetra a tourné pour nous un drame qui prend pour décor une histoire de pendaison dans un camping et l’enquête un an plus tard pas un détective privé. Après moult discussions avec Demetra, on a repris l’histoire pour en faire deux versions qui donne un point de vue différent sur une question qui nous semblait intéressante :
« L’homme est-il bon par nature ? Quelle est la conséquence de la société, du collectif sur lui ? »
R2 – Une vraie réflexion sur l’avant-garde du prolétariat (sourire)
MO – Bref, on a donc monté deux versions. Les oppositions d’une partie de l’équipe artistique ont bloqué la sortie de ce projet. Et puis Demetra est décédée en janvier. Et on vient d’apprendre que c’est son mari qui est le seul autorisé à donner son accord pour l’exploitation de ce film…
R2 – Ce qui n’est pas gagné puisque ce dernier n’est pour l’instant pas d’accord sur le montage…
MO – Et ce a cause d’un contrat que nous avions signé à l’époque… Quoi qu’il en soit, on espère ne pas tomber dans le juridique et de trouver un accord avec
Ron Reyes qui est également réalisateur à GM.
The Wolf de Firewolf pour qui Ron a réalisé
A la poursuite du Flushblush nous sert d’entremetteur
R2 – Pour une fois que la cause d’un retard n’est pas du au mode de fonctionnement interne de PRNA (rires)
Q – Flash Merveilles a donc dévoilé le nom de votre premier film derrière la caméra - L’aube du crépuscule - ainsi que le fait que Sophie Fonsec tiendrait le premier rôle. Pouvez-vous nous en dire plus ?
R2 – Peut-être d’abord que l’annonce du premier film de Malek n’a suscité aucune réaction des autres producteurs. Après, ces grattes papiers de
FM on trouvé malin de dévoiler que
Le retour n’était pas le vrai titre. Nous, nous trouvons plutôt rigolo qu’aucun producteur n’a vu qu’on se moquait de certains qui attendait de pied ferme un film de PRNA en critiquant nos incessants reports dans les sorties. Nommer un film
« Le retour » était une moquerie envers eux, de l’humour…
MO – Remarques, sans doute que notre humour est mauvais puisqu’il n’est pas compris !
R2 – Ah oui ! Je n’y avais pas pensé !
(rires collectifs) De toute façon, c'est la faute à Emily Decroix incapable de gérer notre communication (
fou rires)
MO – Pour en revenir à
L’aube du crépuscule – qui n’est qu’un titre provisoire -, effectivement Sophie Fonsec tient le premier rôle féminin.
Je l’ai redécouverte dans une pièce de théâtre intitulé
Ventres glacés où elle incarnait le rôle d’Annie. Faut-il rappeler que Ventres glacés est un film communiste co-écrit en 1932 par Bertolt Brecht ? Bref, en discutant avec elle, je lui aie proposé de faire des essais pour un film. Et c’est là que j’ai appris qu’elle avait tourné 9 films pour General Pictures Product en 2008. Depuis, elle n’a pas vraiment tourné. Son dernier film est un second rôle dans
Le peuple serpent de Cooran Movie dans la saga
« Civilizations » qui date déjà de mars 2011.
Bref, elle m’a semblé parfaite pour incarner le rôle d’une femme fatale qui va foutre un sacré bordel dans la vie d’un ancien peintre en décomposition sociale…
L’aube du crépuscule est centré sur un thème peu novateur dans le cinéma : un couple qui ne marche plus, un homme à la dérive qui s’éprend d’une femme d’un autre. Ce que je veux réussir c’est un film sombre, dramatique où a cause des désillusions, l’homme ne peut échapper à sa condition, et être surtout incapable de se relever, de se reconstruire.
Q – Ce carnet où vous griffonner, c’est le scénario ?
MO – Oui. En un sens. En fait, c’est plutôt comment rendre humain, sensible l’atmosphère du scénario. Et ce n’est pas évident.
J’aimerais allez plus loin que
Pulpeuse qu’on avait produit il y a déjà longtemps.
Q – Donc, L’aube du crépuscule sera le premier film de l’année 2013 pour PRNA ?
R2 – Oui. On table pour une sortie entre mars et avril.
MO – Plutôt avril.
R2 – Si tu veux. Mais je sens que ce que je vais te dire sur l’écriture automatique de ce cher Breton te sera utile pour monter rapidement
L’aube du crépuscule…
MO – J’espère.
