par Nanoyo » Sam Avr 19, 2014 19:21
Et bien, y'en a eu du débat sur le piratage.
Pour "vivre" dans les nouveaux métiers et les nouvelles formes et formules de l'édition, le piratage offre dans de nombreux cas une voie que se refusent les éditeurs conventionnels. Non pas parce qu'ils perdraient leur travail, mais parce qu'ils devraient modifier leur manière de faire. En d'autres mots, ils se contentent de bombarder les principes de propriété intellectuelle en la modelant de sorte à ce qu'elle les paie mieux, eux, les éditeurs. Pas les artistes.
Morcar, tu sais que j'écris. Je me bats actuellement pour faire valoir de nouvelles formes d'édition, pour diffuser les bonnes informations sur l'auto-publication, sur l'investissement prolifique du gratuit. Car c'est toute la révolution que l'on vit actuellement, il est parfaitement possible de produire un contenu rentable (à hautement rentable) tout en le fournissant gratuitement au grand public. Je prends ici l'exemple de "Hard Corner - le film" qui s'implique dans ces nouvelles méthodes. Bien que le résultat soit de qualité amateur et médiocre (mais il n'avait pas d'autres prétentions) il n'en est pas moins rentable à hautement rentable. Pas le droit de parler chiffre, mais ça m'a troué le cul perso.
On retrouve pareil dans le monde de la littérature avec Julien Morgan par exemple (un ami, je parlerais de ceux que je connais sinon ça servirait à rien) qui propose des textes gratuitement ou à des prix tellement infimes que les gens achètent sans même y réfléchir longtemps. S'il n'en a pas fait son métier principal, ça lui offre un revenu non négligeable et ce sans être passé par les maisons d'édition conventionnelles.
Alors revenons-en au piratage qui est, à mes yeux, moteur d'innovation en matière de partage de données culturelles. Le piratage est à la base de ce que vous avez actuellement entre les mains car il est aussi le désir de se "réapproprier" certaines choses. Les proportions bénéfiques du piratage et du "libre-partage virtuel" sont telle qu'il est inconcevable de se contenter de l'image du voleur pour les individus qui en tirent du profit.
Les supports et les contenus originaux que l'on voit sur le web via les différents sites ne sont que des preuves de tous ces aspects positifs.
Est-il dangereux que ce partage entre dans les moeurs comme une norme ? Peut-être. Je ne nierais pas que sans l'image de "combat" et de "pression" pour gagner une certaine liberté, l'innovation de ce milieu s’essoufflerait très vite. Il serait malsain de légaliser le piratage tout comme il serait malsain de le combattre activement. Mais il existe des formes de piratages effectivement néfaste qui font la promotion d'un commerce tout autant nauséabond. Cependant ces trafics là sont suffisamment expérimentés pour passer inaperçu via des bêtes procédés techniques... les Torrents utilisant un procédé similaire devenant, de ce fait, la cible aussi. Mais soit, c'est un autre sujet.
Alors le téléchargement illégal tue-t-il les artistes ? Les éditeurs ? Les maisons d'édition ?
Les chiffres montrent que la majorité des maisons d'édition ayant un chiffre d'affaire décroissant sont celles qui refusent ou abandonnent le passage numérique. C'est un apparat de "crise" dans le livre que promulguent les 7% de vendeurs papiers touchés contre les 93% gigantesques ventes numériques. (chiffres amazon)
Il y a une certaine mort annoncée pour les libraires dans la pratique actuelle de leur métier, je l'avoue. Mais il y a de plus en plus de demande pour des "espaces" littéraires, des cafés de lecture, des cyber-espace réels et calmes. Un marché au niveau du détachement des écrans aussi... Voilà de nombreuses voies que plusieurs libraires ont comprises, heureusement.
Mais les artistes eux, sont-ils réellement touchés ? Non, le téléchargement leur permet de toucher un TRES large public ce qui permet d'augmenter considérablement la Fan Base. Je n'irais pas dire qu'en téléchargeant on voudra acheter plus facilement, mais en téléchargeant on aura tendance à consommer et tester beaucoup plus fréquemment ce qui induira forcément à l'achat de certains éléments ayant convaincu.
Pour l'exemple, Guild Wars 2 ayant compris cette technique et étant parvenu à me séduire (à l'époque) je n'ai pas hésité à l'acheter pour continuer l'aventure. D'autres nouveaux MMO ont également compris ça et proposent de jouer gratuitement lors des béta-ouverte. Dommage que Steam n'agisse pas de la même manière pour les bétas de jeux indépendants. Je suis obligé de tester Godus en version pirate actuellement pour me faire une idée, et je continuerais de le tester de la sorte jusqu'à ce que la version sorte. Si l'envie est toujours présente, je l'achèterais.