R2 – On espère aussi que le diptyque
Verté verra le jour rapidement.
Q – Et pour le reste ? Sur quoi travaille PRNA ?
R2 – Comme on l’a évoqué : sur le film coup de boule autour du thème l’homme est-il corrompu par la masse. Ca devrait être sur les écrans avant la fin de l’année 2013 et ce juste pour égard à Prod’Artaud.
Sinon, on est en contact avec un réalisateur qui aurait
« carte blanche » pour réaliser un polar à Tahiti Puisque Malek a daigné s’en occuper.
MO – Disons que je ne me sentais pas les épaules assez solides pour le réaliser.
R2 – Si tu veux que ce soit la version officielle !
MO – Bref, ce projet est en bonne voie même si on a pas encore signé car le coût du tournage et des cachets est de 2 millions de $. Somme que nous n’aurons qu’après avoir sortie quelques films.
Q – Et de votre côté Malek, en ce qui vous concerne ?
MO – Pour l’instant je me concentre sur mon premier film. Mais j’ai déjà un second scénario de prêt qui pourrait s’intituler effectivement
Le retour (sourire) : l’histoire d’un artiste qui revient dans sa ville natale après l’échec de sa carrière… Un film sombre, une fois de plus.
Q - Comment espérez-vous que sera accueillie votre retour sur les écrans de GM de la part des autres producteurs ?
R2 - Déjà, je pense que cette interview va faire rires certains qui vont affirmer que ces sorties seront décalées dans le temps
(rires)
MO - Je dirais qu'une seule chose aux producteurs s'agissant des films qui vont venir : le temps relativement long qui les sépare de
Dernière lueur avant la nuit - plus d'un an - risque de générer des critiques d'amertumes... où on pourra sans doute lire qu'ils s'attendaient à mieux de la part de PRNA. J'aimerais donc que les producteurs n'oublie pas que nous avons pour l'instant un rythme de production lent et que nos films ne doivent pas être jugé par ce critère. Ou plutôt susciter une attente démesurée.
Q - Une pointe d'appréhension donc ?
MO - Oui. et c'est normal. On sait que c'est en quelque sorte PRNA qui sera jugé lorsque je vais sortir mon premier film.
Q - Dernière question. PRNA a pris une part trés importante pour l'organisation des GM Awards. D'un point de vue artistique, qu'attendez-vous comme reconnaissance pour vos films ?
R2 - Vous savez, PRNA ne sera que peu représenté.
Théâtreuses nous représentera donc pour la catégorie Thriller et
Dernière lueur avant la nuit pour la catégorie polar. Bien sur, nous serions heureux de récolter quelques points. Mais pour la reconnaissance artistique, c'est plutôt les réalisateurs de ces deux films qui sont concernés :
Joan Chussid et
Klaus de la Boulaye
Q - Et pour la catégorie de meilleur producteur de l'année ?
(rires) MO - Soyons sérieux ! Je ne pense pas qu'on soit en course ! En tout cas, ce n'est pas là qu'on cherche une reconnaissance à notre travail...
Q - Merci beaucoup pour nous avoir accordé ce temps et pour vos réponses. On vous sent assez optimiste et plein de projet, est-ce-à-dire que les tensions internes au sein de PRNA appartiennent au passé ?
R2 - C'est que vous êtes coriace ! Une interview ne prend jamais fin avec vous !
Q - En tout cas il n'y a pas de off avec moi ?
R2 - Donc vous continuez d'enregistrer...
Q - Oui.
R2 - Donc, pas de réponse
(rires)
MO - Ne soyez pas vexé...
R2 - Car vous allez l'avoir votre réponse !
La grève est terminé. On a eu deux démissions dans l'équipe artistique pour désaccord avec la politique majoritaire de PRNA.
Reste que Lucette Pariseau fait toujours parti du conseil d'administration et qu'à priori elle n'a pas renoncé a son combat pour orienter PRNA sur une autre voie. Mais nous sommes confiant. Laure Pariseau n'a pas su le faire. Et Lucette n'a pas le même talent qu'elle pour renverser une majorité.
La réponse vous convient-elle ?
Q - Je n'en attendais pas tant. Merci pour votre franchise.
R2 - De rien. Patron ! Vous pouvez nous servir trois plats du jour et une autre bouteille de Chinon !