Bizarrement, pour les majors, j'ai bien moins de scrupule. Un jeu comme Assassin's Creed que je n'avais jamais testé jusque là, j'ai pas hésité à l'obtenir en version pirate pour une raison simple : la durée de vie estimée d'un jeu et son aspect renouvelable ou non.
J'y ai joué deux semaines, j'ai adoré, et puis j'ai été au delà de la lassitude. Le jeu a été terminé, désinstallé et ne me procure pas la moindre envie de recommencer.
A l'inverse, d'autres jeux tels qu'Europa Universalis, Crusader Kings ou Victoria (des éditions Paradox Entertainment) font constamment partie de mon panier d'achat.
Voici donc l'exemple que je suis en tant que pirate et de nombreux autres agissent comme cela aussi. Ceux que je connais à ne passer QUE par du piratage illégal le font toujours par manque de moyens.
Enfin, je suis content de voir les avancées "légales" qu'on tend à nous proposer de plus en plus. Pour la Japanimation, par exemple, les procédés de fansubbing (autrefois nombreux et très illégaux) sont repris par les éditeurs japonais qui tendent à proposer leurs mangas en VOST gratuitement pendant une certaine durée. Ca fidélise les viewers et ça leur fournit un bénéfice au delà du Japon lors de la sortie de l'animé, de quoi anticiper bien plus efficacement l'impact international du projet.
Bref, il faut arrêter de diaboliser pour de mauvaises raisons. Je n'ai jamais eu honte de dire mon affiliation au téléchargement et le fait que j'y participe activement. Cependant, dans le milieu, il est notamment très mal vu que l'on demande un contenu indépendant peu onéreux de manière illégale et pirate. Les versions pirates sont, dans ce genre de cas, moins bien traitées car elles n'ont pas les mêmes raisons d'exister que pour les versions des majors.
Je prendrais enfin l'exemple de Skyrim. J'ai acheté le jeu et ne l'ai pourtant jamais installé depuis ma version achetée pour une raison simple : STEAM. Pas pour la société et les principes de steams, mais pour les défaut technique que cela apportait à ce moment là : absence de mods, lags, problème serveur, bugs et ce à cause des demandes de connectivité à steam. Cela a évolué (heureusement) mais cette tendance est toujours suffisamment présente pour gâcher le plaisir de jouer.
Alors soit, je pirate, je télécharge. Mais je préfère tester et sélectionner qu'acheter pour être déçu. Mon dernier achat décevant : StarDrive. Pour le même prix, j'avais acheté Civ IV et V, je joue encore à ces deux jeux là de temps à autre. De plus, ce jeu m'a laissé le goût amer d'une copie de Galactic Civilisation. Rien de neuf, de la redite...
J'agis de la même manière pour les films et la musique. Pour les films, c'est un moyen de voir des films que je ne vois pas passer dans les ciné, de me rattraper sur ceux que je n'ai pas vu et sur les classiques. Mais surtout un moyen d'éviter les déceptions ciné. Lorsque les ciné de quartier existaient encore, j'y étais présent constamment. Leur disparition m'a mené au téléchargement massif, qu'on n'inverse pas les causes. Ce qui tue les petits ciné, ce n'est pas le téléchargement mais les gigantesques complexes.
Pour la musique, encore heureux que ça existe sinon je serais pauvre sans ces mélodies somptueuses que des passionnés m'ont fait découvrir. Je n'aurais pas vécu de superbes concerts et promu gratuitement ces artistes méconnus.
Oh, et n'oublions pas que sans le piratage, je ne serais sûrement jamais venu sur Cinéjeu. Je n'aurais jamais créé de fausses affiches de film. Je n'aurais jamais découvert l'infographisme, la vidéo, l'audio, les webradios (qui étaient pirates à l'origine, rappelons-le), et tout un tas de mouvements qu'on considère comme acquis aujourd'hui et qui étaient autrefois dans le flou juridique.
Les Free To Play sont la conséquence du piratage et s'ils étaient médiocres au départ, deviennent de véritable machine de guerre, même Blizzard s'y est mis.
Bref, tout ça pour dire qu'il serait bon de ne pas cracher sur l'ombre qui légitime l'existence du soleil.
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